De la Socigaz à la centrale de Ruzizi III, Congolais et Rwandais s’emmêlent les pinceaux

Selon un fonctionnaire de la Société nationale de l’électricité, les Rwandais et les Congolais ne donnent guère de signaux rassurants pour le renforcement de la CEPGL. C’est comme si la méfiance réciproque était toujours de mise.

Barrage hydroélectrique de Ruzizi II.
Barrage hydroélectrique de Ruzizi II.

C’en est-il fini de la SOCIGAZ ? En tout cas ni Kinshasa ni Kigali n’évoquent plus dans leur projet respectif d’exploitation de gaz méthane du lac Kivu, la relance de ce projet commun. La Société internationale de gaz date pourtant des années 1980, à l’époque du bon  vieux temps de la CEPGL, Communauté économique des Etats des grands lacs. L’autre projet «mitoyen» énergétique porte sur la construction de la centrale  Ruzizi III ravivé dans la foulée de la CIRGL piétine aussi.

L’ancien  ministre des Hydrocarbures, Crispin Atama (remplacé en octobre par Aimé Ngoy Mukena) a soutenu que la République démocratique du Congo est très avancée sur le dossier du démarrage de la production du gaz méthane du lac Kivu. Un arrêté portant sur le découpage du lac en concessions gazières devait même être pris.

Chacun pour soi, un lac pour tous

Mais il n’a pas été question d’associer le Rwanda à ce découpage. Pourtant, le Kivu avec ses 65 millions de Nm3 de gaz est un lac mitoyen. Son découpage actuel est fort aléatoire. C’est depuis 1963 que le Rwanda a commencé l’exploitation du gaz du lac et a, au fil des années, sensiblement augmenté ses capacités de pompage. Cela fait notamment tourner la principale brasserie du pays. Autre dossier, la construction de la centrale mitoyenne de Ruzizi III, qui ne semble guère intéresser la République démocratique du Congo. Le coût global de ce  projet hydroélectrique est estimé à 378 millions d’euros. Ce budget englobe aussi la ligne de transport haute tension devant approvisionner le Rwanda, le Burundi et le Congo. Ce projet sera financé par la Banque européenne d’investissement (BEI) et les grandes institutions de développement qui se sont déjà réunies en 2013 à Kigali afin de lancer l’opération de collecte des fonds de la future centrale hydroélectrique de 147 MW sur la rivière Ruzizi.  Ce barrage pourra desservir environ 107 millions d’habitants de la région des Grands Lacs en énergie électrique. Les ministres chargés du secteur de l’eau au Rwanda, au Burundi et au Congo étaient conviés à mettre en place une agence du bassin responsable de la gestion des eaux du lac Kivu et à adopter un nouveau traité international sur le cadre institutionnel du développement du projet Ruzizi III.

Un financement de 1milliard de dollars,  

Les fonds fudiciaires UE-Afrique pour les infrastructures ont apporté une aide de 2,8 millions d’euros pour financer des études sur la rentabilité économique, l’impact environnemental et social, la gestion des ressources hydriques et les liaisons électriques. «Le projet d’aménagement hydroélectrique de la rivière Ruzizi permettra de couvrir les besoins énergétiques de la région des Grands Lacs», avait indiqué le vice-président de la Banque européenne d’investissements en 2014.

L’Union européenne, la Banque africaine de développement, la Banque mondiale, les agences françaises et allemandes de développement ont participé aux assises de Kigali, en juillet 2014, sur l’énergie de la Communauté économique des pays des Grands Lacs. Cette région s’est dotée récemment d’un comité de pilotage pour la mise en place d’un dispositif réglementaire régional pour gérer les eaux du lac Kivu.