FEC et gouvernement à couteaux tirés

Six mois après l’entretien entre le ministre de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Elevage, Isidore Kabwe Mwehu Longo et une délégation de la Commission agriculture du patronat conduite par son président national, Jean-Claude Hoolans, le gouvernement ne s’est point impliqué, comme pourtant convenu, dans la révision au Parlement de la législation sur les principes fondamentaux relatifs au secteur agricole en RDC sollicitée par les entrepreneurs. 

Culture de légumes dans la périphérie de la capitale congolaise. (Photo BEF)
Culture de légumes dans la périphérie de la capitale congolaise. (Photo BEF)

La Fédération des entreprises du Congo (FEC) fait monter la pression sur la question des espaces agricoles. La rencontre, fin janvier dernier, entre sa commission agricole et le ministre de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Élevage, Isidore Kabwe Mwehu Longo, qui venait à peine de prendre ses fonctions, n’a pas porté les fruits escomptés. Point de signaux rassurants de la part du gouvernement, quant à la révision de la nouvelle loi agricole actuellement en vigueur.

Un dossier hautement sensible face auquel l’ancien ministre Vamhwiti avait préféré jouer les Ponce Pilate. Si bien que la FEC a dû saisir directement le Premier ministre, Matata Ponyo. Sans succès. Le patronat congolais avait, en effet, sollicité l’appui du Premier ministre pour que les deux Chambres du Parlement acceptent d’ouvrir des concertations avec les opérateurs économiques agropastoraux privés, membres de la FEC. Bernique. Pourtant, les industriels agropastoraux se font du souci quant à la protection des concessions latifundiaires face à l’expropriation de fait de l’État, à l’exploitation minière, par exemple. Le président de la FEC, Albert Yuma, n’a jamais caché sa désapprobation du fait que le  code agricole élaboré par les experts de la FEC et proposé au gouvernement, il y a presque sept ans, en septembre 2008, ait été rejeté au profit de la loi portant principes fondamentaux relatifs à l’agriculture en RDC. «Cette loi ne donne aucune indication pour prévenir les conflits fonciers au regard de plusieurs services intervenant dans la gestion de la terre : cadastre minier, foncier, forestier, etc », avait déploré Albert Yuma. Cette loi aurait exclu de son champ d’application la production animale et la pêche. On l’aura compris, même Matata s’est réservé  pour rouvrir ce dossier. Mais le président de la FEC/Commission agriculture, dit avoir obtenu du nouveau ministre de l’Agriculture la tenue des séances de travail entre la FEC et le ministère pour éclairer certaines zones d’ombre. Toutefois, Jean-Claude Hoolans a tenu à rappeler qu’en dehors de ces parcs mis sur pied par le gouvernement, il existe aussi des sociétés privées qui font de l’agro-industrie ainsi que certains paysans. Selon un rapport du PNUD, la RDC est passée, en 2011, de 10 millions à plus de 15 millions de cultivateurs. La croissance agricole est passée à 7,2%, selon ce même rapport. Le secteur agricole aligne quelque dix-sept faits générateurs de recettes. Mais la question de la gestion des espaces d’exploitation agricole se pose avec acuité.