Chinois et Indiens, duel à distance en Afrique

Là où Pékin s’intéresse avant tout aux matières premières et multiplie les accords d’État à État à coup d’investissements géants, New Delhi avance, lui, grâce à son secteur privé. 

Photo de famille à l’ouverture du Sommet Inde-Afrique à New Delhi.
Photo de famille à l’ouverture du Sommet Inde-Afrique à New Delhi.

L’offensive indienne en Afrique transcende les échanges commerciaux qui, au demeurant, pèsent 60 milliards de dollars et devraient atteindre le chiffre record de 90 milliards de dollars cette année. Là où la Chine s’intéresse avant tout aux matières premières et multiplie les accords d’État à État à coup d’investissements géants, l’Inde avance, elle, grâce à son secteur privé.

Il en est ainsi de secteurs comme les infrastructures, l’agriculture, l’énergie, l’import-export, les banques, les transports, l’éducation, les médias, les nouvelles technologies de l’information, l’eau et l’énergie, le tourisme, la santé et la télémédecine dont les potentialités ont été identifiées. D’ores et déjà, le gouvernement indien et quelque 80 sociétés indiennes ont déjà investi quelque 40 milliards de dollars en Afrique dans divers secteurs dont les télécommunications avec le géant indien Bharti Airtel qui s’est installé dans la téléphonie mobile dans 15 pays africains, dont la RDC. L’offensive indienne en Afrique est d’autant plus rondement menée que tout indique que ce phénomène dont la croissance à long terme est en partie fonction de l’aptitude de l’Inde à poursuivre son développement intérieur dans la stabilité, continuera au cours de la prochaine décennie. Dans les quatre ans à venir, l’Inde compte encore investir quelques milliards de dollars en Afrique. Ce sont au total plus de 250 projets qui ont été négociés, totalisant quelque 70 milliards de dollars d’investissements. Compte tenu de la voie interne de développement qu’elle a choisie, l’expansion de l’Inde sur des marchés extérieurs représente, à l’étape actuelle, une nécessité pour son grand capital privé, de tirer profit à l’étranger des progrès technologiques réalisés en Inde, et ce, à un moment où l’Afrique commence à être en mesure de les absorber. Au dernier Sommet Chine-Afrique, début décembre, à Johannesburg, en Afrique du Sud, Pékin a publié sa deuxième feuille de route pour les dix prochaines années. La Chine a décidé d’octroyer à l’Afrique un total de 60 milliards de dollars d’aide financière incluant 5 milliards de prêts à taux zéro et 35 milliards de prêts à taux préférentiels. Les infrastructures ne sont pas les seuls piliers de la coopération Chine-Afrique. Dix programmes sur trois ans ont été annoncés à Johannesburg dans les domaines de l’agriculture, de l’industrialisation, de la réduction de la pauvreté, de la santé, de la culture, de la sécurité, de la protection de la nature ou encore du développement vert. Pour l’Afrique, la Chine est un modèle dans la lutte contre la pauvreté. En septembre, le président chinois, Xi Jinping, avait annoncé à l’ONU la création d’un fonds d’aide au développement de 2 milliards de dollars destiné aux pays les plus pauvres de la planète, notamment en Afrique.