Combien coûte à l’État la location du segment spatial de Rascom QAF1 ?

En septembre, la RDC a fait une percée dans le domaine des NTIC : achat d’équipements d’accès aux fréquences pour la 4G, mise en service des trois émetteurs de TNT et surtout location du segment spatial du satellite Rascom QAF1. 

LÀ OÙ LE BÂT blesse, c’est le coût de tous ces différents projets. Alors que dans la mouvance de la société civile, des critiques vont bon train, à la Direction de préparation et du suivi du budget (DPSB) du ministère du Budget, on avance un montant global de 4 541 009 226 775 FC, portant sur toutes les dépenses de septembre effectuées par le gouvernement. Point de ventilation, non plus, dans le document États de suivi budgétaire (ESB) daté du 8 octobre mais portant sur le mois de septembre. 

Dans le budget 2018, le gouvernement a prévu quelque 300 000 000 FC pour la mise en œuvre du compte satellite du tourisme, et 2 200 662 214 FC pour la paie et la prise en compte de la grille barémique de la prime permanente et du manque à payer pour l’administration du service RASCOM depuis 2012. 

En 2016, la location du satellite avait coûté 3 445 071 078 FC à l’Etat, alors que les prévisions budgétaires étaient de 400 fois moins, soit 861 115 500 FC. En 2017, les primes de l’administration centrale des PT&NTIC et le complément de la grille barémique RASCOM s’élevait à un peu plus de 2 milliards de nos francs. 

C’est quoi en fait la RASCOM ? La Regional African Satellite Communication Organization est une organisation intergouvernementale panafricaine composée de 45 pays dont le siège se trouve à Abidjan. Elle est chargée de définir les services de télécommunications à bas coûts basés sur la technologie spatiale en liaison avec les opérateurs en télécommunications de ces pays. Cette organisation a été fondée le 27 mai 1992 à Abidjan en Côte d’Ivoire. 

Souhaitant se doter, pour 400 millions de dollars, d’un satellite de communication africain qui ferait économiser les 500 millions de dollars annuels versés pour la location des satellites africains, les gouvernements africains se heurtent au véto de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). L’ancien dirigeant libyen Mohammar Kadhafi décida alors de prendre en charge 75 % des coûts de construction du satellite, tandis que la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque ouest-africaine de développement (BOAD)  prirent à leurs comptes 25 % afin de concrétiser le projet. 

Ainsi est née la RASCOM STAR-QAF, qui est une compagnie privée de droit mauricien, dont le siège est à Port-Louis (Île Maurice). Elle est chargée de l’implémentation et de l’exploitation du premier projet de télécommunications par satellite dédié au continent africain, sous la tutelle de l’organisation panafricaine RASCOM.

Sabotage présumé

Le premier satellite de la flotte, de type Spacebus, a été lancé par la fusée Ariane 5 du Centre spatial de Kourou le 21 décembre 2007. La Libye et la Côte d’Ivoire en sont les principaux contributeurs financiers. Il aurait dû entrer en service sur la position 2.85 Est pour une couverture du continent africain, une partie du Sud de l’Europe et une partie du Moyen-Orient, lit-on dans un rapport sur le projet satellitaire panafricain. 

Selon RASCOM, le satellite devrait fournir des services de télévision, de téléphonie, de transfert de données, de connexion Internet et VSAT en bande C et Ku. Mais tout porte à croire que, comme les institutions de Bretton Woods (BM et FMI), les Européens ont sciemment saboté le premier satellite panafricain. Une grave panne technique au niveau d’un sous-ensemble du satellite, provoquant une fuite d’hélium pressurisé, a été constatée lors de son lancement le 22 décembre 2007, empêchant ainsi sa mise sur orbite. 

Le 8 janvier 2008, le fabricant européen du satellite, Thales Alenia Space, a dû redémarrer une procédure de remise sur orbite qui a duré 4 semaines. L’orbite a bien été atteinte mais la durée de vie du satellite a été réduite à 2 ans au lieu de 15 ans. 

Un second satellite sera tout de même lancé mi-2010, grâce à un appui financier supplémentaire de la Libyan Foreign Bank et de la Banque de développement de l’Afrique centrale (BDAEC). Ce satellite va quelque peu révolutionner les télécommunications en Afrique. Actuellement les communications entre des pays africains doivent passer par l’Amérique ou l’Europe, ce qui représente un coût important. 

De plus le système RASCOM offre une vaste gamme de services à l’ensemble de la communauté des télécommunications, depuis les opérateurs de réseaux de télécommunication (TELCOS), qu’ils soient publics ou privés, jusqu’aux sociétés de diffusion de programmes audio et vidéo. Cette offre se décline en trois grandes classes de services à savoir la téléphonie intégrée, la commutation à faible débit et location des transpondeurs. 

Ces services spécifiques au système RASCOM permettent de réaliser l’accès universel aux services de téléphonie, de télécopie, transmission de données, accès internet, réception audio/vidéo. Grâce à des réseaux de petits terminaux satellites, les zones rurales et périurbaines se voient enfin dotées de l’infrastructure vitale permettant d’offrir à tous et à un très faible coût l’accès aux services de communication. La commutation à faible débit désigne, en pratique l’ensemble des services, permettant une interconnexion directe à la demande pour des échanges à faible ou moyen débit entre tout point du continent africain et avec l’Europe et le Moyen-Orient, sont particulièrement adaptés à l’acheminement du trafic interurbain et aux liaisons internationales à faible densité de trafic. 

La location des transpondeurs offre des services à des coûts très compétitifs, selon RASCOM, et permettent l’établissement d’artères à haut débit, la diffusion des programmes audio et vidéo, le support d’applications telles que la télémédecine, le télé-enseignement…