Entente technique entre la GIZ et l’IFOD

En scellant un partenariat d’accompagnement en matière d’inclusion financière avec la GIZ, la SMF IFOD veut sortir de la routine et aller vers les produits innovants. L’institution peut compter sur le réseau de l’Église catholique, véritable toile d’araignée, pour offrir rapidement des services de proximité. 

 

À la SMF IFOD (Institution financière pour les œuvres de développement), on ne manque pas d’ambition. Comme toute jeune organisation, on écoute et on prend expérience sur les autres. C’est même la force de caractère de cette institution de microfinance créée en février 2014 à l’initiative des évêques catholiques de la République démocratique du Congo, agréée par la Banque centrale du Congo (BCC) en juin 2015 et devenue opérationnelle seulement en juin 2016. 

En fait, l’ambition affichée de l’IFOD, c’est de promouvoir l’inclusion financière et de conduire des actions de développement social et économique en faveur des pauvres actifs (populations démunies), principalement les femmes et les jeunes. L’institution a reçu mission de ses actionnaires, tous congolais (particuliers, organismes et conférence nationale épiscopale), de rendre des services de proximité, sans distinction de religion, ni d’âge ni de culture, aux populations de l’arrière-pays où la bancarisation est encore faible, en dehors de Kinshasa et des provinces de l’Est.

En quelque 2 ans d’activités, l’IFOD est présente à Kinshasa, avec une agence principale et deux agences secondaires, et elle va l’être très bientôt à Lubumbashi. Puis, avant la fin de l’année, viendra le tour de l’ouverture des agences de Mbandaka et de Budjala, selon le plan de développement prévisionnel 2020. La préoccupation des dirigeants de cette société de microfinance est de la hisser rapidement au rang des institutions financières les plus importantes du pays sur plusieurs critères, tels que le nombre des clients, la gamme de produits et services offerts à la clientèle, l’inclusion financière, etc., bien sûr en répondant aux besoins réels des populations. 

Accord de partenariat

Et cette volonté d’être partout, vraiment partout à travers le pays, a été confirmée le mercredi 25 avril par la signature, au siège de l’IFOD à Kinshasa, d’un accord de partenariat avec la GIZ (coopération allemande). En guise de partenariat, il s’agit en fait d’une entente technique. La GIZ s’engage, à travers son Programme de développement du système financier en RDC (PDSF), à apporter à l’IFOD son expertise technique et à lui transférer les compétences. L’accompagnement technique consiste à « aider l’IFOD à développer des produits innovants, efficaces et rapides ».  Au cours de la conférence de presse en marge de la signature de l’accord-cadre du partenariat, le conseiller technique principal du PDSF-GIZ, Yoro Ndiaye, a souligné que ce partenariat est le premier du genre. L’IFOD a été sélectionnée sur la base d’un « critérium sévère » à travers l’étude du marché réalisée par le cabinet Feza House pour le compte de la GIZ. Yoro Ndiaye a également indiqué que le partenariat qui va durer 18 mois, a pour objectif principal de permettre aux TPE, PME et aux ménages à faibles revenus d’accéder aux produits formels de crédit. Il a aussi expliqué que l’accompagnement technique de la GIZ s’articule autour de trois axes : d’abord l’étude et l’écoute du marché pour proposer des produits ; ensuite, l’appui technique aux dirigeants de l’IFOD ; et enfin la mise en place d’un mécanisme de gestion des plaintes de la clientèle. 

Comme l’a dit le directeur général de la SMF IFOD, Bruno Miteyo Nyenge, le partenariat est avant tout un « enrichissement mutuel » des parties prenantes qui concourent à un même objectif. Il a rappelé la vocation de l’IFOD qui est de rendre service, dans la mesure du possible, à tous ceux qui sont dans le besoin, avec l’option préférentielle pour les pauvres (TPE, PME et ménages) qui sont dans l’informel. Il a aussi rappelé que son institution a commencé comme toutes les autres avec des produits financiers classiques (épargne et crédit) mais ayant des « caractéristiques propres » qui résultent de la « matrice concurrentielle » afin de se mettre dans une situation privilégiée, rendre service et d’offrir des produits pertinents qui profitent réellement aux bénéficiaires. 

L’Église cathos et son réseau, un atout

Puisque le partenariat avec la GIZ porte sur les produits innovants, comment sortir de la routine ? Comment être efficace et se donner des services de proximité les plus rapides ? Bruno Miteyo a estimé que l’IFOD est à même de gagner le pari de l’inclusion financière : « Elle est assise sur une grande institution dont elle bénéficie des opportunités importantes. » Véritable toile d’araignée, l’Église catholique, ce sont 47 diocèses, 1 500 paroisses, 10 000 communautés ecclésiastiques de base. En termes de poids socio-économique, l’Église catholique pèse 40 % des services de l’éducation, plus ou moins 45 % des services de santé, 50 % des services sociaux et 58 % de la population. Ce qui fait d’elle une grande force dans le pays en termes de mobilisation de la population. Autant d’atouts dont pourrait se servir l’IFOD pour être plus efficace au service des plus démunis. 

En effet, le réseau de l’Église catholique couvre tout le territoire du pays et présente une « capillarité » dans les coins les plus reculés. Bref, il constitue un outil et un espace de travail pour l’IFOD afin de se déployer rapidement partout. Cependant, il y a des défis à relever. Premier défi : le renforcement de l’institution, notamment dans sa gouvernance pour atteindre des performances (besoin de ressources humaines, de moyens d’action…). Deuxième défi : l’extension géographique en sachant ce qu’il faut faire. Troisième défi : le renforcement de la capacité de mobilisation des ressources financières.

Ce partenariat à trois temps (éducation financière, marché et gestion des plaintes) arrive à point nommé. En effet, la Banque centrale du Congo incite les banques et les institutions de microfinance à s’impliquer davantage dans l’éducation financière en vue de la promotion de l’inclusion financière, particulièrement dans les parties du pays exclues du système financier. Actuellement, l’IFOD offre la gamme de produits et services ci-après : en ce qui concerne les produits de l’épargne, il y a les comptes Bomoyi (épargne à vue donnant la possibilité d’accéder à son argent en s’assurant la gratuité des deux premiers retraits du mois et générant un intérêt annuel sur le dépôt) et Nzimbu (compte courant avec retraits illimités, forfait mensuel de frais de tenue de compte et adapté aux besoins des commerçants), le dépôt à terme (un compte bloqué avec intérêt sur le placement). 

En ce qui concerne les produits de crédit, il y a le crédit solidaire de groupe (crédit Lisanga, prêt accordé à un groupe exerçant des petites activités commerciales en vue de renforcer leurs activités) ; le crédit commercial individuel (octroyé à une personne physique ou morale exerçant une activité commerciale et qui présente des garanties fiables de remboursement.

Quant aux services, l’IFOD offre le Pay Roll (un service financier de domiciliation des rémunérations qui offre l’avantage d’éligibilité aux crédits de consommation). Elle assure régulièrement la paie des salaires d’environ 130 000 agents de l’État (enseignants) à travers le pays. Dans l’avenir, l’IFOD envisage la bancarisation de tous ces agents.