En voulant réduire les emplois chez Opel, PSA fait grincer les dents

Au total, 3 700 suppressions de postes sont envisagées. C’est ce que le constructeur automobile français réclame en Allemagne, selon le conseil d’entreprise du constructeur automobile allemand. La chancelière Angela Merkel a dû monter au créneau.

 

Des mesures qui promettent de faire mal. PSA exige la suppression de 3 700 emplois chez Opel en Allemagne d’ici à 2020, a affirmé Wolfgang Schäfer-Klug, le président du conseil d’entreprise du constructeur automobile allemand, racheté en 2017 par le groupe français. Il a toutefois ajouté que des plans de retraite anticipée et d’autres mesures ont déjà entraîné la disparition de 2 000 postes. « Environ 2 000 personnes ont accepté de partir et il est probable que 2 000 personnes supplémentaires accepteront des plans de départ », a souligné Wolfgang Schäfer-Klug dans une conférence de presse. « Ce qui manque, c’est une vision claire de l’avenir pour Opel en termes d’utilisation des capacités de production et de garanties en matière d’emploi au-delà de 2020 », a-t-il déploré cependant.

Des discussions en cours

La chancelière allemande était montée au créneau sur le dossier Opel. Exceptionnel. Lors d’une conférence de presse mercredi 18 avril à l’issue d’une rencontre avec des chefs de gouvernement des Länder de l’ex-RDA, Angela Merkel a déclaré : « le gouvernement fédéral, avec les autorités du Land (de Thuringe), se sent obligé de faire sa part (de chemin) pour l’aider », ajoutant: « des discussions sont en cours ». L’avenir de l’usine d’Eisenach – un ancien site du constructeur est-allemand Wartburg – est en suspens.

Les partenaires sociaux avaient auparavant rejeté des concessions salariales. La direction d’Opel veut convaincre le syndicat IG Metall de renoncer à une hausse de 4,3 % des salaires, en contrepartie d’un nouvel investissement pour un nouveau modèle. Selon le magazine Der Spiegel, le constructeur pourrait  en cas d’échec des discussions réduire les effectifs de l’usine d’Eisenach à un millier de personnes (contre 1 800). Le groupe français a proposé de produire sur place un nouveau « SUV », mais les représentants syndicaux craignent que les ventes de ce modèle ne suffisent pas à assurer la survie du site et ils réclament des garanties supplémentaires. « Ils essaient de nous faire du chantage », a précisé Berthold Huber, un dirigeant d’IG Metall, membre de l’équipe de négociation d’Opel. Lors d’un entretien téléphonique en février 2017 avec la chancelière allemande, Carlos Tavares s’était engagé à ne procéder à aucun licenciement. Mais l’échéance était… à fin 2018.

Des coûts deux fois supérieurs

« Nos coûts de production sont deux fois supérieurs à ceux de PSA », reconnaissait début mars  Michael Lohscheller, le PDG d’Opel, dans un entretien à Challenges. « Avec General Motors (ancien propriétaire de la firme allemande), c’était très compliqué, avec des coûts logistiques très supérieurs. Nous sommes aussi en Allemagne, un pays cher », soulignait au salon de Genève le patron du constructeur de Rüsselsheim, racheté par PSA début août 2017 pour 1,3 milliard d’euros (hors filiale financière), et qui « perd de l’argent depuis 1999 » ! Il faut « réduire fortement les coûts, de 700 euros par véhicule d’ici à 2020 », martelait le PDG.  

Pour afficher une marge de 2 % en 2020 dans les activités automobiles – tel est son objectif -, Michael Lohscheller exclut a priori licenciements et fermetures d’usines au sein d’Opel – qui compte 38 000 salariés, dont la moitié en Allemagne. Mais une étude du centre de recherche automobile de Duisbourg-Essen (CAR) assurait en 2017 que la firme allemande devrait supprimer 6 000 emplois pour être compétitive… 

Le PDG mise sur un plan de pré-retraites volontaires. « Nous recueillons un grand intérêt des salariés », soulignait le patron d’Opel qui négocie lui-même avec les partenaires sociaux. Il table aussi sur la réduction du temps de travail et une diminution de la surface des usines de 25 %. Avec des plans notamment à Eisenach. Le ratio voiture produite par salarié chez Opel « est de 20 à 30 % inférieur à celui de PSA et tout ça alourdit les coûts des véhicules », a expliqué Yann Vincent, directeur industriel de PSA. Opel a déjà annoncé des départs d’effectifs dans les usines d’Opel en Pologne et Hongrie. Sa marque sœur britannique, Vauxhall, a pour sa part annoncé une réduction d’un quart des effectifs dans son usine d’Ellesmere Port. « Il faut ajuster les effectifs aux volumes de production », précise Yann Vincent, qui ajoute: « nous ne mettrons de nouvelles voitures dans les usines que s’il y a un bon niveau de performance. »