Kinshasa : la taxe pour touriste fait jaser

Pendant que, d’un côté, le gouvernement procède à la suppression de 38 taxes fluviales, pour assainir le transport fluvial et maritime, de l’autre, l’hôtel de ville de Kinshasa en rajoute. Le cas de la controversée « taxe pour touriste ». 

 

Hôtel de ville de Kinshasa. (Photo Radio Okapi)
Hôtel de ville de Kinshasa. (Photo Radio Okapi)

Il est 17 heures et le bus de marque Tata, plein de passagers, peine à quitter le parking de Matadi Kibala, dans la commune de Mont-Ngafula, au grand dam des clients, impatients de rejoindre le marché de Lufu, à la frontière congolo-angolaise, un peu plus tôt. A la place, ils vont recevoir la visite de deux agents qui se réclament de l’hôtel de ville de Kinshasa. Ils exigent à chacun la somme de 500 francs pour la « taxe pour touriste » qui serait instituée, depuis le mois de mars dernier. Cette taxe, disent-ils, est imposable à tout voyageur par voie routière, au départ de Kinshasa pour toute autre destination de l’intérieur du pays. Surpris, des passagers, dubitatifs, refusent de se soumettre. Une longue discussion s’ensuivra. Les uns disent ne rien comprendre de l’opportunité d’une telle taxe, au moment où le gouvernement est plutôt dans une campagne d’assainissement du climat des affaires en supprimant plusieurs taxes. « Comment les pouvoirs publics peuvent-ils instituer une nouvelle taxe sans en informer suffisamment les assujettis, s’étonne un passager. Aucune campagne d’information, aucune banderole, aucune communication publique…n’a prévenu le public d’une nouvelle taxe. » « Jamais, dans cette capitale où nous sommes nés, nous n’avons vu des passagers payer des frais supplémentaires au-delà du ticket pour voyageurs ou marchandises », fait remarquer un autre passager.

Beaucoup de provinces, au nom du principe de l’autonomie et de la décentralisation, consacré dans la constitution, sont tentées d’instituer leurs propres taxes, quitte à empoisonner le climat des affaires. 

Les autres doutent simplement de la qualité de précepteurs. Ces derniers ont des paperasses à peine lisibles, contenant copies des arrêtés instituant cette taxe et un carnet de reçus à délivrer aux assujettis. « Percevoir l’argent la nuit n’est pas dans les habitudes de notre administration. A cette heure, où vont-ils garder l’argent collecté ? », s’interroge un autre passager. La séance d’explication qui va durer plusieurs heures n’arrivera pas à convaincre les passagers visiblement excités.

Interférences 

Pour plus d’un observateur, l’existence de cette taxe, comme plusieurs d’autres encore, alimentent les débats sur la rétrocession de 40 % de recettes générées dans chaque province. Une rétrocession que le gouvernement central n’a jamais réellement honorée, pour donner à chaque province les moyens de sa politique. Pour contourner l’obstacle, beaucoup de provinces, au nom du principe de l’autonomie et de la décentralisation, consacré dans la constitution, sont tentées d’instituer leurs propres taxes, quitte à empoisonner le climat des affaires. Comme c’est le cas de la taxe pour touriste.

La même taxe est déjà payée dans tous les aéroports, par tous les passagers au départ de Kinshasa pour l’intérieur du pays. Sa valeur est de 5 dollars, précise un employé de l’hôtel de ville. Elle est différente du I.DE.F Go-PASS taxe, créée par le gouvernement congolais via la Régie des voies aériennes (RVA).

Tout passager embarquant dans les aéroports de la RDC pour les lignes intérieures, débourse 10 dollars, contre 50 dollars pour les lignes internationales.

Et le génie kinois ne s’arrête pas en si bon chemin, car même les écoliers à qui l’Etat devait garantir le droit à l’éducation, sont des assujettis avec une taxe de 5.000 francs, prélevés sur les frais scolaires payés par tout élève de la capitale fréquentant un établissement scolaire public ou privé, reconnaît un responsable d’établissement scolaire.