En dépit de la guerre, les circuits du café sont restés très actifs

La plantation/replantation de 1000 ha par an à l’horizon 2030 est un objectif très raisonnable. Il permettrait d’atteindre une production de 10 000 à 12 000 tonnes supplémentaires et une production totale d’environ 20 000 tonnes contre 10 000 tonnes actuellement, soit un taux de croissance de plus de 7 % par an.

Le café arabica est exclusivement cultivé dans le Nord et Sud-Kivu dont le climat est y très favorable. Au début des années 1960, la production était d’environ 15 000 tonnes, provenant surtout des plantations établies par les colons, mais aussi de celles des paysans. Avec la politique de nationalisation, « zaïrianisation », de nombreux domaines ont été abandonnés, mais les plantations des petits exploitants ont continué à se développer. En 1989, les exportations d’arabica montaient encore à 20 000 tonnes.

Les superficies en production, et la production elle-même, ont cependant décliné fortement à partir de 1990 à cause de la guerre qui affecte encore le Kivu. Les exportations officielles sont tombées à moins de 4 000 tonnes en 2003 avant de rebondir (7 000 tonnes en 2008) grâce à l’amélioration des conditions de sécurité dans les régions de production. On estime qu’il existait en 2006 environ 75 000 ha de plantations de café arabica dont plus de 85 % des petites plantations de moins de 5 ha (environ 70 000 planteurs). Les domaines de plus de 50 ha ne représentent quant à eux qu’une petite partie du total (3 %, soit 2 000 ha).

Les rendements sont extrêmement bas, entre 150 et 300 kg à l’ha, à cause du vieillissement et de la faible densité du verger, du manque d’accès aux variétés améliorées et de mauvaises pratiques culturales. La qualité est aussi médiocre : seul 1,6 % de la production se classe dans les meilleures catégories K1 à K3 contre 43,6 % dans les années 1950. La conséquence est la décote importante du produit sur le marché international. Certains grands domaines tel que le domaine de Katale (Goma) importent des variétés performantes des pays voisins, mais l’immense majorité des (petits) producteurs n’ont accès ni à du matériel végétal sélectionné ni au conseil dont ils ont besoin.

Les programmes de recherche (INERA) se sont arrêtés au début des années 1990 et l’Office national du café (ONC) se cantonne au contrôle des exportations. Les exportations officielles se montaient en 2006 à 4 500 tonnes, auxquelles il faut cependant ajouter un volume au moins équivalent d’exportations frauduleuses (sur le Rwanda et l’Ouganda) à cause de la taxation formelle et informelle élevée prélevée sur les exportations officielles. La production totale actuelle est estimée à au moins 10 000 tonnes de café marchand. La plus grande partie des exportations se fait sous forme de café en parche pré-séché, vendu à des acheteurs rwandais ou ougandais qui l’usinent alors en café marchand.

Il existe encore au Kivu une dizaine de domaines qui semblent intéressés à réhabiliter leurs plantations et relancer le traitement par voie humide de leur propre production, mais aussi de celle des petits planteurs environnants (ce qui permettrait de produire du « fully washed » de très bonne qualité) et qui pourraient à moyen terme aussi servir de relais pour offrir aux petits producteurs l’accès au matériel végétal et au conseil. La plantation/replantation de 1000 ha par an à l’horizon 2030, un objectif très raisonnable, permettrait d’atteindre une production de 10 000 à 12 000 tonnes supplémentaires et une production totale d’environ 20 000 tonnes contre 10 000 tonnes actuellement, soit un taux de croissance de plus de 7 % par an.

Les circuits de commercialisation sont restés très actifs en dépit de la guerre. Il est important d’améliorer la qualité par de meilleures pratiques culturales. Le coût d’établissement des plantations industrielles est estimé à environ 1 300 dollars et celui des plantations paysannes à 400 dollars/ha hors main d’œuvre (essentiellement pour l’achat de plantules).

La filière café robusta a longtemps été un secteur clé de l’économie nationale et une source de revenus considérables à la fois pour l’économie nationale et pour un grand nombre de petits planteurs qui étaient responsables de prés de 90 % de la production totale. À la fin des années 1980, elle occupait prés de 800 000 ménages agricoles (représentant environ 5 millions de personnes), essentiellement dans l’Équateur et la province Orientale.

Aujourd’hui, les exportations officielles (107 000 tonnes en 1989) ont chuté à environ 7 500 tonnes, auxquelles s’ajoutent des exportations illégales vers les pays limitrophes (Tchad, Soudan, Centre Afrique) d’un volume équivalent. On estime la production annuelle totale à 15 000 tonnes de café marchand. La superficie totale des plantations de café, ou de celles encore en production, n’est pas connue mais il est évident qu’une grande partie des plantations a été abandonnée. Avec des rendements moyens d’environ 150 kg/ha, la production ne devrait pas être supérieure à 100 000 ha. Les principales provinces productrices sont le Kongo-Central, le Bandundu, le Kasaï-Oriental, l’Équateur et, dans une moindre mesure la province Orientale.

Bien que certaines plantations industrielles se soient maintenues jusqu’a aujourd’hui, la production est très largement dominée par les petites plantations (90 % de la production totale). L’âge moyen des plantations est très élevé (35-40 ans). Certaines plantations agro-industrielles sont assez bien entretenues mais toutes souffrent du manque de main- d’œuvre. Les exploitations industrielles commercialisent elles-mêmes leur production (ventes aux exportateurs ou au torréfacteur pour le marché national).

La plupart des usines restant en activité sont très vétustes. Elles ont une efficacité très faible et ne peuvent en général respecter les normes technologiques. En conséquence, le café robusta de la RDC, jadis réputé pour sa haute qualité, subit aujourd’hui une importante décote sur le marché international. Selon des prévisions, le prix bord champ étant faible, probablement pas plus de 25-30 % du prix FOB du produit, ces bas prix représentent une contrainte très forte au développement de la production. Toute relance de la production devra impérativement privilégier une amélioration de la qualité à chaque niveau de la filière ciblant la production de robusta « washed » (lavé).