La BIAC aurait englouti 12,5 millions de dollars des fonds Gavi

La couverture vaccinale pourrait poser problème en RDC, sans l’appui financier de la société GAVI, Alliance du vaccin. Fin août 2017, suite à une invitation pressante du ministre de la Santé publique, son directeur exécutif a effectué sa première en RDC

La première visite du Dr Seth Berkley, directeur exécutif de GAVI en République démocratique du Congo est intervenue au moment où le pays est rudoyé par les épidémies, notamment le choléra.  Fort probable, GAVI pourrait de nouveau financer les opérations vaccinales en RDC alors qu’il s’en était abstenu, comme le renseigne la rubrique d’aides extérieures dans le budget 2017. Comment en est-on arrivé là? En 2016, GAVI avait accordé à la RDC quelque 12.5 millions de dollars pour le secteur de la santé publique. Selon nos sources, l’argent avait été logé à la Banque internationale pour l’Afrique centrale (BIAC). Une banque en banqueroute. Et, tout naturel, le décaissement pose problème.

Rapports incestueux

Mais le gouvernement souffle le chaud et le froid. La Banque centrale aussi. Alors qu’il a précédemment rassuré les quelque 400 000 épargnants de la banque du risque zéro quant à la perte de leurs avoirs, le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), Deogracias Mutombo Mwana Nyembo, a, on le sait, opté, par la suite, de traduire en justice les anciens gestionnaires de la BIAC pour « mauvaise gestion ». Pourtant, à cette accusation, les responsables de la BIAC – qui seront tous défenestrés en commençant par le CEO Michel Losembe – rétorquent que l’État tire par devers lui des prêts non remboursés qui titilleraient les 30 millions de dollars. Le professeur Kabuya, qui enseigne l’économie bancaire à l’université de Kinshasa et à l’université protestante au Congo (UPC) a parlé des « rapports incestueux » entre les parties en présence. La suite, on le sait, c’est l’imbroglio total. Quant à la bourse de GAVI, 12.5 millions de dollars, le gouvernement a soutenu, dans un rapport sur l’exécution du budget rectificatif 2016, l’avoir reconstitué et utilisé à des fins utiles.

Les experts s’en montrent cependant sceptiques. Pour la simple raison que la contrepartie attendue du gouvernement dans le projet de santé publique convenu avec GAVI, juste 1 520 479 205 francs, soit environ 1.5 million de dollars, n’a pas été versée. Le gouvernement a prévu dans la loi de finances publiques exercice 2017, quelque 7 500 000 000 francs des fonds de contrepartie aux projets PNSR, PEV, sida, Fonds mondial, GAVI. À ce jour, aucun rond n’a été décaissé. Le budget 2017 de la santé publique en RDC repose à 62,5 % sur les ressources extérieures, soit 490,7 milliards de francs sur des prévisions globales de 780 milliards de francs.

Vaccin contre Ebola

L’État compte ainsi sur l’apport des partenaires afin de porter la part de la santé à 7,9 % sur le budget global 2017. Pas de ligne budgétaire spécifique pour la santé Mère et Enfant dans le budget 2017 de la santé publique. Aucun rond n’est prévu non plus pour prévenir ou mener une riposte à temps réel aux épidémies. Alors que, chaque année, il survient au moins une épidémie en RDC. GAVI s’est dans la pratique substitué à l’État.

Lors de la dernière crise d’Ebola, l’Alliance du vaccin est aussitôt venue à la rescousse de la RDC dès que le ministère de la Santé publique en avait fait la confirmation. Cependant, Seth Berkley, le directeur exécutif de GAVI, a déploré le déficit de communication de l’État face à la maladie à virus Ebola. « Il est triste de constater que la population de la RDC ne connaît que trop cette terrible maladie », s’est offusqué Berkley, avant d’ajouter : « Le fait qu’il s’agisse d’un pays qui s’est déjà attaqué au virus nous donne des raisons d’espérer ne pas revoir une pandémie de l’envergure de celle qui a touché l’Afrique de l’Ouest en 2014. Nous sommes prêts à aider le gouvernement de la RDC dans sa lutte contre le virus Ebola ». GAVI a conclu un accord avec la firme Merck, qui a mis au point le vaccin VSV-ZEBOV contre le virus Ebola, garantit la disponibilité du vaccin en cas de flambée.

« Grâce à la collaboration de GAVI avec Merck, 300 000 doses de vaccin contre le virus Ebola sont disponibles pour empêcher l’épisode de devenir une pandémie », a confirmé Berkley. « Le vaccin a montré une efficacité élevée dans les essais cliniques et pourrait jouer un rôle capital pour protéger les plus vulnérables ».

300 000 doses

En janvier 2016, GAVI avait annoncé un contrat d’achat anticipé (Advance Purchase Commitment) avec l’engagement de 5 millions de dollars en vue de l’achat d’un vaccin après son homologation, sa présélection et sa recommandation par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Dans le cadre de cette garantie, Merck a accepté de créer et gérer un stock de 300 000 doses en cas d’épisode de la maladie, en attendant que l’autorisation de mise sur le marché soit complètement terminée. L’épisode observé en RDC a été identifié comme relevant de la souche Zaïre du virus Ebola, qui est visée par le vaccin VSV-ZEBOV. Les gouvernements des différents pays africains se sont engagés à travailler  pour une couverture vaccinale  globale d’ici 2020 lors de la conférence ministérielle sur la vaccination tenue dernièrement à Addis-Abeba (Ethiopie).

GAVI est une organisation internationale créée en 2000 afin d’assurer aux enfants vivant dans les pays les plus pauvres du monde, un meilleur accès aux vaccins nouveaux ou sous-utilisés. Établie à Genève, en Suisse, GAVI est l’Alliance du vaccin, qui regroupe secteurs privé et public. L’objectif commun est de faire en sorte que les enfants aient un accès égal aux vaccins, quel que soit leur lieu de résidence.