Clarke Energy désigné soumissionnaire préférentiel sur le gaz du lac Kivu

LES DEUX projets énergétiques du lac Kivu augmenteront la capacité de 81 mégawatts et réduiront de manière significative le coût actuel de production électrique au Rwanda. La firme Clarke Energy créera de nouveaux emplois au Rwanda pour la maintenance des moteurs à gaz Jenbacher de GE.

En effet, Symbion Power a désigné Clarke Energy comme soumissionnaire préférentiel pour deux importantes centrales électriques au Rwanda. 

Lesquelles produiront de l’électricité à partir du biogaz dissous provenant des profondeurs du lac Kivu. Ces projets concernent environ 25 moteurs à gaz Jenbacher de la division Distributed Power de GE. Cette annonce coïncide avec la visite d’une délégation commerciale du gouvernement britannique en Afrique.

Clarke Energy fournira des moteurs Jenbacher J620 de 3 MW pour les centrales électriques de Kivu 56 et KP1, situées sur les rives du lac Kivu au Rwanda. Symbion Power est un producteur d’électricité indépendant qui a obtenu les droits pour réaliser deux projets au Rwanda sur le lac Kivu. Le projet Kivu 56 prévoit d’exporter 56 MW d’électricité dans le réseau rwandais dans le cadre d’une concession de 25 ans. KP1 est né d’une précédente initiative. 

Symbion a acquis l’usine et la fera passer de 3,6 MW à 25 MW. Paul Hinks, le fondateur et directeur général de Symbion Power, a déclaré : « Après un processus concurrentiel long et rigoureux, nous avons retenu Clarke Energy, fournisseur de moteurs à gaz Jenbacher de GE, comme fournisseur technologique privilégié. Ces deux projets énergétiques au lac Kivu augmenteront la capacité de 81 MW et réduiront considérablement le coût actuel de production électrique au Rwanda. »

Le lac Kivu, l’un des plus grands lacs africains, est une masse d’eau unique au monde qui, à sa base, est saturée de biogaz, une combinaison de méthane et de dioxyde de carbone. Ce gaz est produit par le fait d’une combinaison unique : une profondeur de 500 mètres, une chaleur provenant du magma sous la vallée du Rift et des microbes, décomposant les matières organiques qui tombent de plus haut dans le lac. La surface du lac est située à 1 460 m au-dessus du niveau de la mer. 

Contrairement au biogaz normal, qui est produit dans des digesteurs anaérobies, les usines de traitement organiques traitent les déchets biodégradables. C’est pourquoi, le biogaz issu du lac ne contient que 20 % de méthane. Cet indice est inférieur à celui requis pour un moteur à gaz Jenbacher. 

Approvisionnements durables

Le plan consiste à retirer le dioxyde de carbone – qui forme l’équilibre du volume du gaz – en utilisant de l’eau puis à mettre le gaz dans des moteurs à gaz alternatifs situés dans des centrales électriques discrètes, situées sur les rives du lac. L’électricité produite par les moteurs sera acheminée directement au réseau de distribution d’électricité du Rwanda. 

Alan Fletcher, le directeur général de Clarke Energy en Afrique, a déclaré : « Nous sommes ravis d’avoir été nommés soumissionnaire préférentiel par Symbion Power pour ces deux projets clés sur les rives du lac Kivu. La solution que nous apportons est en mesure de proposer des approvisionnements énergétiques durables et la création d’emplois au Rwanda et au Royaume-Uni ». 

Les moteurs à gaz Jenbacher Type 6 de GE constituent un complément fiable et un atout majeur de leur gamme de produits grâce à des améliorations continues et à une solide expérience. Le régime moteur de 1 500 tr/min se traduit par une densité de puissance électrique élevée avec des coûts d’installation réduits, sa chambre de précombustion atteignant un rendement élevé avec de faibles émissions.

« Les moteurs à gaz Jenbacher de GE offriront une efficacité plus élevée et une capacité accrue pour les projets de Symbion Power, contribuant ainsi à résoudre les défis énergétiques de la région », a déclaré Léon van Vuuren, le directeur général des ventes et opérations commerciales mondiales de GE Distributed Power.

Rapport Ernst & Young

Du côté RDC, Marcel Collet, le directeur du parc marin des Mangroves, a fait un plaidoyer auprès du gouvernement pour qu’il lance l’exploitation du gaz dans la région de Muanda. Mais la RDC est encore à l’étape des certifications des réserves gazières et pétrolières. Pour ce faire, un budget de 55 966 400 000 FC, soit un peu plus de 32 millions de dollars, est prévu pour 2019.

Le groupe pétrolier franco-britannique Perenco a fait part, voilà deux ans, de son intérêt à exploiter le gaz qui, depuis des lustres, a été brûlé par torchère lors des opérations d’extraction du brut. Perenco, compte des réserves de 20 milliards de m3 en offshore et 10 milliards en on shore sur son champ pétrolier. À Muanda, Perenco utilise déjà le gaz pour alimenter les générateurs de la centrale de Kinkazi. Pour le grand bonheur des communautés locales. Quelques 70 villages se retrouvent ainsi électrifiés. 

Il y a 4 ans, le cabinet Ernst & Young avait estimé que « l’exploitation du gaz naturel représente une opportunité phénoménale pour l’Afrique ». Elle peut devenir un moteur essentiel pour la croissance économique et, plus largement, pour le développement social, ainsi qu’un atout majeur pour la croissance de l’emploi local et le développement de l’infrastructure. 

Invité à Kinshasa, en septembre 2014, dans le cadre du forum économique I-PAD, Miguel Azevedo, alors directeur-général à la Citibank pour l’Afrique subsaharienne, avait également proposé aux autorités de la RDC de se pencher sur les grandes perspectives du développement de l’industrie du gaz et du pétrole plutôt que de considérer toujours l’industrie minière comme moteur du développement du pays. Curieusement, le gouvernement ne compte tirer aucun profit sur le gaz en 2019, du moins si l’on se réfère au budget du prochain exercice qui gèle tout acte générateur de recettes sur le gaz. 

À titre d’exemple, l’autorisation de stockage de carbure de calcium et gaz acétylène qui ne dispose d’aucune prévision des recettes en 2019 alors que, courant 2018, cette taxe avait déjà rapporté 44 838 937 FC pour des prévisions semestrielles de 35 725 854 FC. Pas de prévisions des recettes non plus pour l’autorisation d’importation et de commercialisation de carbure de calcium et de gaz, quand bien même que le Trésor public a déjà encaissé 16.7 millions de francs à fin juin 2018 et qu’à fin décembre, cet acte générateur de recettes rapporterait, selon les estimations de la DGRAD, quelque 68.9 millions de francs.

Avis de non objection

Concernant l’exploitation du gaz méthane du lac Kivu, 65 milliards Nm3, Aimé Ngoie Mukena, le ministre des Hydrocarbures sortant, a fait comprendre à la commission Ecofin de l’Assemblée nationale qu’il a obtenu l’avis de non-objection de la Direction générale de contrôle des marchés publics sur un projet de contrat d’exploitation. La signature de ce contrat peut intervenir incessamment. Ngoie Mukena était, en effet, invité par la commission de l’Assemblée en charge du budget, pour se justifier sur la non-exécution de nombreux projets d’exploitation du pétrole et du gaz, restés en veilleuse. 

Il sied de rappeler que si côté rwandais, l’exploitation du gaz a déjà commencé et produit du courant avec la firme rwando-étasunienne Kivu Watt, côté r-dcongolais, aucune visibilité, sinon l’État et le ministère des Hydrocarbures ont été traînés en justice en 2016 par la firme Kivu Lake Energy Corporation (KLEC) qui s’est estimée flouée au profit des tunisiens Engineering Procurement & Project Management dans l’attribution provisoire du marché relatif au recrutement d’une société pour l’exploitation du gaz méthane du lac Kivu en vue de la production de l’électricité. En 2017, au lieu de l’exploitation, le gouvernement a opté plutôt pour le dégazage du golfe de Kabuno où le gaz méthane aurait menacé d’exploser depuis quelques mois.