Kibali Gold Mine annonce la couleur

L’entreprise basée en Province-Orientale depuis mai 2014 compte accroître cette année sa production aurifère, achever la construction de ses infrastructures et renforcer les capacités de ses collaborateurs locaux. 

Le directeur exécutif de Randgold, Mark Bristow.
Le directeur exécutif de Randgold, Mark Bristow.

Fin février, Mark Bristow, directeur exécutif de Randgold qui détient, avec Anglo Ashanti, 90 % des parts dans la nouvelle joint-venture Kibali Gold Mine (dans laquelle 10 % sont réservés à l’État congolais à travers l’entreprise publique Okimo) a présenté à la presse son plan d’action pour 2015.  Inaugurée en mai 2014, avec aujourd’hui une production de 15 tonnes d’or, soit 400 000 onces, bien que travaillant encore en- deçà de son potentiel réel et une  construction  inachevée, Kibali Gold Mine a décidé de voir grand cette année. Pour Mark Bristow, les défis de la société en 2015 sont tout à fait clairs : «poursuivre le développement de la mine souterraine qui viendra compléter l’exploitation intégrée à ciel ouvert; accroître  la production annuelle à 600 000 onces; mettre  en service la deuxième centrale hydroélectrique  et renforcer les compétences locales; poursuivre les discussions avec les autorités congolaises pour l’amélioration du code minier… »

Pour lui, la mine d’or de Kibali qui a investi plus de 650 millions de dollars l’année dernière pour les fournitures  et d’autres services, atteindra son plein  rendement dans sa dernière étape, c’est-à-dire en 2018, avec la mise  en service de l’usine métallurgique et de centrales hydroélectriques. Mark Bristow veut être  le porte-parole de la RDC pour montrer au reste du monde que le pays  est une destination sûre et attrayante pour les nouveaux investisseurs.

C’est pourquoi  il recommande de la prudence sur la question de la révision du code minier actuellement en discussion par les experts  du ministère de tutelle. « Les investisseurs miniers sont très inquiets par la révision du code minier initiée par le gouvernement », a-t-il déclaré. Selon lui, beaucoup de propositions du nouveau code minier   dissuaderaient  plus les investisseurs qu’elles ne les attireraient.» Pour lui, ce n’est pas parce qu’il y a augmentation de la production, des exportations et des cours des métaux avantageux qu’il faut modifier la loi. C’est pourquoi Randgold compte apporter son expertise pour l’élaboration d’un code capable de rivaliser avec ceux  des autres pays présentant les mêmes opportunités d’investissement dans le secteur minier. Le gouvernement devrait s’activer pour le rétablissement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national. Il doit en outre lutter contre l’exploitation minière illicite dans les concessions appartenant aux entreprises et s’atteler au remboursement de la TVA de plus de 100 millions de dollars.

Dans le cadre du développement de ses infrastructures pour le plus grand projet de production d’or en Afrique avec  plus de 2,5 milliards de dollars d’investissement dans sa zone d’implantation à Watsa, Kibali Gold devait relocaliser des villages entiers, des cimetières, des cathédrales et beaucoup d’autres ouvrages d’intérêt commun. Mais de nombreuses ONG en contestent la conformité. Dans un rapport de plus de 100 pages,  l’ONG  Femme et Justice économique  émet des sévères critiques sur  la plupart des réalisations sociales de Kibali.  Selon elle,  les maisons construites à Kokiza Joli-Joli dans le cadre de la relocalisation des populations et autres services seraient de qualité douteuse. Outre le fait que  tous les corps n’auraient pas été exhumés du lieu où sont construites les nouvelles infrastructures de l’usine, beaucoup d’autres,   érigées  dans le cadre de leur relocalisation, n’auraient pas la même capacité. Des critiques que l’entreprise ne partage pas, estimant que l’ONG n’a  pas plus de qualité et d’expertise que le gouvernement ou les autres membres de la société civile qui suivent la réalisation du projet au quotidien.