À chaque commune sa tarification

Se marier dans une commune devient un casse-tête pour certains couples dans la mesure où le prix à payer n’est pas le même alors que la délivrance des documents y relatifs restent identiques. 

Un mariage civil à Kinshasa
Un mariage civil à Kinshasa

Le mariage civil n’est plus ce qu’il était à Kinshasa. Après le coût souvent élevé de la dot requise pour le mariage coutumier, les mariés sont encore obligés de puiser dans leurs gibecières pour la reconnaissance civile de leur union. Certaines municipalités réclament jusqu’à 500 dollars aux couples qui désirent légaliser leur union. Alors que d’autres ne demandent que 50 à 70 dollars pour que le mariage soit célébré. L’appât du gain de certains officiers de l’état civil ne facilite pas la tâche à ceux qui sont convaincus que la cérémonie n’est qu’une simple formalité.

Normalement, l’État a fixé à 50 dollars la somme à payer pour couvrir cette manifestation selon un agent d’état civil. Ces frais sont censés couvrir la délivrance de documents officiels tels que l’attestation de naissance, de résidence, de célibat, y compris l’avis de publication, le projet de mariage et l’acte de mariage. À cela, on ajoute des chaises en plastique, des casiers de bière, une bouteille de whisky ou de vin. Cette tarification n’est pas respectée dans la majorité des municipalités. Les couples qui ne savent pas à quel saint se vouer,  déboursent parfois de l’argent pour la location de salle pour ladite célébration. Les frais de cérémonie varient entre 40 et 500 dollars.  En plus de l’enveloppe de l’officier de l’état-civil, la base est de 25 dollars, une  bouteille de whisky, la marque est bien précisée à 50 dollars. Deux  chaises en plastique, deux à trois casiers de bière, mais on peut choisir de les donner en nature ou en espèces. «  Je m’interroge pourquoi on nous demande toujours des chaises du moment où, dans toutes les célébrations les gens restent toujours debout. Où vont les chaises de précédents mariages ? » s’interroge un jeune marié. Dans certaines communes, on demande aussi les frais de sonorisation ou de lumière pour bien agrémenter la cérémonie. En cas de délestage, on demande aux couples de se cotiser pour louer un groupe électrogène avec du carburant. Des pratiques devenues sans doute une source de revenu pour ces bureaux, au grand dam des « victimes ». Ces dépenses parfois improvisées ne plaisent pas toujours aux  mariés dont certains ne cachent pas leur dégout avant, pendant et après la cérémonie. Le comble est que cet argent n’est pas justifié. Il n’y a aucun reçu, ni aucune preuve de paiement.

L’occasion fait le larron

Généralement, la cérémonie de mariage civil se fait de manière collective. Si l’on veut être le seul couple dans la salle, on doit monter les enchères selon la tête du bourgmestre et du nom de la juridiction. À Ngaliema, Bandalungwa ou Lemba, par exemple, 300 dollars sont demandés pour la « cérémonie exclusive », ceci en dehors de tous les frais et les objets en nature. A Gombe, il faut sortir 500 dollars. Dans les communes dites « rouges » telles que Bumbu, Selembao, Makala, Kisenso et Kimbanseke, le coût varie entre 50 et 80 dollars. Un autre système en vogue à Kinshasa, c’est la célébration du mariage civil en dehors des installations officielles. Il peut s’agir du domicile des conjoints ou des endroits dits « VIP » tels qu’au abord du fleuve Congo, la cité du fleuve, l’espace du terrain de golf, dans des coins célèbres tels que la place de la gare centrale,  la place des évolués, etc.  Ici le déplacement de l’autorité municipale est spécial. Il varie entre 800 et 1500 dollars sans compter les frais subsidiaires. Ce sont souvent les bourgmestres de la Gombe et de Ngaliema qui sont invités.
Pour H.K., marié en Belgique, « dans un pays normal, à part les frais de cérémonies, il n’y a plus rien à payer parce que le bourgmestre est payé par l’État. Il ne doit pas bénéficier d’une quelconque faveur lors de l’exercice de ses fonctions. Il est bourgmestre pour rendre ce service, il n’est pas là pour rançonner les mariés » conclut-il.

Gombe et Limete ont leurs particularités

Dans la commune de la Gombe, il faut débourser 200 dollars pour la location de la salle de cérémonie qui se trouve pourtant dans l’enceinte de la maison communale. Dans la majorité des cas, les autorités municipales célèbrent le mariage civil pour plusieurs couples à la fois, après avoir reçu de chacun d’eux les frais de location de la salle. On impose aux mariés une amende de 50 dollars lorsqu’ils se présentent en retard par rapport à l’heure de la cérémonie. À Limete, par contre, les nouvelles semblent être bonnes pour ceux qui veulent convoler en justes noces. Beaucoup de couples préfèrent célébrer leur mariage civil à Limete à cause du prix proposé. « Cette municipalité a allégé les frais des cérémonies », soutiennent  plusieurs couples qui y sont allés.

Marc B., marié à Limete en 2013 « je suis habitant du district de Lukunga mais j’ai préféré me marier à Limete, une commune qui ressort de Mont- Amba parce que leurs conditions étaient simples par rapport au service d’état-civil de ma juridiction. Cette dernière m’avait exigé plus de 250 dollars tous frais compris, alors qu’à Limete on m’avait exigé seulement 50 USD pour la cérémonie. À cela, on a ajouté une liste comprenant une chaise en plastique, une bouteille de vin, une somme de reconnaissance de la dot à 2000 francs, la photographie et la vidéo à 2000 francs ainsi qu’une somme de 10 dollars pour l’acte de mariage. Selon les sources officielles, Limete demeure la seule commune qui a enregistré le plus grand nombre de mariages en 2014.