Fibre optique : percée en Tanzanie et quelques déboires au Cameroun

Les deux pays figurent dans le peloton de tête en Afrique pour la connexion à ce réseau. Mais ils doivent encore affronter des défis, qui surgissent chaque jour.

Depuis sa connexion à la fibre optique, la Tanzanie ne cache pas son ambition de devenir un carrefour des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans la sous-région de l’Afrique de l’Est. Pour y parvenir, le gouvernement a décidé de consacrer 195 milliards de shilling tanzaniens (84 millions de dollars) à la troisième phase des travaux du déploiement du backbone national. C’est le ministre des Communications, des Sciences et de la Technologie qui a rendu publique la nouvelle devant les parlementaires tanzaniens réunis en séance plénière, la semaine dernière, en réponse à une question orale d’un député.

Selon  Makane Mbarawa, le financement annoncé concerne 20 000 kilomètres de fibre optique qui vont être ajoutés au réseau national existant. Dar es Salaam va également accorder au secteur une enveloppe de 2 milliards de shilling (868 458 dollars) destinée à la construction d’un centre de données et d’un réseau de télécommunications de haute performance utilisant la technologie Multiprotocol Label Switching (MPLS).

L’acquisition de ces infrastructures de grande qualité ainsi que des parcs technologiques, dont le pays compte se doter dans l’avenir, sont des atouts incontournables qui permettront à la Tanzanie « d’attirer les grosses pointures du secteur des TIC et de faire du pays une terre fertile pour les investissements », a souligné le ministre.

Le projet clé de transmission en fibre optique en Tanzanie a vocation de couvrir une vingtaine de chef-lieux du pays. Son extension est attendue sur trois grands circuits, à savoir le Nord, le Sud et l’Ouest.  Il est prévu huit points de sutures transfrontalières pour assurer la connexion avec d’autres pays. Durant les deux premières phases des travaux du réseau, 5 000 kilomètres de fibre optique ont été construits utilisant plus de 2 000 kilomètres de fibre optique d’origine.

Financé conjointement par la Chine et le gouvernement tanzanien, le coût du projet avait été évalué à 189 millions de dollars. D’après le ministre Mbarawa, la Chine avait souscrit pour un montant de 170 millions.

Actuellement, la Tanzanie est reliée à la fibre optique à travers deux câbles sous-marins Eassy et Seacom.  À travers ces filons, le pays a la possibilité de se connecter au réseau global des télécommunications à haut débit.

Des désagréments au Cameroun

La fibre optique cause quelques ennuis répétitifs aux nombreux clients de Cameroun Télécommunications (Camtel), opérateur historique et gestionnaire de la fibre optique. Le dernier en date est cette coupure de câble intervenue le long du pipeline entre les villages de Goyoum (Adamaoua) et de Bélabo (Est), le 23 juin dernier. Elle a rendu impossibles la connexion à l’Internet et les appels téléphoniques dans trois régions situées au nord du pays (Nord, Adamaoua et Extrême-Nord). L’onde de choc a atteint le Tchad voisin branché sur le même câble.

La situation a été immédiatement prise en charge par les techniciens de Camtel. Le rétablissement des services est survenu presque vingt heures après le sinistre.

Des pannes similaires se sont déjà produites dans le passé sur le même réseau. Une d’entre elles s’est même étalée sur une semaine de rupture de la fourniture des services Internet, poussant Camtel à recourir aux équipements de MTN/Cameroun, qui utilisait le satellite, pour procurer les services Internet à ses nombreux consommateurs.

Des responsables de Camtel ont évoqué diverses raisons à la base de cet énième  désagrément.  Blaise Virna Tchobwé, délégué régional de Camtel (Extrême-Nord), cité par Cameroun Info.net, a expliqué de prime abord que les coupures sont provoquées par « des sinistres naturels tels que les éboulements ou des cas d’incivisme ». Il a noté également que « les consommateurs ressentent souvent de tels accidents parce que, jusqu’à présent, l’entreprise n’a pas encore bouclé son chantier d’installation ».  Sur le plan technique, il a fait remarquer que, dans le long terme, « il faudra créer la redondance dans le réseau, c’est-à-dire ajouter au premier réseau, qui longe le tracé du pipeline, deux autres réseaux de transport parallèles pour que le consommateur soit toujours connecté au cas où il arriverait un tel incident ». Pour lui, cette solution permettrait l’élimination complète « des coupures de cette nature », a-t-il assuré.

En dépit de ces difficultés, le réseau de la fibre optique au Cameroun  a remporté  beaucoup de succès depuis le démarrage des travaux de sa construction en 2007, affirme l’agence Ecofin. Parmi ces prouesses, le site évoque son arrimage au câble sous-marin ACE ; la mise en place de l’infrastructure à clé publique pour gérer et sécuriser les transactions électroniques ; le déploiement en cours de la fibre optique dans tout le pays, avec  Camtel ; l’interconnexion au Tchad à travers le tracé longeant le pipeline Tchad-Cameroun.