Kamango: symbole de victoire sur les rebelles ougandais

Les FARDC, lors d’une opération dans les Kivu.
Les FARDC, lors d’une opération dans les Kivu.

Une chose est de gagner la guerre et une autre est de relever le défi de sécurisation de l’espace conquis. C’est à cet exercice que les responsables des Forces armées de la République démocratique du Congo doivent s’atteler. Après leur succès, l’organisation des troupes pour effectuer des patrouilles en vue de renforcer la sécurité dans la partie Sud-Est du territoire de Kamango au Nord-Kivu n’est pas une affaire de profane. Des experts bien outillés sont appelés à peaufiner des nouvelles stratégies pour éviter que les exploits se transforment en cauchemar pour les populations longtemps prisonnières d’une insécurité sans nom. Déjà, la société civile de Kamango vient de constater, depuis samedi 22 mars dernier, la présence d’hommes armés notamment dans les localités de Kikingi et Kasanze.

Nous avons senti à travers la population, la volonté de reprendre les activités agricoles. Les gens veulent voir que le Cacao qui, désormais, est la culture qui donne les moyens à la population puisse reprendre le plus rapidement possible. Mais également parmi les grands besoins, il y a la réouverture de la route Mbau-Kamango qui est longue de près de 62 Km
Julien Paluku, Gouverneur du Nord kivu

Le président de cette organisation citoyenne, David Mwaze, indique qu’il y a des suspicions sur des mouvements des hommes armés dans cette contrée, libérée il y a quelques jours du joug des rebelles ougandais des ADF. Il a fait part de ces suspicions au chef de la Monusco, Martin Kobler, qui s’est rendue à Kamango le jeudi 20 mars, afin d’alerter les autorités pour qu’elles protègent cette population et leurs biens. « Il faut fournir plus d’efforts pour que ce coin-là puisse être sécurisé étant donné que la partie Est et la partie Nord [de Kamango] sont sécurisées», a indiqué David Mwaze. En outre, il a invité la population du coin à la vigilance et a suggéré aux habitants des localités qui sont déjà sécurisées par les FARDC d’y rentrer. Malheureusement, Radio okapi qui livrait ses informations n’a pas réussi à joindre le porte-parole de l’armée congolaise au Nord-Kivu, le colonel Olivier Hamuli, pour l’interroger à ce sujet.

Retour calme des déplacés

Des familles commencent à regagner progressivement leurs domiciles à Kamango et dans d’autres secteurs environnants. Ces personnes avaient trouvé refuge en Ouganda et dans certaines localités du territoire de Beni au Nord-Kivu. Depuis une semaine, certains parents rentrent avec leurs enfants et passent la nuit à Kamango, d’autres y vont passer la journée pour évaluer la situation, chercher la nourriture dans les champs et rentrent dans les localités où ils ont trouvé refuge. Le chef de chefferie de Watalinga, Mwami Saambili Bamukoka, affirme avoir déjà enregistré au moins 79 ménages qui sont déjà rentrés, en plus de 1150 que compte Kamango. Il s’inquiète de leur survie, « Il y a quand même quelques personnes qui ont de quoi manger, mais ça ne peut pas durer longtemps. Les besoins restent toujours entiers. Sur le plan sanitaire, il va falloir que nos dispensaires qui ont été abandonnés soient vraiment équipés », plaide-t-il.

Il faut reconnaître que la situation sécuritaire s’est améliorée dans les localités de Kamango et Nobili depuis l’arrivée des militaires dans cette zone et la déroute des rebelles ougandais des ADF, il y a une dizaine de jours. C’est un constat du Gouverneur Julien Paluku qui s’y est rendu le lundi 24 février dernier, appelant de ce fait, les réfugiés congolais vivant en Ouganda de rentrer au pays. La mission d’évaluation de ces deux localités de Kamango et Nobili sur le plan sécuritaire, humanitaire et sociale laisse entrevoir la préoccupation des autorités provinciales du Nord Kivu à la reprise d’une vie normale dans cette contrée.

Des actions annoncées, cette population attend voir le gouverneur Julien Paluku passer à la réalisation, en les appuyant plus sur le plan de l’agriculture. « Nous avons senti à travers la population, la volonté de reprendre les activités agricoles. Les gens veulent voir que le cacao qui, désormais, est la culture qui donne les moyens à la population, puisse reprendre le plus rapidement possible. Mais également parmi les grands besoins, il y a la réouverture de la route Mbau-Kamango qui est longue de près de 62 Km. Et là, la promesse a été ferme, celle du chef de l’Etat, de voir mettre tous les moyens financiers à la disposition de la province pour que nous puissions ouvrir dans les meilleurs délais la route Mbau-Kamango ».

Le début de réhabilitation de la route Mbau-Kamango pourra soulager les esprits, vu son son intérêt socio-économique car il relie le secteur de Beni-Mbau et la chefferie de Watalinga, une zone où l’on cultive le cacao, le café et la vanille. La crainte reste toujours de voir ces travaux s’arrêter en mi chemin comme cela a souvent été observé pour d’autres chantiers.