Dette interne, l’étau se resserre

Le gouvernement a prévu, dans le cadre de l’exercice budgétaire 2016, de payer 2,3 milliards de francs au titre de la dette intérieure. Le « Club de Kinshasa » ou le Collectif des fournisseurs de l’État est monté au créneau. Il accuse l’exécutif de faire l’impasse sur le paiement de la dette interne depuis huit ans. Nombre de petites et moyennes entreprises (PME) appartenant à des nationaux ont dû mettre la clé sous le paillasson. Les nationaux se plaignent que des opérateurs économiques étrangers soient payés, et souvent pour des dossiers jugés « juteux », avec facilité.

Dans les provinces, les créanciers sollicitent l’intervention du vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Évariste Boshab Mabudj, pour le paiement de leurs factures avant l’élection des gouverneurs des provinces issues du découpage territorial. L’encours de la dette intérieure est de plus d’un milliard de dollars, selon à la Fédération des entreprises du Congo (FEC). Les créances ordinaires sur l’État se sont accumulées au fil des ans. Sous Muzito, le gouvernement avait  effectué, en 2009, un dépassement de 502% dans le paiement de la dette intérieure. Dans le cadre des budgets 2013 et 2014, le gouvernement avait prévu 90 millions de dollars pour désintéresser les créanciers internes. À l’Assemblée nationale, les avis sont partagés. Certains députés souhaitent que le gouvernement paie progressivement les créances qui ont été certifiées. D’autant plus que, sur le plan économique, l’apurement de la dette intérieure apporte une bouffée d’oxygène aux entreprises et à la consommation. D’autres proposent la mise sur pied d’une commission ad hoc avant tout paiement, dans les limites des moyens disponibles. Ils avancent que, dans ce dossier, il y a à boire et à manger car l’identification même des vrais créanciers et de la hauteur de leurs créances est problématique.

Dans tous les cas, estime la majorité des députés, il faut lever une option dans l’intérêt général des Congolais. Toute dette intérieure ne l’est point du tout, explique un expert du département de la trésorerie de la Direction de la gestion de la dette publique. Il est des véritables dettes intérieures telles que les emprunts auprès des banques et des arriérés budgétaires résultant, par exemple, du non-respect des échéances de financement des travaux ou des services prestés pour le compte de l’État par des tiers. Les arriérés budgétaires ont été faussement transformés en dette intérieure. Les preuves des créances fictives sont archivées à la DEGEDEP. Elles concernent particulièrement des écoles, des ponts et autres infrastructures prétendument réhabilités à l’Est. Les audits réalisés par Klynveld Peat Marwick Goerdeler (KPMG) et Price Water House Coopers ont souvent tourné à la routine. Naturellement, les deux cabinets ont certifié toutes les dettes sur la base de simples documents. Pourtant, cette direction est le passage obligé pour les entreprises privées. C’est elle qui juge, à partir de données statistiques financières, si l’État ou une entreprise est capable de rembourser sa dette en respectant les échéances. Elle n’est plus associée à toutes les tractations financières engagées par l’État. Pourtant, explique un fonctionnaire de cette direction, il y a des dettes réclamées par des partenaires extérieurs qui sont fictives. Telles que l’électrification de la voie ferrée Matadi-Kinshasa et les turbines livrées par une firme belge dans le cadre du projet Inga II.