Après le diamant, Kalaa Mpinga se reconvertit dans l’industrie huilière

L’entrepreneur congolais a conclu un consortium avec Kuramo Capital, une firme de private equity basé à New-York pour relancer Feronia opérant en RDC. 

Homme d’affaires africain d’acabit international, Kalaa Mpinga n’a cependant été révélé aux Congolais par la presse internationale qu’en 2001, comme étant un dauphin recalé de Mzee Laurent-Désiré Kabila, après une tentative d’adoubement avortée à Harare au Zimbabwe. Le fils de Mpinga Kasenda, ancien proche collaborateur du maréchal Mobutu Sese Seko, a réapparu sous la transition 1+4, en 2006, en rachetant les 20 % des Belges de la Cibeka dans la Minière de Bakwanga (MIBA), à juste 11 millions de dollars.

Mais sa firme, Mwana Africa, n’ira plus loin dans ses visées de recapitaliser la MIBA, le gouvernement ayant estimé que Kalaa Mpinga négociait avec « un couteau à la gorge de l’État ». L’expression est du ministre du Portefeuille de l’époque, Louise Munga Mesozi. Pour certains analystes occidentaux, Kalaa Mpinga avait été déclaré persona non grata par le pouvoir de Kinshasa. Le revoilà derechef dans une nouvelle joint-venture, à travers laquelle il a injecté 17,5 millions de dollars.

Créer une grande entreprise africaine 

Avec cet investissement, Kalaa et Kuramo investissent de plain-pied dans le secteur du palmier à huile congolais, qui constitue, par ailleurs, l’essentiel des activités de Feronia. Pour mémoire, cette entreprise avait repris à Unilever ses actifs dans le domaine en République démocratique du Congo, il y a encore quelques années. Selon nos sources, la prise de participation devrait être finalisée d’ici fin octobre.

En outre, les nouveaux associés de Feronia lui négocieraient également un prêt de 4 millions de dollars. Cette opération constitue le deuxième investissement de Kuramo Capital en 2017, après l’annonce de la finalisation de l’acquisition de 24,99 % du capital de Transcentury, une société panafricaine basée au Kenya, spécialisée dans les investissements sur des projets d’infrastructures. « Nous sommes impatients de travailler avec les actionnaires existants et la direction de Feronia pour créer une grande entreprise africaine d’agrobusiness », s’est félicité Walé Adeosun, responsable en chef des investissements chez Kuramo Capital.

Par contre, la participation de Kalaa Mpinga dans ce consortium s’est effectuée à travers son fonds Mafuta (huile en parler congolais) Investment Holdings.

Qualifié d’or orange, l’huile de palme rapporte derechef gros et les perspectives sont prometteuses, selon les experts. D’ailleurs mi-octobre, les représentants du gouvernement de la RDC, des organisations de la société civile ainsi que celles des paysans et le secteur privé ont validé à Kinshasa le plan d’action de mise en œuvre des principes nationaux pour la production responsable et durable d’huile de palme en RDC.

Ce plan est, en effet, assorti de modalités de son implémentation ainsi que  de son suivi, indique le communiqué final du deuxième atelier national sur le développement durable de la filière huile de palme en RDC. Selon ce document, ce plan a été élaboré au cours de l’atelier national sur le développement durable de la filière huile de palme en RDC organisé du 9 au 10 octobre à Kinshasa par le Fonds mondial pour la nature sous le patronage du ministère de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Élevage dans le cadre de l’initiative pour l’huile de palme durable en Afrique à l’horizon 2020 de l’Alliance pour les forêts tropicales (TFA2020 APOI), à Kinshasa.

Les organisateurs de ces travaux ont également restitué les résolutions de l’atelier d’Abidjan de 2016, présenté la Déclaration de Marrakech, formalisé la plate-forme nationale en vue de son opérationnalisation et de la participation de la RDC à l’atelier régional de Libreville. Le  secrétaire général au ministère de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Élevage, représentant son ministre, a au cours de cet atelier déclaré que l’huile de palme dont la demande au niveau mondiale  ne cesse de s’accroître reste la moins coûteuse alors que l’offre disponible sur le marché demeure déficitaire, citant en exemple la RDC qui, depuis 2014, importe environ 50 000 tonnes d’huile de palme par an.

L’accroissement de la production d’huile de palme, a-t-il soutenu, aura certainement des impacts positifs dans la création d’emplois, l’augmentation des recettes publiques, l’amélioration des infrastructures et l’augmentation du nombre des petits producteurs. Il va sans dire que Kalaa Mpinga a anticipé toutes ces perspectives.