dustrie La relance de la CILU et la Sucrerie de Kiliba à l’ordre du jour

Selon des sources du ministère du Portefeuille, l’option a été levée pour la reprise des activités dès 2018. Mais les crédits sollicités par les experts quant à ce, ont été considérablement réduits. 

 

De 27 249 312 501 francs sollicités par le ministère du Portefeuille, juste 11 000 000 000 FC ont été retenus. Les deux projets ont, en effet, été reconduits dans le cadre du budget 2018. Le ministère du Portefeuille les avait en réalité mis dans le pipeline pour l’exercice 2017dans le cadre de ses investissements sur ressources propres. Quelque 888 772 508 FC ont été prévus dans la loi de finances publiques pour l’exercice 2017. Mais jusqu’à fin novembre aucun centime n’a été décaissé par le gouvernement.

Des observateurs s’interrogent pourquoi le gouvernement préfère réhabiliter la Cimenterie de Lukala (CILU) dans le Kongo-Central, une cimenterie privée au détriment de la Cimenterie nationale (CINAT) implantée dans la localité de Kimpese la même province. Toutes les tentatives de sa privatisation partielle ayant abouti à l’échec. La Cimenterie de Lukala a renvoyé, fin mars, une trentaine de ses agents pour motif de faillite. C’est depuis 2015 que cette cimenterie a réduit sa production de 50 % et la baisse de la production a alourdi les charges d’exploitation de l’entreprise, souligne des sources, qui précisent que face à cette situation, la CILU n’arrive plus à répondre aux charges sociales de son personnel.

À ce jour, deux nouvelles cimenteries privées ont vu le jour d ans le Kongo-Central. Il s’agit de PPC Barnet et CIMKO dont la production en 2017 est projetée respectivement à 1 million et 1,2 million de tonnes de ciment gris. De facto, elles sont des concurrentes de la CILU et la CINAT sur le marché du BTP en République démocratique du Congo. Pour le directeur général de la Cimenterie de Lukala, Ola Ora, les effets de la concurrence se font déjà sentira. D’après lui, la CILU devait arrêter en avril la production du ciment gris. Cette décision, à en croire le DG de CILU, a été prise à cause d’une concurrence déloyale dont elle fait face depuis décembre 2015 des produits importés via Lufu. L’arrêt du four s’est naturellement accompagné d’une période de congé technique pour 92 agents sur les 350 employés permanents.

Cette disposition, a-t-il fait remarquer, reste en vigueur  jusqu’à la normalisation de la situation sur le marché, a fait comprendre le DG de la CILU. Ola Ola a indiqué que même la sous-traitance est aussi affectée par cette déconfiture. La balle se trouve dans le camp des autorités du pays, a-t-il laissé entendre, pour  prendre des décisions qui s’imposent en vue de sauver la CILU. Par ailleurs, le ministère de l’Industrie sous le cabinet Badibanga avait ficelé un rapport complet sur la situation de la CINAT.

En février, le gouvernement a donné des assurances aux responsables de trois nouvelles unités de production de ciment gris du territoire de Songololo, Nyumba ya Kiba, PPC Barnet et CIMKO, quant aux mesures d’accompagnement pour écouler leur production sur le marché local envahi par des importations turques, chinoises… Ces entreprises ont sollicité en effet la suspension des importations du ciment pour une durée de six mois, le renforcement des mesures de lutte contre la fraude, les allègements fiscaux ainsi qu’un accompagnement consécutif en termes de logistique, afin de permettre une bonne distribution de leur production.

Leny Ilondo, administrateur de PPC Barnet, a indiqué que le secteur de la cimenterie locale est victime des fraudes continues qui ruinent tous les efforts du gouvernement dans cet investissement consenti pour produire un ciment de meilleure qualité et à un prix extrêmement compétitif. Le gouvernement avait pourtant, en 2015, conditionné l’importation du ciment gris en RDC par la détention d’un contrat-programme signé entre l’opérateur économique intéressé par l’activité et le ministère de l’Économie nationale. Le ministre chargé de l’Économie, à l’époque, Modeste Bahati Lukwebo, avait expliqué, en son temps, que cette mesure avait été prise pour lutter contre la fraude sur les importations du ciment gris.

À l’en croire, cette fraude préjudiciait le climat des affaires et l’essor économique du pays. Par ailleurs, selon les chiffres officiels, le besoin en ciment gris en RDC est estimé à environ 3 millions de tonnes par an alors que la production locale annuelle ne dépasse pas 500 000 tonnes. Pour combler ce grand écart, plusieurs partenariats public-privé ont été signés. Après les élections de 2006, le gouvernement avait décidé d’exonérer les importations de ciment gris pour soutenir le programme de construction des infrastructures connu sous l’appellation « 5 chantiers ». Mais certaines de ces entreprises bénéficiaires de ces partenariats ont profité de ces exonérations pour importer du ciment destiné à la commercialisation.