Face à la crise des cours des produits d’exportation, que faire ?

Paris a accueilli (9-10 décembre) la XXIIIème Conférence annuelle du Forum économique de l’Afrique gagnante, autour du thème « L’Afrique en pleine mutation ». Le fait que le patronat français (MEDEF) et la Chambre de commerce de Paris aient été associés à l’organisation de cet événement, met en évidence l’intérêt que suscite le continent pour l’avenir du monde.

Morosité au centre-ville de Kinshasa marqué par le ralentissement de la croissance.

La conférence annuelle du Forum économique de l’Afrique gagnante a été marquée par un important colloque axé sur la croissance de l’Afrique et l’émergence de futurs « Lions africains » à l’instar des Dragons asiatiques. Plusieurs thèmes ont été abordés au cours de ce colloque, tels que le droit des affaires OHADA, les nouvelles start-up, le numérique, les infrastructures et la logistique, les nouveaux pôles financiers et le financement des TPE et PME, ainsi que les fonds d’investissements… Des spécialistes de haut niveau se sont penchés sur toutes ces questions, sous la direction du président d’honneur de la Banque africaine de développement (BAD), Babacar Ndiaye. Une exposition-salon de l’entreprise africaine a rehaussé le niveau de cette conférence annuelle.

Rencontres et échanges

À cette occasion, les entreprises invitées ont eu l’occasion de présenter leurs activités afin de s’ouvrir à d’autres partenaires et surtout de vendre l’image de l’entreprise africaine. Ce salon de l’entreprise africaine est un outil essentiel pour le renforcement du partenariat et un lieu privilégié de rencontres et d’échanges. Plus de 500 visiteurs étaient attendus à ce salon. Tout comme la soirée de gala du leadership des managers africains a été un rendez-vous incontournable pour tous les participants. Trente managers africains ont été honorés, samedi 10 décembre, du prestigieux Prix du leadership lors du traditionnel dîner de gala, dans les salons de l’hôtel Méridien Étoile.

L’image de l’Afrique présentée à cette conférence a été celle d’une croissance économique soutenue en vue de l’émergence. En effet, actuellement, sur les marchés africains, les investisseurs paniquent car de nombreuses économies (notamment celles de l’Angola, du Nigéria, de l’Afrique du Sud et de la Zambie) souffrent de la baisse des prix des matières premières, ainsi que d’une stagnation de la demande mondiale. Des perspectives pessimistes, certes. Selon une étude du Fonds monétaire international (FMI), sur plus de 40 pays exportateurs de produits de base couvrant les 50 dernières années, la production et, en particulier, l’investissement s’accroissent plus rapidement durant les hausses des cours que durant les baisses ultérieures. Ce cycle s’explique, en grande partie, par la vigueur de la réaction de l’investissement dans le secteur de production des produits de base lui-même, qui se répercute sur les secteurs connexes, comme le bâtiment, les transports et la logistique. Il tient toutefois aussi à d’autres mécanismes.

Redéfinir les priorités

L’étude conclut que des facteurs cycliques et structurels contribuent généralement aux fluctuations de la croissance de la production liées aux cours des produits de base. Les priorités en matière de réformes structurelles diffèrent selon les pays, mais l’élimination des goulets d’étranglement au niveau des infrastructures, ainsi que l’amélioration du climat des affaires et de la qualité de l’éducation sont des objectifs communs à bon nombre d’entre eux.

Un ralentissement plus marqué que prévu de la demande chinoise produirait des effets sensibles via les liens commerciaux et d’investissement directs entretenus par la Chine avec d’autres économies, notamment pour les pays les plus fortement exposés, mais il ne ferait pas dérailler la reprise mondiale, sauf s’il se conjuguait à une correction ample et généralisée sur les marchés de capitaux mondiaux.

Assurer une croissance équilibrée et durable en Chine, tout en remédiant aux facteurs de vulnérabilité du système financier, constituera un enjeu essentiel. Les autorités devraient utiliser les marges de manœuvre dont elles disposent pour prendre des mesures de relance supplémentaires afin d’éviter un ralentissement brutal, mais elles doivent veiller à ce que cette relance favorise une croissance durable. Différentes initiatives y contribueraient, notamment une libéralisation des services et un accroissement des dépenses sociales visant à étayer l’augmentation de la consommation. D’autres économies doivent également trouver un juste équilibre entre la nécessité de soutenir la demande et celle de permettre un ajustement, tout en étant attentives aux facteurs de vulnérabilité financière, selon les Perspectives économiques intermédiaires.