Evangélisation à bord des taxis bus : une activité à but lucratif

portante dans la vie des congolais en général et des kinois en particulier. Cette réalité s’explique par les nombreuses activités religieuses organisées à travers le pays, surtout à Kinshasa, la capitale. L’on peut constater, depuis pas mal de temps, que des évangélisateurs, prophètes ou même pasteurs prêchent la parole de Dieu dans les moyens de transport en commun. Si la prédication est, d’une part, une recommandation divine qui ne peut faire l’objet d’aucun débat selon les chrétiens, la demande d’argent à l’issue d’une prédication, pour sa part, divise l’opinion. Les kinois apprécient diversement l’action. Pour les uns, cela traduit une ferme volonté de la part de l’évangélisateur à soutirer le plus d’argent possible à travers la prêche. D’autres, par contre, estiment que c’est un fait normal car les hommes de Dieu doivent également vivre de leur travail. Interrogé à ce sujet, Ange Félix Mulenga juriste et évangéliste, croyant à l’église « Axe de l’alliance », estime que l’évangile est gratuite. Elle ne doit pas être monnayée ni évaluée en termes d’argent. Certes, l’évangélisation nécessite des moyens financiers mais cela ne doit pas servir des stratégies commerciales pour certains. Selon lui, « parmi les gens qui prêchent dans les bus, il y a ceux qui le font par passion pour gagner des âmes et ceux qui le font pour se faire de l’argent. Et ce sont des pratiques à bannir », a-t-il conclu.

Parmi les gens qui prêchent dans les bus, il y a ceux qui le font par passion pour gagner des âmes et ceux qui le font pour se faire de l’argent. Et ce sont des pratiques à bannir.
Ange Felix Mulenga

Pour Lucien Nsilu, prêcher la parole de Dieu n’est pas une mauvaise chose en soi. Mais lorsque cela doit se terminer par une quête d’argent, c’est déplorable. Cela ne doit pas être une activité rémunératrice pour l’évangélisateur. Si à la fin de la prédication, poursuit-il, un passager s’intéresse à la prédication, il peut volontairement lui donner de l’argent en termes d’offrande.

Gires Matundu, quant à lui, estime qu’il ne faut pas se permettre de juger ces hommes de Dieu, puisque personne, à part Dieu, ne peut être juge et partie. Ils prêchent la parole de Dieu et il faut les soutenir d’une manière ou d’une autre.

L’aspect lucratif : sujet des critiques

Généralement, l’on constate, très souvent, les termes de référence parfois utilisés par ces évangélisateurs pour comprendre l’introduction à la quête d’argent. Il s’agit des formules répétées pour un appel d’aide aux orphelins, d’un soutien financier à l’organisation d’une campagne évangélique ou d’une contribution directe en faveur du serviteur de Dieu. Les sommes récoltées lors de cette prédication sont également évaluées. Une vendeuse des bananes au marché UPN parle d’un montant de 10.000 fc que l’évangéliste embauche à la descente du bus. D’autres par contre, le réduit de moitié, soit 5000 fc.

« Lorsqu’un évangélisateur prêche dans plus ou moins 10 taxi bus, et qu’il doit à chaque occasion se retrouver avec 4.000 FC, en termes de recettes, il aura un total de 40.000 FC par jour. La somme dépasse parfois le versement exigé aux chauffeurs des taxis-bus » a estimé Roy Babasu, étudiant à l’Université de Kinshasa. Devant une telle situation, il n’est pas étonnant de constater que, dans les bus de la société TRANSCO, il soit formellement interdit aux évangélisateurs et autres hommes de Dieu de prêcher.