Faune : des braconniers plus affutés que des gardiens

Les animaux des parcs sont de plus en plus menacés. Les chasseurs irréguliers modernisent leurs techniques pour contourner la surveillance. 

Les cinq éléphants abattus le mois dernier dans la réserve de Sankuru ont été atteints à partir d’un hélicoptère, avait confirmé Dieudonné Byaombe, Coordonnateur de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) des provinces du Maniema et Kasaï-Oriental. Face à l’insuffisance des éco-gardes dans la plupart des réserves à faune, les braconniers multiplient les stratégies d’élimination des espèces. Hélicoptère de chasse, roquettes, balles poudrées, flèches empoisonnées, couteaux magiques,… sont autant d’outils modernes en vogue. Dieudonné Byaombe constate qu’au moment où les braconniers se renforcent en méthode et financement, les moyens de conservation des parcs ne suivent pas. D’où la grande difficulté de les contrer. A moins de deux mois, 68 éléphants sont tués dans le parc national de la Garamba, soit 4% de l’espèce. D’après les responsables de la gestion du parc, ces animaux sont victimes des attaques concertées. L’ICCN et le réseau African Parks, parlent de l’intensification du massacre des éléphants, depuis mai 2014. Le communiqué précise que les méthodes utilisées sont de plus en plus brutales. Même les gardes du parc sont victimes des grenades lancés à partir des hélicoptères, en plein vol. Des braconniers soudanais sont les plus cités. L’objectif de ces raids sauvages demeure la recherche de l’ivoire, des parties génitales et des cerveaux de ces animaux. Les pouvoirs publics sont interpellés pour stopper ce braconnage, avant que les parcs ne se vident de ses espèces. Ce qui serait au détriment du secteur touristique, qui dans certains pays comme l’Egypte, constitue l’épine dorsale du budget de l’Etat.

Renforcer la gestion et la protection des parcs

Une nette amélioration sécuritaire est ressentie dans la région des parcs, depuis l’amorce des opérations de traque contre les forces négatives. La mise en place d’un plan de gestion des parcs, plus particulièrement celui de Garamba, en Province Orientale, a été au menu de la rencontre du Comité de patrimoine mondial. Des éléments requis dans le dernier rapport, présenté en février 2014, par la mission de suivi, regroupent les conditions indispensables à réaliser, pour éviter davantage de disparition des éléphants. Privilégiant l’approche de la conservation communautaire dans la gestion de ces patrimoines, le document apporte des éclaircissements suffisants sur l’amélioration et la protection des espèces existants. Outre l’augmentation d’au moins 70% de la couverture du site, grâce aux patrouilles, principalement aériennes, dans le secteur nord, certaines mesures correctives sont recommandées notamment, la fourniture des nouvelles armes modernes à la disposition des éco-gardes dont le recrutement de 40 nouveaux gardiens devrait porter le nombre à plus de 180 éléments, la réouverture de pistes de surveillance, la réhabilitation d’infrastructures dans les zones non contrôlées et une nouvelle stratégie de conservation des zones de chasse, à travers des projets communautaires notamment la construction des infrastructures à caractère sociales.

Ce nouveau plan de gestion s’appuie également sur la surveillance des zones par les éco-gardes, en liaison avec des survols réguliers.

Une mission conjointe, Centre du patrimoine mondial et UICN (Union Internationale pour la Conservation de la nature), est attendue en RDC, pour réévaluer l’état de conservation du bien, actualiser les mesures correctives, et établir un nouveau calendrier de mise en œuvre. A cet effet, des ressources financières importantes sont déjà mobilisées. Le montant total de 910 000 dollars est accordé par la Fondation des Nations Unies, les gouvernements de l’Italie, la Belgique, l’Espagne et le Fonds de réponse rapide.

INFO BOX

  • Le Parc national de la Garamba
  •  Situé dans la Province Orientale, à la frontière avec le Soudan ;
  • Créé en 1938 et patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1980;
  • Reconnu pour ses rhinocéros blancs (en voie d’extinction) et trois autres grands ; mammifères : l’éléphant, la girafe et l’hippopotame ; 
  • Géré depuis 2005 par l’ICCN et African Parks Conservation.