Ant Financial rachète MoneyGram à 880 millions de dollars

Le marché, attaqué par les nouveaux entrants, va se concentrer. Certains experts prédisaient un rachat de PayPal ou d’American Express en 2017, c’est finalement un autre américain, MoneyGram, qui fait l’objet de la première acquisition majeure de l’année dans l’univers très convoité des paiements. Et l’acquéreur est un chinois : Ant Financial, ex-Alipay, le système de paiement du géant de l’e-commerce Alibaba, débourse 880 millions de dollars en cash pour s’offrir l’entreprise texane de transfert d’argent, cotée au Nasdaq. MoneyGram est le numéro deux mondial, derrière Western Union, de ce marché estimé à 600 milliards de dollars, avec un chiffre d’affaires annuel de 1,5 milliard.

Un marché durement attaqué par de nouveaux entrants plus numériques tels que PayPal ou la startup britannique TransferWise. Le patron de MoneyGram, Alex Holmes, prédisait il y a un an qu’une concentration était inévitable. Et c’est la plus grosse Fintech du monde, valorisée quelque 60 milliards de dollars lors son tour de table géant de 4,5 milliards en avril dernier, qui a sorti le carnet de chèque, acceptant de payer 20 % de plus que le cours de Bourse moyen. L’opération est présentée comme une fusion par l’entreprise de Dallas, qui insiste sur le maintien de son siège aux États-Unis et de sa marque, mais il s’agit bien d’un rachat par le chinois, décrit comme « le partenaire idéal » : « L’acquisition de MoneyGram constitue un événement majeur dans notre mission visant à apporter des services financiers inclusifs à travers le monde », déclare Eric Jing, le patron d’Ant Financial dans un communiqué conjoint. « Nous pensons que les services financiers doivent être simples, low-cost et accessibles au plus grand nombre, et non à quelques-uns. » L’annonce de ce rachat, approuvé par le conseil d’administration de MoneyGram, intervient quelques jours après la rencontre entre Jack Ma, le milliardaire qui a créé et dirige Alibaba, et Donald Trump, auquel il a promis un million d’emplois aux États-Unis. Un coup de com’ en réalité (ce sera « en permettant à un million de petits commerçants américains de vendre leurs produits américains en Chine et sur d’autres marchés asiatiques via la plateforme Alibaba »).  Le projet de fusion a sans doute été évoqué entre les deux hommes, tant la transaction peut sembler risquée dans ce climat protectionniste des débuts de présidence Trump. Mais l’opération est totalement amicale et le patron du bras financier de l’e-commerçant souligne dans le communiqué : « Nous sommes engagés à continuer à investir dans les effectifs de MoneyGram et à faire croître les emplois aux États-Unis ». L’opération devra cependant passer par le Comité pour l’investissement étranger aux États-Unis (CFIUS) qui a par le passé bloqué un certain nombre de rachats par des groupes chinois.