Centrafrique : Après un an, la Présidente Cathérine Samba débordée par les violences et manque l’argent

Cathérine Samba, présidente de la République Centrafricaine.
Cathérine Samba, présidente de la République Centrafricaine.

Les violences ne prennent toujours pas fin, malgré les aides financières et l’intervention des troupes européennes en République Centrafricaine. Un an après la prise du pouvoir par la coalition rebelle Séléka qui a plongé le pays dans un chaos sanglant, le pays reste dans l’impasse. Selon l’AFP, à l’aube de cet anniversaire, un important dispositif sécuritaire a été mis en place à Bangui, mais cela n’a pas empêché que les nouvelles violences aient occasionné au moins 4 morts le week-end.

Dès le matin, la force de l’Union africaine, Misca, menait des patrouilles et procédait à des fouilles des véhicules et des personnes, sur les principales avenues reliant le centre au nord-ouest de la ville. Ils procédaient à une fouille minutieuse sous les sièges, dans les coffres, parfois des passagers.

Si les tueries de masse ont cessé depuis le début de l’intervention française le 5 décembre dernier, les explosions de violences restent quotidiennes à Bangui et en provinces, où de larges portions du territoire restent hors de contrôle de toute forme d’autorité.

La situation humanitaire et sécuritaire est très grave, insupportable pour les musulmans qui restent dans le sud-ouest (de la Centrafrique) et à Bangui. Il y a une vingtaine de poches dans le pays avec 15.000 personnes en danger qu’il faut évacuer
Bristow

Même dans la capitale, violences et assassinats restent le lot quotidien. Ainsi, au moins quatre personnes ont été tuées samedi 22 mars à Bangui dans des affrontements entre groupes armés, au cours desquels les soldats de Sangaris et de la Misca ont aussi été pris à partie.

Un peu partout dans le pays, des exactions sont régulièrement signalées contre les populations. Selon les régions, elles sont le fait des ex-Séléka ou des anti-balaka, miliciens majoritairement chrétiens qui se sont, dans un premier temps, opposés aux agissements des Séléka essentiellement musulmans, avant de s’en prendre à la population civile musulmane.
La Misca compte 6.000 hommes, appuyés depuis début décembre par la force française Sangaris, 2.000 soldats. Les forces internationales sont chargées de rétablir un minimum de stabilité dans un pays où l’Etat n’existe plus et qui traverse une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés ayant fui les violences intercommunautaires.

Situation humanitaire insupportable

L’ONG Human Rights Watch note que ces violences ont provoqué un exode des populations musulmanes de régions entières du pays. Pour ceux qui restent, la situation est « insupportable ».

Peter Bouckaert, directeur Urgences de cette ONG signale que «la situation humanitaire et sécuritaire est très grave, insupportable pour les musulmans qui restent dans le sud-ouest (de la Centrafrique) et à Bangui. Il y a une vingtaine de poches dans le pays avec 15.000 personnes en danger qu’il faut évacuer».

Cherchant un nouveau souffle, Paris compte sur l’envoi d’une force européenne en appui aux forces française et africaine sur place, en attendant une prise de relais par une force de l’ONU, toujours hypothétique.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon réclame de son côté une décision rapide du Conseil de sécurité au sujet du déploiement de 12.000 Casques bleus en Centrafrique. Après un an de dérive, l’urgence est aussi de rétablir l’Etat et de remettre en marche une économie atone, dans ce pays très pauvre au passé troublé par des coups d’Etat, des mutineries et des rébellions. Les fonctionnaires centrafricains ont reçu début mars leur premier salaire depuis six mois, mais l’argent manque. Elue le 23 janvier dernier, la présidente de transition Catherine Samba Panza, endossant le costume de «VRP», multiplie les rencontres avec ses pairs africains et les représentants des institutions internationales afin de récolter l’aide financière nécessaire au redressement du pays.

81 millions d’euros pour les secteurs primaires. L’octroi de l’aide tombe à compte goutte dans un pays fauché et qui a le plus besoin des dollars pour juguler les crises multiformes qui le sécoue. L’Union Européenne (UE) a annoncé mi-mars près de 81 millions d’euros à la Centrafrique consacrée à l’éducation, la santé et la sécurité alimentaire.

Mais jusque-là, l’engagement financier des bailleurs internationaux est «extrêmement faible, pas du tout à la hauteur», dans ce pays très pauvre pays où les violences ont fait près d’un million de déplacés et réfugiés, sur une population de 4,6 millions d’habitants, selon l’ONG Médecins sans frontières (MSF).