La dégringolade ne fait que commencer

Tombé à un niveau record depuis 2010 (-80 dollars), le baril de brent pourrait poursuivre cette tendance jusqu’à la première moitié de 2015, à en croire l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Une plateforme off-shore au large de l’Angola
Une plateforme off-shore au large de l’Angola

Le 13 novembre, le baril de brent, matière première du pétrole, est passé sous la barre de 80 dollars, son plus bas niveau depuis quatre ans. Celui de la mer du Nord a chuté jusqu’à 79,55 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, alors que la référence européenne du brut restait à 79,88 dollars le baril, en baisse de 50 %. Depuis sa dernière forte augmentation mi-juin 2014 (115,71 dollars), elle a dégringolé de plus de 30%.

La baisse du prix du baril de brent est consécutive à une offre qui s’est avérée bien supérieure à la demande. Dans son rapport mensuel, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) est restée sceptique quant à un probable retour rapide à des cours élevés de l’or noir. L’AIE note que le prix du baril pourrait poursuivre sa chute jusqu’à la première moitié de 2015. Selon cette agence, « bien que certaines hypothèses aient évoqué le fait que le coût élevé de la production non conventionnelle de pétrole puisse déterminer un nouvel équilibre pour les cours de brent compris entre 80 et 90 dollars, les équilibres entre l’offre et la demande indiquent que la dégringolade des cours n’est pas arrivée à son terme ». Pour 2015, l’AIE maintient sa prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole à 1,13 million de barils par jour (bpj), après la plus bas de cinq ans attendu en 2014, à 680 000 bpj, en raison d’une amélioration du contexte macroéconomique.

Les membres de l’OPEP ne se sont pas encore mis d’accord sur l’option à prendre pour enrayer cette chute. L’Arabie saoudite prône, jusque là, la réduction des prix sur le marché en vue de sauvegarder ses parts. Le Venezuela et l’Équateur tiennent à une réduction de la production. Le niveau actuel des prix menace les  finances publiques de tous les membres de l’OPEP hors péninsule arabique, à l’instar de l’Algérie, du Nigeria et du Venezuela.

Afin d’enrayer la chute des prix, les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui seront en réunion le 27 novembre à Vienne, ne s’accordent pas encore sur l’option à prendre. L’Arabie saoudite prône, jusque là, la réduction des prix sur le marché. Le chef de file du cartel, affirment les analystes, ne souhaite pas s’engager dans une guerre des prix en vue de sauvegarder ses parts de marché. Ce qui ne va pas à l’avantage d’autres pays membres. Le Venezuela et l’Équateur ont exprimé clairement leur désaccord et tiennent à une réduction de la production. Le niveau actuel des prix menace les  finances publiques de tous les pays membres de l’OPEP hors péninsule arabique, à l’instar de l’Algérie, du Nigeria et du Venezuela. Pour Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque, ces pays ont besoin d’un prix du pétrole autour de 100 dollars, pour alimenter leur croissance et éviter un déraillement du déficit budgétaire. Il ajoute la Russie à ce groupe.

Peuvent se réjouir de cette situation les pays consommateurs qui auront à dépenser moins pour s’approvisionner en carburant dans les jours à venir. « Si ce niveau des prix subsiste sur la durée, cela pourrait être une excellente nouvelle pour les consommateurs dans le monde entier puisque la baisse du prix du baril devrait alors être répercutée sur les prix à la pompe », affirme Christopher Dembik.

Un des facteurs qui a provoqué cette surabondance du pétrole sur le marché est la réduction des importations des États-Unis. L’émergence du pétrole de schiste chez la première économie mondiale y est pour beaucoup. Sur les huit premiers mois de cette année, Washington est passé d’une production moyenne de 8,4 de barils par jour, grâce à l’exploitation des ressources non conventionnelles d’hydrocarbures, alors qu’il était à 5 millions de barils en 2008. Des pays qui fournissaient aux États-Unis l’or noir se retrouvent face à un client qui n’en a plus besoin en grande quantité. Le Nigeria, notamment, a fourni aux États-Unis environ 1 500 barils par jour au mois d’août, contre 30 000 barils par jour en août 2010. La hausse de la valeur du dollar est aussi un élément comptabilisé par les analystes dans cette chute du baril de brent. Durant les quatre derniers mois, le billet vert a gagné 10 % de sa valeur face à l’euro.