La demande en hausse en dépit de la restriction

Depuis trois ans, le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité n’a plus délivré des autorisations spéciales de fabrication des armes d’autodéfense, de chasse ou de sport. Mais la société civile s’inquiète de la hausse constante des recettes des droits de délivrance du permis de port de ces armes. 

Ce qui constitue une bonne nouvelle pour les finances publiques donne pourtant des sueurs froides à propos de la sempiternelle question de sécurisation des personnes et de leurs biens. Par ailleurs, cela dénote d’une montée d’insécurité sinon d’un besoin de se protéger soi-même. Rien qu’au premier trimestre de 2017, le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité a réalisé 290 % de ses prévisions des recettes sur les permis de port d’arme, soit près de 8,4 millions de francs sur une projection d’un peu plus de 2 millions. En 2016, le taux de perception avait dépassé les 165 %.

Le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité avait alors perçu un peu moins de 20 millions de francs contre 11.5 millions attendus.  En 2015, les recettes dues au permis de port d’armes étaient d’environ 19 millions de francs. Le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité compte, d’ailleurs, percevoir plus du double des recettes de 2015, soit au moins 35 millions de francs pour les trois derniers trimestres de 2017. Par ailleurs, le gouvernement attend glaner plus de 4.3 millions de francs grâce aux frais relatifs au renouvellement du permis de port d’arme à fin décembre 2017. En 2015, alors que le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité n’attendait qu’environ 300 000 FC, soit environ 310 dollars, à titre de frais de renouvellement du permis de port d’arme, plus de 2 millions de francs seront perçus. Soit un taux de réalisation de près de 800 %. En 2016, alors que le même ministère n’avait pas prévu de renouveler le permis de port d’arme, l’État va encaisser cependant près de 2,4 millions de francs.

Enjeux politiques et sécurité 

La plus grande inconnue reste, néanmoins, le nombre de civils porteurs d’armes en République démocratique du Congo. Toutes les démarches de Business & Finances, en vue d’obtenir des estimations pour la ville de Kinshasa, se sont heurtées à un silence radio des préposés de l’État. Cependant, selon des observateurs avertis dans la mouvance de la société civile, plus de la moitié des porteurs d’armes se sont officiellement déclarés, fin 2016, dans « l’ambiance des manifestations de l’opposition dont certains ténors distillaient dans l’opinion publique des scénarii apocalyptiques du type Papa et bébé Doc », si jamais les élections, dont la présidentielle, n’étaient pas tenues conformément à l’esprit et à la lettre de la constitution de la RDC, limitant à deux, les  mandats successifs du président de la République.

Les mêmes observateurs font constater que durant la même période, la redevance annuelle d’exploitation des sociétés de gardiennage que le gouvernement avait gelée, question de mettre de l’ordre dans le secteur, rapporte cependant plus de 121 millions de francs. Le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité projette des recettes de près de 222 millions de francs au minimum pour 2017. Par ailleurs, le gouvernement qui n’espérait que 37 millions de francs des droits de délivrance du permis d’exploitation des sociétés de gardiennage à fin 2016, a plutôt perçu au triple plus de 107 millions. Les recettes relevant de la taxe de gardiennage par la Police nationale congolaise (PNC), des personnes physiques et morales ont également explosé, plus de 10,5 milliards de francs, soit un taux de réalisation de 934,8 %.