Des véhicules conçus par le génie africain existent

Ghanéens, Nigérians et Ougandais ont de bonnes raisons de se targuer de rouler dans des voitures conçues par eux, fabriquées chez eux et par eux. 

Turtle, Kantanka, Innoson, … des marques de véhicules authentiquement nigérians.
Turtle, Kantanka, Innoson, … des marques de véhicules authentiquement nigérians.

Loin de laisser le monopole de la fabrication des véhicules aux constructeurs occidentaux et asiatiques, certains Africains produisent leurs propres marques. L’industrie automobile « Made in Africa » est ainsi née. Le Ghana, le Nigeria, le Kenya, l’Ouganda…peuvent être comptés parmi ces pays africains producteurs de véhicules conçus par des Africains. Innocent Chukwuma, Nigerian, est l’un de ces constructeurs.

Chez lui à Nnewi, à quelque quatre cents kilomètres de Lagos, il fabrique des véhicules de la marque IVM en utilisant uniquement des pièces locales. Il n’importe que le moteur et le châssis. En 2014, le chiffre d’affaires de son entreprise était de 30 milliards de FCFA et sa production annuelle de 4000 véhicules. Malgré sa petite production, rien ne décourage IVM dans ses efforts de se tailler une bonne place parmi les grands de l’automobile.

Pour l’encourager à aller de l’avant, le gouvernement nigérian a pris la décision de surtaxer les véhicules importés.

Les Nigérians comptent déjà avec sa marque IVM, un véhicule « Made in Nigéria ». « Nous sommes la première chaîne de production de véhicules au Nigéria. Innoson Vehicle Manufacturing Company a été mandatée par le président de la République, Goodluck Ebele Jonathan. », se félicite Innocent Chukwuma.

La «Turtle»,  la «Kantanka»,  l’«Innoson»… 

Certains autres pays africains se démarquent en fabriquant leurs propres marques de véhicules. Il faudrait désormais, aux côtés de Toyota, Nissan… parler aussi de  la «Turtle»,  la «Kantanka»,  l’«Innoson»… Au Ghana, une ONG a fabriqué une voiture à partir de pièces de recyclage : la totalité de pièces utilisées pour le montage est de récupération. Tortue 1 est le nom de ce véhicule dont le concept a été lancé en 2009 et pour lequel la deuxième version serait à l’étude.  Ses inventeures indiquent que «c’est un véhicule hors normes qu’il est possible de regarder sous toutes les coutures, entre pick-up et 4×4 une voiture conçue et adaptée aux besoins locaux».

En Ouganda, ce sont plutôt des étudiants qui ont mis au point la Kiira EV Smack.  Inventée et développée par Kiira Motors Corporation (KMC), une compagnie ougandaise, cette voiture hybride a plusieurs caractéristiques : elle allie les performances  d’un moteur diesel et celles d’un moteur électrique.

Toutes ces inventions sont les fruits des efforts consentis par des Africains très courageux. La voiture « Kantanka », par exemple, est une création de Kwadwo Safo, fondateur et propriétaire du groupe Kantanka & Company. L’inventeur de l’IVM, le Nigérian Innocent Ifediaso Chukwuma, est un mécanicien ambitieux qui, avant de créer sa propre marque, a commencé sa carrière comme réparateur des motos.

La production de marques occidentales se porte bien en Afrique. Le Maroc talonne l’Afrique du Sud par rapport au nombre de véhicules produits annuellement. L’industrie marocaine de montage des véhicules monte en puissance parce que les autorités marocaines font de leur mieux pour davantage attirer des investisseurs dans ce secteur. Depuis 2012, pour avoir produit 108 743 véhicules, le Royaume chérifien occupe la première place au Maghreb, celle qui appartenait à l’Egypte. Selon un récent rapport de l’Oxford Business Group, le Maroc est actuellement le premier producteur automobile de la sous-région.

Maroc et Afrique du Sud, leaders

Dans sa politique d’attirer des investisseurs, le gouvernement marocain annonce la possibilité de voir des constructeurs japonais  comme Toyota  arriver au royaume d’ici 2016. Ce n’est pas tout. Le gouvernement français voudrait encore implanter une usine Peugeot à Tanger. L’allemand Volkswagen serait aussi en train de voir dans quelle mesure il peut y implanter ses usines. La proximité géographique qu’a le Maroc avec l’Europe lui donne l’avantage. Mais, il n’y a pas que le voisinage. Du point de vue assainissement du climat des affaires, le Maroc a assoupli ses conditions fiscales de telle manière qu’elles sont plus attrayantes pour beaucoup de constructeurs automobiles.

Néanmoins, l’Afrique du Sud garde toujours une longueur d’avance. C’est depuis des années que la production qui sort de ses usines se chiffre à plusieurs centaines de milliers. En 2012, elle a produit 539 538, en 2013, 550 000 et il était prévu pour  2014 qu’elle augmente sa production de 11%, soit 611 000 véhicules. Selon les autorités sud-africaines, l’ambition qu’elles ont d’ici 2020 est de fabriquer 1,2 million de véhicules par an.

Dans certains pays d’Afrique, la production automobile est un souvenir lointain. En  RDC, les pillages ont poussé certains constructeurs à se déplacer. En 1991, les pillages des installations de General Motors, qui étaient implantées à Masina, ont contraint le constructeur de quitter le pays. Dès lors, c’est en Afrique du Sud et en Egypte que GM s’est implantée.   En 2013, le gouvernement congolais a signé un protocole d’accord avec Hyundai Motors Company, pour la construction d’une usine d’assemblage et de montage, à Kinshasa, de véhicules Hyundai.

Outre les véhicules montés et fabriqués en Afrique, nombreuses sont les agences qui se livrent au commerce de  véhicules japonais d’occasion. Grâce à l’une de ces agences, on peut, avec 700 dollars, passer la commande d’une Suzuki Swift ou d’un bus Toyota Coaster à 10 000 dollars. Entre autres agences, il y a Be Forward, qui inonde le marché avec des véhicules munis d’un volant à droite.