Des soutiens de plus en plus nombreux à la gratuité de l’enseignement de base

SYLVESTRE Ilunga Ilunkamba, le 1ER Ministre, a reçu le 20 janvier dernier une délégation de la Banque mondiale, avec à sa tête Jean Christophe Carret, le directeur des opérations en République démocratique du Congo. Didier Budimbu, le vice-ministre à l’Enseignement primaire, secondaire et technique, a été associé à cette audience à la primature. Au centre de cet entretien, les modalités d’appui de la Banque mondiale à la gratuité de l’enseignement primaire en RDC. Mais aussi le Projet d’urgence sur l’équité et le renforcement du système éducatif proposé au 1ER Ministre et à soumettre au conseil d’administration de la Banque mondiale. 

1 milliard sur 3 ans

Le fonds alloué à ce projet est de 1 milliard de dollars sur 3 ans. Parmi les axes principaux de ce projet pour l’amélioration de la gouvernance dans le secteur de l’éducation sont l’identification des zones rouges où il y a l’afflux d’élèves dans les salles des classes afin de les construire, l’identification des enseignants non payés, le code de  conduite à signer par les enseignants et le recrutement des enseignants sur base d’un test.

« L’identification des zones rouges est importante étant donné qu’une partie de ce projet va consister à permettre au gouvernement de construire en urgence les salles des classes nécessaires à l’accueil de nouveaux élèves », a fait remarquer Jean Christophe Carret. Tout comme il est nécessaire qu’il y ait une charte de bonne conduite pour les enseignants du primaire, et que l’école soit exemplaire. Tout comme aussi, il faut que les nouveaux enseignants soient recrutés sur base d’un concours, du fait des disparités dans la qualité des enseignants du primaire. L’unité de projet est déjà en place au sein du ministère de l’EPST qui coordonne l’ensemble des projets dans l’éducation. Elle sera mise à contribution pour les aspects techniques. Quant aux aspects fiduciaires du Projet d’urgence sur l’équité et le renforcement du système éducatif, ils seront traités via le ministère des Finances. Le conseil d’administration de la Banque mondiale devra se prononcer sur cette question courant février.

La gratuité scolaire au primaire est une mesure phare de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la République. Selon Willy Bakonga Wilima, le ministre d’État à l’Enseignement primaire, secondaire et technique, la conséquence directe de cette mesure est qu’elle a provoqué un afflux de plus de 4 millions d’élèves. Il faut dire que cette mesure continuer de soulever une controverse sur son coût. 

Selon le député Christophe Lutundula Apala, le gouvernement n’a pas encore la capacité de dégager chaque mois 233 millions de dollars. Et il préconise un encadrement de la mesure pour sa réussite. « Personne n’est contre la gratuité de l’enseignement, c’est l’article 43 de la constitution. Nous devons féliciter le chef de l’État qui a déterré ce dossier qui était oublié et qui est déterminé à poursuivre en appliquant intégralement la gratuité de l’enseignement. Mais, il faut éviter l’effet de boomerang. Il faut éviter de dresser un piège dans lequel le chef de l’État et son gouvernement vont s’enfermer et qu’à la fin, on dise qu’il nous a trompés », a déclaré Christophe Lutundula.

Dans le projet de loi de finances pour l’exercice 2020 évalué à 10 milliards de dollars, 11,3 %, soit 1,13 milliard de dollars sont réservés à la gratuité de l’enseignement primaire. Il y a beaucoup de choses à résoudre maintenant : la situation des enseignants non encore rémunérés, des nouvelles unités, la réhabilitation et la construction de nouvelles écoles, ainsi que leur équipement, etc. Il faudra donc y aller progressivement, estiment des observateurs. Peut-être dans cinq ans, les problèmes seront résolus pour éviter les dégâts collatéraux qui impacteront la qualité de l’enseignement. Aujourd’hui, les dégâts collatéraux, ce sont par exemple les grèves des enseignants. La part allouée à la gratuité permettra de prendre en charge 542 834 enseignants. Un effectif du personnel enseignant de 410 220 était déjà pris en charge par le Trésor public. Aussi longtemps que le gouvernement n’a pas encore réussi à donner à un enseignant un salaire décent, la gratuité scolaire demeurera précaire, souligne un enseignant.