Entre taxes et tracasseries policières

Pour rendre les routes sûres et éviter les accidents, le gouvernement a instauré le contrôle obligatoire des véhicules. Cela a un coût, que les conducteurs jugent excessif.

Chaque mois, à Kinshasa, près de 40 personnes sont tuées sur les routes. Pour tenter d’inverser la tendance, les autorités ont pris différentes initiatives parmi lesquelles le contrôle technique des véhicules. Alors que l’on croyait que c’est l’exigüité des chaussées qui est à la base des accidents, force est de constater que, même sur les boulevards à huit bandes, il y a encore plus d’accidents. Selon la police de circulation routière, l’état mécanique des véhicules est le deuxième facteur de ces accidents. Sur les routes kinoises, les véhicules sont pour la plupart défectueux, mal ou non entretenus, avec des freins en mauvais état. L’opinion exigeait, depuis des décennies, que les véhicules en circulation puissent détenir un certificat de contrôle technique établi par un expert agréé. C’est dans ce contexte qu’a été lancé, depuis le 4 juin, l’opération de contrôle de documents autorisant la circulation routière de véhicules et motos à Kinshasa, plusieurs jours après le moratoire accordé aux usagers de la route en vue de se mettre en ordre.

Pour rendre ce contrôle effectif, la Société congolaise de contrôle technique, (SCCT) a été créée et trois sites retenus dont deux centres privés et un centre public. Il s’agit du centre Trinity 3, au pavillon 19 de la Foire internationale de Kinshasa (FIKIN) à Limete ; le siège de l’Office des routes, à Kingabwa, et le centre de formation de l’Institut national de préparation professionnelle (INPP) à Limete. Le contrôle technique se déroule en deux phases. D’abord, le contrôle de la partie visuelle, qui consiste à déceler les défauts de fabrication. Ensuite, le contrôle des équipements, pour trouver les pannes éventuelles du véhicule. A la fin du contrôle, un procès-verbal est établi et un certificat délivré. En cas de panne constatée, le propriétaire doit faire réparer son véhicule endéans quatorze jours. Passé ce délai, il est obligé de payer de nouveau les frais exigés. Les autres documents importants à obtenir sont l’assurance automobile et, pour les transporteurs, l’autorisation de transport. Frais à payer pour un contrôle technique : entre 53 et 87,68 dollars et 93 dollars pour les grands bus.

Les usagers de la route trouvent ces montants exorbitants. La tarification actuelle prévoit, pour le contrôle, 44,4 dollars (motocyclettes), 65,28 dollars (voitures), 76,56 dollars (camionnettes, 4×4 et minibus), 87,68 dollars (bus, taxi-bus, remorques et véhicules spéciaux). Les frais bancaires sont fixés à 6 000 francs et la vignette revient à 3 500 francs. A tous ces frais viennent s’ajouter l’autorisation de transport et le certificat d’assurance (respectivement 60 dollars et 800 dollars pour les taxis-bus). Les conducteurs se plaignent en outre de tracasseries de la part des agents de la police routière qui, des fois, leur imposeraient des amendes allant jusqu’à 200 dollars. Ils estiment notamment que les arrestations dont ils font l’objet ne sont pas motivées par une quelconque violation du code de la route.