Des tradipraticiens pullulent

 Ils envahissent les médias audiovisuels et les quartiers, ces hommes et femmes de la médecine traditionnelle promettent de guérir toute sorte de maladie. La population kinoise est à la merci de tout leur dérapage.

La promotion des médicaments et autres produits curatifs ne peut se faire qu’à travers les officines spécifiques et autres centres de santé et non dans les médias

Michel Akuyake

La ruée vers cet art de guérir a occasionné la prolifération des maisons des soins ainsi que des tradipraticiens dans la ville de Kinshasa. Une véritable aubaine pour beaucoup d’entre-eux qui s’enrichissent. Docteurs, médecins, tradimodernes, tradipraticiens… chacun y va de son titre à faire prévaloir dans un secteur mal contrôlé.

Selon Michel Akuyake, chef de service à la Direction des établissements de soins, un service du Secrétariat général à la Santé s’occupant des tradipraticiens, «l’octroi de la licence de l’art de guérir à quiconque désirant exercer ce métier est soumis à certains préalables, notamment être affilié à une association des tradipraticiens agréée par l’Etat congolais. Cela est fait moyennant présentation d’une attestation d’affiliation.» Ensuite, poursuit-il, chaque tradipraticien est obligé de préciser sa spécialité, selon qu’il est herboriste, ritualiste, phytothérapeute, spiritualiste, exorciste, naturaliste et autres. En sus de cette identification, il est exigé que chacun déclare son niveau d’études et son mode d’acquisition de connaissance. « Est-ce par inspiration, rêve, héritage, apprentissage, observation, ou études qu’on est devenu tradipraticien ? » Toutes ces conditions remplies, le requérant est astreint de payer 25 dollars de frais administratifs, et 100 dollars de taxe avant toute obtention de la licence de l’art de guérir dûment signée par le secrétaire général à la Santé.

Malgré ces conditions, la réalité observée sur le terrain est tout autre. La grande majorité de ces maisons fonctionnent sans la licence d’autorisation. Elles opèrent dans la clandestinité, échappant ainsi au contrôle de l’autorité publique. Il suffit de faire un tour dans les différents quartiers de Kinshasa pour s’en rendre compte. Un tradipraticien à Limete dit ignorer la procédure à suivre pour exercer son métier. Par ailleurs, il y a aussi la vente de ces produits dans des marchés de Kinshasa. Ces commerçants échappent au contrôle des autorités. Ce laxisme expose dangereusement la population. Des pharmaciens de formation n’ont cessé de dénoncer la toxicité de ces produits traditionnels. Dans la plupart des cas, leur dosage n’est pas testé. Par exemple, une femme exerçant ce métier prétend avoir reçu une révélation divine. De ce fait, ses produits n’ont aucun problème de toxicité, car, soutient-elle, c’est Dieu qui lui révèle les plantes à utiliser ainsi que leur dose.