Entente cordiale entre la RDC et l’Angola

Entre Kinshasa et Luanda, il n’y a aucun nuage, comme d’aucuns le laissent entendre. L’état des relations bilatérales a été au centre de l’entretien que le président angolais a accordé au ministre des Affaires étrangères congolais. Jugez plutôt.

Le vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration régionale, Léonard She Okitundu, a effectué le 15 mars une visite de travail à Luanda, capitale de la République d’Angola. Il a été porteur d’un message du président de la République, Joseph Kabila Kabange, à son homologue angolais, José Eduardo Dos Santos, qui est actuellement le président en exercice de la Conférence international sur la région des Grands Lacs (CIGRL) et président de la Commission politique et diplomatie de la Communauté des États d’Afrique australe (SADC).

Au cours de cet entretien qualifié de « cordial et chaleureux » de plus d’une heure au palais présidentiel de Luanda, en présence du ministre angolais des Relations extérieures, Léonard She Okitundu a informé le président angolais de l’évolution de la situation politique en République démocratique du Congo, plus particulièrement sur la dernière étape pour la conclusion de l’accord politique du 31 décembre 2017 signé entre la Majorité, l’Opposition et la Société civile sous la houlette de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) mandatée par le président de la République, Joseph Kabila.

Tour d’horizon de la situation

L’émissaire du chef de l’État s’est appesanti sur les contours de l’« arrangement particulier », qui fixe les modalités d’application de cet accord dont deux points demeurent sujets à discussion, à savoir la désignation du président du Conseil national de suivi de l’accord et les modalités de désignation du Premier ministre. Léonard She Okitundu a rassuré le président de la République d’Angola de la bonne foi des parties prenantes au processus du dialogue politique national inclusif à conclure cette ultime étape pour une gestion consensuelle de la période préélectorale. Sur les préparatifs électoraux, le président angolais a été informé de l’évolution positive de la constitution du fichier électoral dont le nombre d’enrôlés est actuellement de 19 millions ainsi que de la bonne tenue des décaissements financiers du gouvernement en faveur de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Autre point évoqué par le vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration régionale, la sécurité dans la sous-région avec la résurgence des ex-M23 qui ont tenté des incursions repoussées par les forces de défense et de sécurité congolaises, en violation des engagements de certains pays-signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, notamment l’Ouganda, qui doivent être rappelés à l’ordre. La question du renouvellement du mandat de la Mission de l’ONU pour la stabilisation du Congo (MONUSCO) a aussi été discutée. Kinshasa qui ne s’oppose pas au renouvellement du mandat de la MONUSCO, souhaite néanmoins une adaptation des troupes onusiennes à la nouvelle forme de menace des groupes armés et mouvements terroristes de la région, à savoir une guerre asymétrique qui nécessite un renforcement logistique de la Brigade d’intervention et un redimensionnement global des troupes.

Sur les questions bilatérales, l’émissaire de la RDC a exprimé le souhait du président Kabila de renforcer les relations économiques avec les projets communs sur l’exploitation pétrolière, les transports et le commerce. Une trilatérale RDC-Angola-Afrique du Sud est prévue à cet effet, courant avril, pour relancer les projets communs d’intégration régionale. Pour sa part, José Edouardo Santos a salué la communication précise lui faite par l’émissaire congolais,  encouragé les parties prenantes au dialogue à œuvrer pour un compromis final sous la houlette du président Kabila et les bons offices de la CENCO. Il a affirmé la solidarité de l’Angola envers la République démocratique du Congo et sa disponibilité à concrétiser le renforcement économique souhaité ainsi que sur d’autres points à discuter ensemble.

S’exprimant au sortir de l’audience au cours d’une conférence de presse conjointe, le ministre angolais des Relations extérieures a affirmé que les relations entre la RDC et l’Angola étaient au beau fixe, des partenaires majeurs liés par la position géographique, l’histoire et les peuples. Il n’y a donc aucun nuage entre Kinshasa et Luanda comme d’aucuns le spéculaient.