Éphémère existence de Necotrans sur les cendres de MCK

Il y a presqu’une année, le tribunal de commerce de Paris a mis fin aux activités du groupe français qui employait 6 000 personnes, à travers 90 filiales dans 40 pays dont la RDC. Depuis, le sort de ces employés est en question. Quid des agents de l’ex-MCK, rachetée par la firme française ? 

 

Aux dernières nouvelles, la majorité des actifs de Necotrans ont été récupérés pour moins de 20 millions d’euros par un consortium mené par l’éternel rival, Vincent Bolloré. Rien de particulier à propos de Mining Compagny of Katanga (MCK). Il semble même que le personnel n’est pas au courant de l’effondrement de Necotrans. Le groupe, est, en effet, criblé de dettes d’environ 80 millions d’euros de garanties bancaires en plus des 4 millions d’euros exigés par le fisc avant la liquidation judiciaire.

 Quérel, le fossoyeur ?

L’affaire aurait, en effet, passé en coulisse si le PDG de l’entreprise, Grégory Quérel, n’avait pas réclamé, fin février 2018, dans une correspondance, à Sophie Talbot, la fille du fondateur de Necotrans, présidente du conseil d’administration et actionnaire principale du groupe défunt, quelque 1.5 million d’euros… de décompte final (?). Commentaire de la presse française : « Qu’un dirigeant d’une entreprise disparue se retourne contre son actionnaire est une procédure rare dans le monde des multinationales. Elle est d’autant plus mal vécue que nombre d’anciens salariés de Necotrans considèrent M. Quérel comme le fossoyeur du groupe. » « C’est la famille Talbot qui a fait Grégory Quérel, qu’il se retourne maintenant contre elle est tout simplement incroyable et indécent ! », fulmine l’un des anciens du groupe.  Pour rappel, en novembre 2015, Grégory Quérel, le même, s’est félicité du rachat par Necotrans de l’entreprise MCK, alors propriété de l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, aujourd’hui en conflit ouvert avec le régime Kabila et candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle depuis son exil occidental. Le deal était en réalité couvert d’un épais nuage, selon certaines sources.

Quérel a, en effet, fait secret d’État la question inhérente au coût de l’achat de MCK. Quoique le PDG… sortant de Necotrans rassurait que « l’opération s’est faite sans hâte, en prenant le temps d’étudier en profondeur les comptes et la situation de l’entreprise. Les deux parties n’étaient pressées ni de vendre ni d’acheter ».

D’aucuns se demandaient déjà pourquoi Necotrans a pris d’énormes risques en rachetant une entreprise dont le propriétaire était déjà en froid avec le régime en place en RDC. Sinon, ce ne serait qu’un simulacre d’achat à travers lequel Necotrans n’aura servi que de couverture. L’explication selon laquelle Necotrans aurait exigé à Moïse Katumbi de se retirer du capital de MCK avant toute transaction ne convainc guère, selon des experts.

Toutefois, il se trouve que le rachat de MCK a boosté Necotrans, soutenait Grégory Quérel, dans un nouveau domaine, celui de la sous-traitance minière, différent de ses services logistiques traditionnels portuaires et terrestres.

Necotrans  a, en effet, tout repris de MCK, passifs comme actifs, dont une flotte de 500 engins et camions et 1 900 agents, sans en licencier un seul. À l’image de l’équipe de TP Mazembe, MCK reposait sur un melting-pot des nationalités. La filiale de Necotrans compte, en effet, des cadres sud-africains, ghanéens et  naturellement congolais. De l’avis de certains spécialistes en mines, MCK a beaucoup de chance de survivre à la liquidation de Necontrans, sous une forme ou sous une autre, car  les activités minières sont derechef reparties au galop dans le Haut-Katanga comme dans les autres provinces de l’ex-province du Katanga.

Leader de la logistique et du génie civil dans le secteur minier congolais, MCK s’est notamment spécialisée dans des opérations d’excavation et de terrassement pour les groupes miniers présents dans le cuivre. À sa cession à Necotrans, Mining Company of Katanga travaillait notamment pour les filiales congolaises des chinois Minmetals (à Kinsevere), Metorex (à Ruashi), et Sicomines (à Kolwezi). MCK réalisait alors plus de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires.

L’ex-province du Katanga, frontalière avec la Zambie, forme avec la partie méridionale de ce pays ce qu’on appelle la Ceinture du cuivre ou Copper belt.  Elle recèle les quatrièmes réserves mondiales de cuivre et les premières de cobalt. Et, d’après les prévisions les plus pessimistes, il va falloir encore plus de 90 ans pour vider la région de son métal rouge. D’aucuns soulignent que Necotrans est une aventure qui a commencé à Kinshasa, en 1985, par l’atypique entrepreneur Richard Talbot.