Des décisions politiques souvent mal pensées

Sans les ouvrages de base, la RDC ne pourra prétendre à l’émergence. Les besoins annuels en infrastructures sont évalués à 5 milliards de dollars sur la durée de dix ans. Il faudrait, à cette fin, un programme soutenu et une mise à niveau permanente des infrastructures en fonction des impératifs de l’économie.

Grand Inga : un projet gigantesque qui suscite tant de controverses.

L’étude réalisée en 2010 par la Banque mondiale : « Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique » sur 24 pays, dont la RDC, a fait dix constats et a dégagé un certain nombre de défis qui se posent à chaque État. Ces défis doivent être confrontés à chacun des secteurs. Les recommandations de la Banque mondiale se résument à la manière de réduire les inefficacités : premièrement, entreprendre des réformes institutionnelles ; deuxièmement, donner à l’administration la capacité de négocier d’égal à égal avec les bailleurs de fonds ; et troisièmement, s’engager résolument dans la voie de l’intégration régionale. En effet, il a été démontré que l’investissement dans les infrastructures africaines doit être désormais optimisé à une échelle régionale et non nationale.

État fragile et pays post-conflit

En tant que facteur de croissance, et jouant leur rôle de la transformation, les infrastructures sont considérées comme le soubassement de tout essor économique. Elles sont complémentaires aux secteurs productifs tels que l’agriculture, les mines et les manufactures. Elles participent au bon fonctionnement des autres infrastructures telles que les écoles et les hôpitaux, et permettent aux entreprises de contribuer à l’économie du pays par la création de nouveaux emplois. Bref, les bonnes infrastructures sont indispensables au développement socio-économique de la RDC, notamment dans les secteurs des transports, de l’énergie, de l’accès à l’eau potable, des télécommunications, de l’aménagement des villes, de l’assainissement…

Dans la situation de la RDC, il se pose un problème : comment sortir de la logique d’urgence pour entrer dans celle du développement durable ? Du point de vue des experts, il est moins coûteux d’entretenir en permanence les infrastructures que de les réhabiliter en urgence. Par exemple, 1 dollar investi dans l’entretien d’une route vaut 4 dollars dépensés pour sa réhabilitation, explique l’un d’eux. L’entretien soutenu des routes est un gain de 1 % dans le Produit intérieur brut (PIB) et ce pourcentage peut être réinjecté dans la modernisation du pays.

Dans le contexte d’un État et de pays post-conflit, le bon sens recommande que l’on adopte l’approche de développement durable. Cependant, la complexité de la situation de la RDC en appelle à un arbitrage savamment dosé entre les besoins d’urgence et les besoins de développement durable. En matière des routes, par exemple, il est urgent de réhabiliter certaines et réparer des ponts restés impraticables pendant plus de 20 ans pour faciliter la circulation des personnes et des biens, ainsi que pour stimuler les échanges sociaux et commerciaux. Parallèlement, il faut bien entretenir les infrastructures pour maximiser leur productivité et éviter qu’elles ne se dégradent rapidement.

Stratégies d’intervention

Vu sous cet angle, les réformes institutionnelles sont indispensables. Il faut des analyses approfondies et sectorielles afin de dégager des stratégies d’intervention dans les secteurs visés et des priorités en matière d’investissement. La promotion des projets transfrontaliers est une nécessité étant donné que la RDC partage des frontières avec neuf pays. Des projets d’interconnexion électrique, des routes, des télécommunications et d’autres voies de communication sont importants non seulement pour relancer l’économie en RDC, mais aussi pour avoir des effets d’entraînement sur les économies des pays voisins.

La modernisation des infrastructures joue un rôle décisif dans l’effort de diversification de son économie et de réduction de la pauvreté de la RDC. Elle est également en soi une source importante de croissance. Si les infrastructures du pays pouvaient être améliorées jusqu’au niveau constaté à Maurice, le pays le mieux classé de l’Afrique subsaharienne, sa contribution à la croissance annuelle par habitant pourrait être de plus de 3 points de pourcentage.