François Hollande frileux envers l’Afrique

Les fonds investis en Afrique pour l’amélioration des conditions de vie ne profitent guère aux bénéficiaires directs. Soit, ils sont détournés par les autorités, soit ils sont destinés à des dépenses de prestige. Le débat se corse.

Le président français a décidé de ne pas briguer un second mandat.

L’aide publique au développement (APD) de la France envers l’Afrique devrait atteindre 9,4 milliards d’euros en 2017. Cette année, la France a accordé 8,4 milliards d’euros à l’Afrique. Par rapport à l’enveloppe qui est annoncée pour l’année prochaine, il y a certes une augmentation, mais cette hausse reste légère et en baisse constante depuis 2012, année du début du quinquennat de François Hollande. L’APD a régressé de 9,8 % en 2013, un mouvement inverse à celui observé au plan mondial. Les difficultés budgétaires de la France expliquent en partie de cette diminution. Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), la France se positionne en 5e position sur la liste des donateurs mondiaux derrière les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Japon.

Au plan mondial, l’APD envers les pays moins développés a atteint, en 2013, le niveau historique de 134,8 milliards de dollars, soit une hausse de 6,1 %, par rapport à 2012, après deux années de recul. L’aide publique occidentale à l’Afrique fait souvent l’objet de critiques acerbes, considérée comme un instrument de propagande au service du néocolonialisme. La diminution de 5,6 % de l’APD destinée à l’Afrique est une tendance un peu inquiétante. Elle prend de plus en plus la forme de prêts et moins de dons. Or les prêts vont plutôt aux pays les moins pauvres capables de les rembourser. La conséquence est que les fonds consacrés à l’Afrique se raréfient. Cette situation de dépriorisation inquiète les ONG françaises. En effet, le ministère du développement a été supprimé, et cela est en contradiction avec les promesses de François Hollande de renouer avec un budget permettant de porter l’APD française à 0,7 % du PNB, contre 0,4 % actuellement. En 2012, la France avait décidé de revoir sa vision de l’aide publique, après avoir lancé justement un grand débat international sur l’avenir de l’aide au développement en Afrique. En effet, il a été constaté que l’aide accordée n’arrivait pas directement vers les populations.

Encourager l’apport des migrants

C’est ainsi que la France avait opté pour la réduction de l’aide publique et plaidé pour des frais dérisoires en matière de transfert de fonds des migrants vers l’Afrique. Les études ont montré que les fonds des migrants ont permis de soutenir des micros projets de développement et d’améliorer les conditions sociales des familles restées au pays. Selon les mêmes études, les fonds transférés par les migrants dépassent actuellement en volume l’aide publique en développement.

L’organisation Coordination Sud indique que la France n’a ainsi consacré, l’an dernier, « que 0,37 % de sa richesse nationale à l’aide publique au développement, contre les 0,7  % promis devant la communauté internationale à maintes reprises. Lors d’une récente rencontre avec la presse à Paris, le gouverneur de la Banque des États d’Afrique centrale (BEAC), Lucas Abaga Nchama, a appelé la France à lancer « une offensive » d’investissements en Afrique, déplorant que l’aide au développement de Paris ait baissé pour le continent. Dans ce cadre, le gouverneur de la BEAC a invité la France à un sursaut d’orgueil. « Mon sentiment est qu’il y a besoin de davantage d’investisseurs français en Afrique », a-t-il précisé, convaincu qu’une offensive française contribuerait à doper la croissance dans la région.

En direction des pays de l’Afrique centrale, il a reconnu que des efforts devraient être fournis en vue d’améliorer le climat des affaires. D’après lui, l’investisseur a besoin de certaines conditions pour venir investir. Par la même occasion, Lucas Abaga Nchama a aussi appelé les pays de la sous-région à « poursuivre les réformes structurelles, à diversifier l’activité économique et à élargir les sources de croissance pour compenser, lorsqu’un secteur comme le secteur pétrolier souffre après un choc ».