Goma : l’industrie de la viande a la cote, mais…

De la ferme à la table, l’agroalimentaire a un bel avenir devant elle dans le Nord-Kivu. Cependant, les produits de la ferme (boucherie et charcuterie) souffrent de la concurrence des produits made in Rwanda.

L’industrie de la viande (rouge et blanche) se développe au Nord-Kivu. Difficile de savoir combien d’entreprises compte actuellement le secteur de l’agroalimentaire dans cette province et combien de personnes embauche-t-il en élevage. La transformation alimentaire est devenue une activité importante dans le Nord-Kivu, à commencer par la fabrication de l’emblématique et légendaire « Fromage du Kivu ». 

Dans la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, les enseignes, comme Chamoki, CAB et autres supermarchés, sont très fréquentées par les expatriés et les autochtones, qui viennent s’approvisionner en produits laitiers, de boucherie et de charcuterie sortis des fermes. De l’avis des consommateurs, les produits des fermes du Kivu en général sont de « meilleure qualité », et n’ont rien à envier aux produits importés. 

Seulement voilà. Bouchers et charcutiers se plaignent de la « concurrence déloyale » des produits rwandais qui traversent la frontière sans la moindre restriction et sont vendus à bas prix à Goma ou Bukavu. Ils disent que les autorités rwandaises pratiquent le protectionnisme. Par conséquent, les produits congolais ne peuvent pas entrer au Rwanda. Cette situation, disent encore les fermiers à Goma, influe négativement sur leur chiffre d’affaires. En effet, les ventes ne sont plus comme avant à cause de la concurrence déloyale.

Produits locaux, SVP !

D’après eux, il est urgent que les autorités de la province du Nord-Kivu appliquent la réciprocité. Ils estiment que l’impact chez nous va se traduire par une réduction des productions d’ici deux à cinq ans. « Les gens souhaitent une certification, mais ne veulent pas payer plus cher », explique un fermier qui a aussi un supermarché dans le centre-ville de Goma. « Pour que ce soit plus rentable pour les acteurs du domaine agroalimentaire, il va falloir faire de la sensibilisation auprès du public. Malgré tout, il y a quand même un point positif à s’afficher ainsi puisque les produits se différencient. Les transformateurs ne font pas cela pour rien », poursuit-il. Autre volonté des consommateurs, des produits sans composantes chimiques avec une liste d’ingrédients clairs. L’industrie agroalimentaire dans le Nord-Kivu offre des produits bio, qui font la différence. Pour créer un environnement d’affaires propice aux investissements, les fermiers croient qu’une aide financière à la recherche et au développement est nécessaire.