3,5 milliards de dollars pour une ligne de chemin de fer au Nigeria

Les compagnies chinoises sont désormais très actives dans la construction voie ferrées en Afrique. Et c’est avec l’appui décisif de leur gouvernement.

Pékin encourage plus que jamais les entreprises chinoises à investir en Afrique.
Pékin encourage plus que jamais les entreprises chinoises à investir en Afrique.

Les capitaux tant publics que privés chinois sont de plus en plus présents en Afrique. Parmi les grosses entreprises chinoises qui envahissent le continent, il y a, c’est le cas de le dire, le groupe China Railway Construction Corp Ltd (CRCC). Cette société a signé, le 27 avril, un contrat évalué à 3,5 milliards de dollars avec le gouvernement de l’État d’Ogun, un des États fédérés du Nigeria.  L’accord concerne la construction d’une ligne de chemin de fer qui reliera les grandes villes de l’État et devrait déboucher vers les États voisins du Nigeria, rapporte l’agence Chine nouvelle.

L’exécution de ce méga projet a été confiée à la China Civil Engineering Construction Corporation (CCECC), filiale du groupe, a révélé le gouverneur de l’État d’Ogun, Ibikunle Amosun, lors de la cérémonie de signature.  Selon lui, « la matérialisation de ce projet stimulera l’économie locale et améliorera la vie des gens.  Les trains permettraient de réduire la pression sur les routes dans l’État d’Ogun. Il était donc impératif d’améliorer le réseau de transport en raison d’une possible ‘augmentation significative’ de la population dans les années à venir ». Le président de la CCECC, Cao Baogang, a déclaré, pour sa part, que son entreprise « offrirait un système de rail de hi-tech au Nigeria ».

À en croire les commentaires de certains Nigérians, la ligne de chemin de fer représente pour le pays de nombreuses opportunités d’emplois. C’est aussi l’occasion de présenter le savoir-faire chinois en termes de réseau ferroviaire qui se démarque des standards de l’Angleterre et des autres pays occidentaux.

« Il s’agit du premier projet ferroviaire international conduit par une entreprise chinoise selon les standards technologiques chinois. Ce projet symbolise la consécration du rêve chinois de présenter son savoir-faire au reste du monde. Cela fait plus d’un siècle que les pays occidentaux s’occupent de la conception, de la généralisation et de l’application des standards du secteur », commente un ingénieur.

Le groupe China Railway Construction Corp Ltd (CRCC) est l’une des grandes entreprises de construction des chemins de fer. Le 6 mai 2014, il annonçait, déjà, la conclusion du contrat de 13,1 milliards de dollars pour la construction d’une ligne ferroviaire au Nigéria.  La signature formelle dudit document est intervenue le 5 mai 2014 à Abuja.

La ligne ferroviaire est prévue sur une longueur totale de 1 385 km pour des trains roulant à 120 km/heure. Cette voie ferrée  devrait relier, Lagos à la ville de Calabar (Sud-est).  Au total, le chemin de fer traversera dix États nigerians, dans sa forme finale.

Le montant du contrat remporté par China Railway Construction Corp Ltd au Nigeria représente environ 13,8 % du chiffre d’affaires réalisé par le groupe en 2013.

Les autorités chinoises n’ont jamais caché leur intérêt pour le marché africain. Lors de sa tournée en Afrique, le Premier ministre chinois Li Keqiang avait affirmé, le 5 mai 2014,  à Addis-Abeba (Éthiopie), qu’il «rêvait de voir  toutes les capitales africaines interconnectées grâce à des trains à grande vitesse afin de renforcer l’intégration régionale et le développement  ».

L’homme d’État chinois avait avancé que son pays disposait des technologies dans le domaine de la construction des chemins de fer et était «prêt à coopérer avec l’Afrique pour transformer ce rêve en réalité ». Avait  annoncé que son pays allait offrir à l’Afrique des financements supplémentaires d’un montant de 12 milliards de dollars.

Selon l’Agence Écofin, les entreprises chinoises ont investi 1,79 milliard de dollars au Nigeria en 2013. Ces investissements ont principalement été réalisés par une quarantaine de compagnies opérant dans les secteurs du pétrole, de l’acier, de l’agriculture et des industries manufacturières.

«Les plus importants investisseurs ont été China National Offshore Oil Corporation, China National Petroleum Corporation et China Railway Construction Corporation», Pékin encourage plus que jamais les entreprises chinoises à investir au Nigeria.

La Chine a renforcé au cours des dix dernières années ses relations économiques et commerciales avec le Nigeria, premier producteur de pétrole en Afrique. Le commerce bilatéral a ainsi atteint 13 milliards de dollars en 2012, contre 2 milliards de dollars en 2002. Plus de 200 entreprises chinoises sont actuellement implantées au Nigeria.

Pékin, selon les dernières données de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a profité de la baisse des investissements directs étrangers (IDE) au Nigéria en raison notamment des cessions d’actifs opérées par des majors pétrolières occidentales telles que Royal Dutch, Shell et Chevron.

Des contrats pour d’autres régions du continent  

Il n’y a pas que le Nigeria qui soit dans la ligne de mire des entreprises chinoises. Le groupe China Railway Construction Corporation est également présent en Egypte.  Au pays des pharaons, il avait annoncé, le 13 avril 2014, dans un communiqué, que l’une de ses filiales avait remporté un contrat de 600 millions de dollars pour la construction d’une ligne de chemin de fer. Le projet consiste à construire deux voies ferrées d’une longueur de 80 km reliant le quartier  El-Salam City à Bilbeis City et Sharqeya, affirme le quotidien égyptien Daily News.

D’après le ministère égyptien du transport, la nouvelle ligne de chemin de fer  devrait contribuer à limiter la pollution et à réduire les embouteillages monstrueux que connaît la capitale égyptienne abritant 18 millions d’habitants.

Les autorités égyptiennes ne peuvent que recevoir avec beaucoup d’empressements, les investisseurs chinois. Le pays a organisé une conférence des investisseurs du 13 au 15 mars dans la station balnéaire de Sharm el-Cheikh, sur la mer Rouge. Le Caire a présenté ses besoins en termes d’investissements. Les investisseurs privés, des États et des institutions internationales ont promis d’injecter un montant global de 72,5 milliards dans l’économie égyptienne sous forme d’investissements et d’aides.

CRCC est également présent dans ce pays.  Le groupe a signé un contrat de 1,93 milliard de dollars pour  la construction d’un grand complexe résidentiel au Zimbabwe.

Le président du conseil d’administration de CRCC, Meng Fengchao, a précisé que tous ces deux contrats constituent «une étape importante dans le processus d’internationalisation» du groupe chinois.