Des prix à l’unanimité

Les opérateurs du secteur de la téléphonie mobile se sont mis d’accord pour uniformiser les tarifs des appels et des autres services comme les SMS ou l’internet. Il reste à savoir à qui cela profite.

Avec les nouvelles dispositions, téléphoner sera-t-il toujours à la portée de tous?
Avec les nouvelles dispositions, téléphoner sera-t-il toujours à la portée de tous?

Le consensus a été trouvé en décembre 2014. L’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPTC) l’a entériné début février. Désormais, Vodacom,  Airtel,  Tigo, Orange, Africel et Yozma  vont pratiquer les mêmes tarifs, revus à la hausse. Il s’agit d’un prix unique en deçà duquel aucun opérateur ne pourra descendre. Cette uniformisation a été entérinée, début février, par l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPTC). L’objectif poursuivi par les entreprises de téléphonie mobile serait de mettre fin à la guerre des prix qui les opposait depuis longtemps. Avant, l’activation du forfait appel pour 20 unités donnait droit à 10 minutes d’appel entre deux clients Airtel ; 15 entre deux clients Tigo ; 6 minutes entre deux clients Vodacom. Dorénavant, ce seront 3 minutes quel que soit l’opérateur. D’après des responsables du secteur des télécommunications, ces changements sont négligeables et n’auront pas d’impact sur le pouvoir d’achat des consommateurs.

À qui profite l’opération ? 

Alors que certains se plaignent déjà de devoir payer plus cher leurs communications, le ministère de la Poste, des Télécommunications et des Nouvelles technologies de l’information et de la communication affirme que le gouvernement n’a joué aucun rôle dans cette nouvelle disposition, qui est une initiative des six opérateurs de téléphonie mobile du pays. La question de savoir à qui cela va profiter, aux consommateurs ou aux opérateurs est posée. Une source du monde des télécommunications affirme que ce changement profitera plus à l’État parce que les taxes sur les appels et les SMS ne seront plus payées sur l’activation mais plutôt sur l’opération elle-même. « C’est pour cette raison », signale la source, « que l’Autorité de régulation n’a pas hésité à donner son feu vert en accordant une valeur juridique à la démarche des opérateurs. »

Perplexité et indignation des consommateurs 

De leur côté, les consommateurs sont perplexes. Un utilisateur explique son désarroi : « Client chez Airtel, il me fallait vingt unités, c’est-à-dire dix minutes après activation pour passer toutes mes communications journalières inter-réseau. Désormais, il me faudra soixante voire cent unités. » Un autre affirme qu’avec cette décision des opérateurs, « téléphoner risque de devenir un luxe », avant de s’indigner contre l’attitude de l’Autorité de régulation en citant les propos du secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT), Hamadoun Touré, qui disait, en juillet 2014 : « Le régulateur est un catalyseur. Il est de son devoir de protéger l’intérêt des consommateurs, d’empêcher que les opérateurs se liguent en cartel dans le but d’extorquer, d’asphyxier les droits des consommateurs. »

Vers le numéro unique ?

La révision des prix des communications coïncide avec l’interconnexion du réseau Africel avec deux autres réseaux de téléphonie mobile du pays, Vodacom et Orange.  Est-ce le point de départ d’un nouveau mode de fonctionnement qui conduirait à l’instauration du numéro unique qui consiste pour le client à garder le même numéro même s’il change d’opérateur ? Rien n’est encore précis. Quoi qu’il en soit, la nouvelle tarification met fin à la course des consommateurs derrière l’opérateur qui offrait les prix les plus attrayants sur son réseau ou en interconnexion. Ou encore à avoir plusieurs cartes SIM afin d’appeler ses correspondants uniquement en fonction de leurs opérateurs pour ne pas avoir à payer cher.