Chaque week-end, ce marché transfrontalier, situé à 250 Km de Kinshasa, draine plus de 20.000 personnes.

Une fois arrivé à Lufu, après un long trajet, quelques abris de fortune dont les enseignes rappellent les services publics de douanes, immigration, polices et une banque (DGDA, OCC, PNC, RAWBANK…), hangars et des habitations sommaires dont la plupart sont encore en construction, vous accueillent. Tout cela, dans un cafouillage indescriptible de va-et-vient des motos.

De loin, l’on aperçoit quelques habitations de Lovo (prononciation anglo-portugaise de Lufu congolais) sur une colline voisine. Devant un guichet, il y a une longue file d’attente des gens qui veulent acheter le jeton d’accès à ce territoire angolais.

De Lufu à Lovo

D’un week-end à l’autre, le marché alterne de site, tantôt en Angola, tantôt en RDC. Après avoir payé les jetons, l’on se retrouve de l’autre côté, sur une vaste étendue de terre. Les rabatteurs font leur travail, un peu comme dans les parkings de Kinshasa. « Rond-point Ngaba, N’djili, Bandal, Kimpese, Mbanza Ngungu, Matadi, Boma, Tshela, Luozi », crient-ils pour aider ceux qui sortent avec leurs marchandises de prendre place. La foule qui se précipite à aller au marché équivaut à celle qui y sort avec des chariots bourrés de marchandises. Puis un nouveau check-point tenu par les éléments de la police nationale angolaise. « Ici, on ne s’amuse pas. Il n’y a pas de corruption. Si vous n’avez pas de jetons, vous n’accédez pas au territoire angolais », prévient un guide.

Lingala, langue de transaction

« Documenta ! Documenta ! », insistent les policiers angolais sur le pont de la rivière Lufu, frontière naturelle entre l’Angola et la RDC. De l’autre côté de la frontière, il y a un changement de décor : un chantier de trois hectares où une firme chinoise aménage un espace pour ériger le future marché de Lovo, une route asphaltée en bon état, menant jusqu’à Luanda à 600 km, Namibie à plus de 1.000 km et même jusqu’à Cape Town, en Afrique du Sud à 2500 km2. Mais Lovo, c’est aussi ses étales à perte de vue où les gens vendent et achètent. Certains ont érigé des hangars de fortune, couverts de bâche ou de tôles. Quand on prête bien l’oreille, les échanges s’effectuent en dollars, en francs congolais et rarement en Kwanza, la monnaie nationale angolaise. Tandis que le lingala, lui, trône en maître, comme la langue de communication. Quelques commerçants angolais disent ne pas être gênés par la situation, car même à Luanda, au marché Palanca, (le plus grand de la ville), le lingala est de mise, affirment-ils. « Il est impossible de faire de bonnes affaires si on ne parle pas la même langue », commente un autre qui suivait de loin, mais attentivement, l’entretien. Les commerçants de deux pays s’échangent des produits manufacturés de l’Angola contre produits agricoles, venant de la RDC. Huile végétale, lait, savon, ustensiles de cuisine, riz, ciment gris sont, entre autres, des articles qu’on retrouve dans ce marché.