Apple : première entreprise à dépasser les 1 500 milliards de dollars

Malgré des ventes d’iPhone en baisse, la marque à la pomme croquée résiste aux conséquences de l’épidémie de coronavirus, portée par la croissance de ses services et de ses accessoires.

IL N’Y A PAS de règle sans exception. Cela semble bien s’appliquer au géant américain des télécoms. En effet, alors que la Banque mondiale a annoncé récemment que la crise économique provoquée par le Covid-19 n’avait pas eu d’équivalent depuis la Grande Dépression de 1870, voilà qu’Apple affiche, malgré tout, des résultats éclatants. La valorisation boursière du géant américain vient de dépasser les 1 530 milliards de dollars, un cap symbolique encore jamais atteint à Wall Street. Cette somme est supérieure au PIB de l’Espagne ou de l’Australie. À eux cinq, les GAFAM pèsent désormais plus de 6 000 milliards de dollars. Juste derrière Apple, on retrouve Microsoft (1 490 milliards), puis Amazon (1 325 milliards), Alphabet (1 000 milliards). Un peu plus loin, Facebook est valorisé à 675 milliards de dollars.

Pour rappel, le fabricant de smartphones avait atteint le pallier des 1 000 milliards en août 2018. Sa valorisation avait connu un premier déclin majeur à l’automne 2018, alors que les ventes d’iPhones étaient en berne, puis un second à partir de février 2020, plombée par l’impact de l’épidémie de coronavirus sur ses chaînes de production. De nombreux sous-traitants de la marque, comme Foxconn, avaient en effet dû fermer leurs usines chinoises pendant plusieurs semaines.

Mais à partir d’avril, la tendance s’est inversée, et la croissance s’est accélérée. Les résultats trimestriels de la marque ont rassuré les investisseurs, qui prévoyaient une chute plus importante. Le groupe a enregistré une progression de son chiffre d’affaires de 1 % sur un an, à 58,3 milliards de dollars, porté par la forte croissance de ses services (Apple TV+, Apple Music, Apple Arcade, achats au sein des applications…) et de ses accessoires (AirPods, Apple Watch, etc.), qui ont généré à eux deux 19,5 milliards de revenus.

Les ventes d’iPhones ont en revanche logiquement baissé le trimestre dernier (-8,2 % par rapport à 2019), mais Apple résiste bien mieux que ses concurrents directs Samsung et Huawei, qui accusent respectivement une chute de 22,7 % et 27,3 %. 

La perspective du lancement de l’iPhone 12, le premier smartphone de la marque compatible avec la technologie 5G, expliquent également la bonne forme de l’entreprise sur les marchés financiers. Enfin, la capitalisation boursière d’Apple a nettement progressé ces derniers jours, après des révélations de Bloomberg qui indiquent que la marque devrait bientôt remplacer les processeurs Intel de ses Mac par ses propres processeurs basés sur ARM.

Acquisitions de start-up

Si la pandémie de Covid-19 met à mal l’écosystème des start-up et gèle bien des levées de fonds, certaines acquisitions, elles, se poursuivent. En moins d’une semaine, Apple a mis la main sur deux jeunes sociétés, et s’apprêterait à acquérir une troisième. Ces start-up opèrent dans des domaines aussi variés que l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle, et la météo. Apple indique qu’il n’est pas dans ses habitudes de commenter ses acquisitions. 

Acquise en fin de semaine du 1er au 7 juin, la société irlandaise Voysis fonde sa technologie sur l’intelligence artificielle et l’apprentissage profond, et qui permet d’améliorer la compréhension du langage naturel des internautes afin d’offrir les meilleurs résultats de recherche. Ce savoir-faire était jusqu’à présent proposé aux sites d’e-commerce qui souhaitent offrir à leurs clients la possibilité de commander des produits à l’oral. La technologie de Voysis peut comprendre des requêtes vocales complexes comme « je cherche une télévision Oled qui coûte moins de 1 000 euros ». Les brevets de Voysis devraient donc permettre à Apple d’améliorer Siri, son assistant vocal. Le logiciel prend aussi une place minime sur les téléphones, équivalente à celle prise par une dizaine de photos.

Le site de la start-up britannique clamait que Voysis était « la plateforme de reconnaissance vocale totalement indépendante ». Il a depuis été désactivé. Cette acquisition est un exemple supplémentaire d’une tendance lourde dans la Silicon Valley: Apple, mais aussi Facebook, Google et Amazon rachètent à la pelle des start-up spécialisées dans l’intelligence artificielle. Apple est le plus agressif avec une vingtaine de rachats à son actif. Il s’agit autant de mettre la main sur des talents dans un domaine disputé, que de tuer dans l’œuf de futurs rivaux.

Un peu plus tôt, Apple avait officialisé le rachat de l’application météo Dark Sky. La version Android de ce service payant a disparu dans la foulée, tandis que le site web doit fermer au 1er juillet. La propre application météo d’Apple s’appuie sur les données de The Weather Channel. L’acquisition de Dark Sky lui donne accès à un nouveau jeu de données météorologiques qui lui appartiennent désormais, et qui pourraient se substituer d’ici quelques mois à celle de The Weather Channel.

Enfin, selon 9to5Mac, Apple lorgnerait la start-up NextVR, une opération qui se chiffrerait à 100 millions de dollars. NextVR permet à des événements, comme des concerts ou des compétitions sportives, d’être diffusés en direct au sein de casques de réalité augmentée comme Oculus, HTC Vive, ou PlayStation VR. La société est à l’origine de dizaines de brevets, qui lui permettent entre autres d’améliorer la qualité de définition des images projetées dans les casques. Ces technologies pourraient s’intégrer dans le projet de lunettes de réalité augmentée d’Apple. Ce probable rachat tombe en tout cas à pic pour NextVR. La start-up américaine n’avait pas réussi à boucler une troisième levée de fonds début 2019, et avait dû se séparer de 40 % de ses salariés. Ceux toujours en poste se sont vus notifier d’un déménagement prochain dans la région de Cupertino.