D’habitude mois de surprises, août s’annonce très chaud pour les places financières

Le huitième mois de l’année s’ouvre avec le stress. Entre la guerre commerciale sino-américaine, la configuration de la reprise et les avancées thérapeutiques, les données macroéconomiques montrent que la plus grande économie du monde s’est contractée sévèrement de 32,9 % au 2è trimestre.

PRUDENCE, c’est le maître-mot chez les investisseurs qui concentrent leurs achats sur les stars de la technologie, au zénith de leur histoire, alors que tout un pan de l’économie (industrie, tourisme, automobiles,..) souffre dangereusement. Selon les analystes, les parcours indiciels ont évolué en dents de scie la semaine dernière. Les espoirs d’un plan de relance aux États-Unis sont venus se télescoper avec des publications plus heureuses outre-Atlantique (merci les GAFAM) qu’en Europe. Dans ce contexte avec une crise sanitaire qui se prolonge, la prudence s’impose, au moment où les opérateurs seront moins présents devant leurs écrans.

Indices

Avec un effet miroir, le Nikkei a accusé la semaine dernière une perte de 4,58 % alors que le CSI 300 (Bourse de Shanghai) a signé une performance de 4,20 %. Le Hang Seng est, quant à lui, quasi à l’équilibre sur la période avec -0,45 %. Dans le sillage de la semaine précédente, les indices européens continuent de céder du terrain. L’Espagne connaît la plus forte baisse (-5.3 %) suivie par l’Italie (-4.4 %). Les deux pays latins sous-performent ainsi l’Euro Stoxx 50 (-3.7 %). Le Footsie (-3.4 %) et le DAX (-3.9 %) suivent de près les variations de l’indice européen. Le CAC fait office de « bon élève » sur la période (-3 %). Mais la palme de la plus forte résilience revient à l’OMX Stockholm 30 qui n’a cédé que 2.4 %. 

Outre-Atlantique, les indices ne semblent pas prendre la même direction que l’Europe, sauf peut-être le Dow Jones (-1.1 %). Le S&P a été en légère hausse (+0,5 %) le vendredi 31 juillet à la clôture. Seul le NASDAQ a brillé la semaine dernière, comme à son habitude, avec une accélération haussière de plus de 2.7 %.

Matières premières. Si la volatilité est montée d’un cran la semaine dernière en raison d’éternelles interrogations entourant l’état de la demande de brut, les prix pétroliers se sont finalement stabilisés. Le WTI s’est négocié effectivement à 40.3 dollars, tandis que le Brent s’est maintenu au-dessus de 43 dollars le baril. Si l’argent n’a pas réalisé un plus haut historique cette semaine, il a le mérite d’avoir inscrit un plus haut annuel à 26.19 dollars. Aidés par la faiblesse du dollar, les métaux industriels inscrivent une séquence hebdomadaire positive, à l’image du plomb et de l’aluminium qui progressent de respectivement 1.9 % et 1.6 % à 1 841 dollars et 1 681 dollars la tonne métrique.

Marchés actions. Après avoir connu un boom lors de la légalisation du cannabis au Canada en 2018, le secteur a vite dégonflé et a été malmené jusqu’à très récemment. Néanmoins, la tendance est à la libéralisation et la légalisation devrait s’étendre à d’autres économies et même s’accélérer avec la crise du Covid-19. Curaleaf Holdings, coté au Canada, n’opère qu’aux États-Unis. À ce jour, une trentaine d’États américains autorisent le cannabis à but médical et douze ont légalisé la vente de marijuana à usage récréatif. 

Avec une présence dans 23 États, et un réseau de distribution de 88 magasins, l’opérateur de cannabis sert aujourd’hui plus de 350 000 patients. Curaleaf privilégie une croissance externe (rachat de Grassroots et de Select) ce qui lui confère une intégration verticale pour contrôler toutes les étapes de la chaîne de valeur, de la culture à la distribution. La société a réalisé un chiffre d’affaires de 221 millions de dollars en 2019, soit une croissance exponentielle de 1 045 % par rapport à 2017. Mais l’entreprise continue de perdre de l’argent avec un cash-flow libre négatif de 120 millions de dollars, expliqué par sa stratégie de rachats de concurrents.

En Bourse, le titre Curaleaf a perdu près de 74 % entre son plus haut de 2019 et son plus bas de mars 2020. Mais l’action s’est très vite reprise avec une accélération haussière de 188 %. Dans le cadre de son portefeuille USA réel, Zonebourse a acheté le titre avec un gain latent de 40 % à ce jour.

Marché obligataire. Les acteurs du marché sont en proie à une certaine perplexité comme le prouve la baisse complémentaire des rendements des emprunts souverains. Le bund allemand s’enfonce dans le négatif à -0.55 % et se rapproche du taux suisse à 10 ans (-0.58 %). L’OAT française duplique ce parcours sous le zéro avec une rémunération de -0.22 %. Profitant de cet engouement sur les titres d’États européens (ce qui participe à la hausse de la monnaie unique), l’Italie voit le rendement de sa dette à 10 ans tombé sous le 1 % et l’Espagne payer 0.3 % d’intérêt sur son obligation à échéance équivalente. Même la Grèce voit ses conditions d’emprunt avantagées avec un taux de 1.05 %. De l’autre côté de l’Atlantique, les investisseurs privilégient aussi le marché de la dette publique avec une forte demande sur le Tbond qui voit sa rémunération tombée à -0.55 %.

Marché des changes

Les « bearishs » sur le dollar pourront se réjouir du dernier tweet du président Donald Trump, évoquant l’idée de reporter les élections de novembre prochain. Même s’il a démenti par la suite, cette annonce a, en effet, accéléré la chute du billet vert, entamée il y a 4 mois. Le dollar se traite sur les bases de 1 1830 dollars, contre la monnaie unique, un plus bas depuis mai 2018 et validant une baisse d’environ 9,5 % depuis son sommet de 2020 atteint en mars au milieu de la crise sanitaire en Europe. 

De son côté, le câble (GBP/USD) a progressé sensiblement à 1.63 dollars (+300 points de base). Fitch vient de notifier le rating actuel de triple « A » du Japon, mais avec un préavis négatif pour le futur. L’agence s’attend à une contraction de 5 % de l’économie nippone en 2020 avant un rebond de 3.2 % l’année prochaine. Sur la nouvelle, Le yen s’est affaibli contre l’euro (124.20 JPY) mais a encore gagné du terrain contre le dollar (104.60 JPY), soit 300 points de base sur la semaine.

Statistiques économiques. La semaine dernière, les statistiques étaient focalisées sur les PIB des principales économies pour le deuxième trimestre. Aux États-Unis, on a observé une chute record de 32.9 % en glissement trimestriel. Au sein de la Zone euro, la baisse n’était « que » de 12.1 %, avec -13.8 % pour la France, -18.5 % pour l’Espagne et -12.4 % pour l’Italie. Les publications concernant le chômage ont eu également lieu la semaine dernière. L’Espagne a publié les données du T2, à 15.33 %. L’Allemagne, l’Italie et la Zone euro ont, pour leur part, communiqué les chiffres du mois de juin, à respectivement 6.4 %, 8.8 % et 7.8 %. Outre-Atlantique, on a constaté une deuxième semaine de hausse des inscriptions hebdomadaires au chômage, à 1434K, contre 1422K la semaine précédente.

Toujours aux États-Unis, on a observé une belle hausse des commandes de biens durables au mois de juin, à 7.3 %, marquée par une progression de 85.7 % du secteur automobile. Sur place, la confiance des consommateurs s’est quelque peu détériorée, à 92.6, contre 98.3, rythmée par un accroissement des tensions sino-américaines et une accélération du virus. En Allemagne, l’Indice IFO du climat des affaires a bondi au mois de juillet, à 90.5, contre 86.3 au mois de juin. Enfin concernant l’Asie, les PMI chinois du mois de juillet sont ressorties à 51.1 pour l’industrie manufacturière et à 54.2, pour l’industrie non manufacturière.