Faut-il s’attendre à d’autres coronavirus?

Le virus que l’on nomme désormais « Covid-19 » est en pleine phase d’épidémie en Chine, et menace à moyen terme le reste du monde. Risque isolé ou phénomène en série?

UN MALADE a été détecté en Egypte. C’est le tout premier cas diagnostiqué en Afrique. Le ministère égyptien de la Santé a indiqué, dans un communiqué, qu’un ressortissant étranger et porteur du Covid-19 a été diagnostiqué sur le territoire, le vendredi 14 février. Selon le ministère de la Santé, l’individu en question est de nationalité chinoise et venait de Chine. On précise de source médicale que la personne est porteuse du virus, mais ne présente pas de « symptôme » de la maladie. Il a été hospitalisé et placé en quarantaine. 

Lors de son arrivée à l’aéroport du Caire, les autorités sanitaires ont procédé à des prélèvements qui, après analyse, ont révélé la présence du virus. La personne atteinte a été transférée par ambulance spéciale à la zone de quarantaine située à Marsa Matrouh à 300 km à l’Ouest d’Alexandrie et a été hospitalisée. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) précise que cette personne se trouve dans un « état stable ». Toutes les personnes avec lesquelles le porteur du virus est entré en contact ont été placées à l’isolement à leur domicile. Même si les analyses les concernant ont été négatives elles seront médicalement suivies 24 heures sur 24 pour deux semaines, le temps d’incubation du virus.

Depuis le début de l’épidémie, le continent africain n’avait pas encore été touché. Le virus, baptisé par l’OMS Covid-19 et apparu en décembre dernier à Wuhan, dans la province du Hubei en Chine, est désormais présent sur tous les continents avec ce cas en Égypte. Le dernier bilan fait état de près de 1 400 décès, quasiment tous en Chine continentale.

En un mois et demi, le Covid-19, dernier né des coronavirus, a touché près de 60 000 personnes et causé la mort de plus de 1 100 autres. Après l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) en 2002-2003, de syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers) depuis 2012, faut-il se préparer à de nouveaux virus comme le nouveau Covid-19?

Interrogé par BFMTV, Arnaud Fontanet, le directeur du département de santé globale à l’Institut Pasteur, donne quelques précisions. Sommes-nous condamnés à vivre avec de nouveaux virus émergents comme le Covid-19? « L’histoire récente nous a appris qu’effectivement, au rythme d’environ de tous les trois ans environ, on voit un nouveau virus émerger en population humaine. En 2016, c’était le virus Zika en Amérique latine. En 2009, la pandémie H1N1. On peut remonter comme cela jusqu’au coronavirus du SRAS en 2003 qui a été la première grande pandémie du XXIe siècle ; et qui se répète aujourd’hui avec ce nouveau coronavirus. »

D’après lui, il est donc logique de travailler à l’élaboration de traitements, et d’un vaccin. « Pour la crise actuelle, on ne s’attend pas à ce que ce vaccin, qui sera disponible dans un à deux ans, puisse nous aider à terminer l’épidémie en cours car cela sera trop tard par rapport à ce qu’il se passe aujourd’hui. Néanmoins, ce qui est important, c’est qu’aujourd’hui on apprenne de plus en plus vite à faire des vaccins, par rapport à de nouvelles émergences infectieuses. On se mobilise, on coordonne nos recherches entre différents instituts dans le monde. Les procédés technologiques que l’on met au point pour aller de plus en plus vite nous seront utiles pour les futures émergences », a-t-il déclaré.

Que sait-on et que ne sait-on pas encore de cette épidémie? « Sur les moyens de contrôle, on comprend mieux comment cela se passe: on sait que l’isolement, le suivi des contacts pendant 14 jours pour voir s’ils ont été infectés, la restriction des déplacements vont avoir un impact. La détection précoce est également essentielle. Tout cela est bien balisé », répond-il. 

Et de poursuivre : « Là où l’on manque d’éléments dans la prise en charge des patients, c’est sur le traitement. On a retesté en Chine des molécules utilisées par exemple pour le SRAS. On ne s’attend pas à ce que cela soit spectaculaire. Or avoir un traitement à disposition devient une urgence car le nombre de patients augmente à travers le monde, et notamment en Chine. »

Cuba entre en jeu dans la lutte contre le nouveau coronavirus. L’un des médicaments utilisés pour combattre l’infection virale qui a déjà causé la mort de 1 380 personnes, est le fruit d’une innovation cubaine. Il ne s’agit pas là d’un remède miracle mais cela suffit à faire la fierté du gouvernement cubain. Interferon Alfa 2B, c’est son nom, est un médicament antiviral choisi par la commission nationale de santé chinoise parmi 30 autres médicaments pour lutter contre le nouveau coronavirus.

Cette molécule a été l’une des premières à être développée par la biotechnologie cubaine dans les années 80, notamment grâce à une coopération avec les États-Unis. Elle est utilisée pour des infections virales provoquées notamment par le VIH, le papillomavirus ou encore dans certains cas de cancers et d’hépatites. On a pu lire que 1 500 patients auraient été guéris du coronavirus grâce à cet antiviral cubain… Il n’en est rien, car ce médicament renforce le système immunitaire mais il ne guérit pas le nouveau coronavirus.

L’interferon Alfa 2B est une innovation pharmaceutique cubaine, fabriquée désormais en Chine par l’entreprise mixte Chang-Heber. La coopération biotechnologique et pharmaceutique se développe avec la Chine depuis plus de 15 ans, et Cuba entend bien la renforcer, car elle rapporte actuellement à l’île un crédit de 210 millions de dollars et en industrie l’équivalent de 30 millions de dollars par an. L’utilisation de l’interféron Alfa 2B pour lutter contre cette épidémie est donc un motif de satisfaction pour le gouvernement cubain, qui s’est empressé d’en rappeler sa paternité sur les réseaux sociaux.

Au 14 février, la situation épidémiologique internationale faisait état de 64 544 cas confirmés d’infection au nouveau coronavirus (SARS-CoV-2), Covid-19, dont 63 958 en Chine (99,1 %) et 586 en dehors de la Chine. Alors que l’épidémie causée par le nouveau coronavirus prend de l’ampleur, la réponse internationale pour contrer son expansion permet pour l’instant de limiter les dégâts. Au fait, ce « nouveau coronavirus », l’ennemi (médical) public numéro un ces jours-ci, on peut maintenant l’appeler par son nom de baptême : SARS-CoV-2,  causant une nouvelle maladie, qu’on a baptisée le COVID-19. Et on sait même à quoi ressemble le virus causal, comme le montrent les premières images obtenues par microscopie électronique.