La FAO et la BAD s’engagent à mobiliser 100 millions de dollars pour soutenir l’Afrique

Pour les deux institutions, il s’agit de mettre fin à la malnutrition et à la faim sur le continent. Les fonds devraient être mobilisés sur cinq ans et être investis dans plusieurs domaines, dont l’agriculture, la foresterie, la pêche et la sécurité alimentaire.

L’ORGANISATION des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et la Banque africaine de développement (BAD) sont tombées d’accord pour soutenir l’agriculture en Afrique avec une enveloppe financière de 100 millions de dollars. Outre ce financement, la FAO devrait aider la BAD à réaliser son programme « Nourrir l’Afrique » en fournissant une assistance technique dans les domaines de l’intensification et la diversification d’activités agricoles durables, du développement à plus grande échelle des innovations dans les chaînes de valeur, de l’implication des jeunes dans l’agriculture et l’agroalimentaire, des statistiques agricoles et de l’agriculture intelligente adaptée au changement climatique, entre autres. Pour rappel, le programme « Nourrir l’Afrique », lancé en 2015 par la BAD vise à porter les investissements dans l’agriculture africaine à 24 milliards $, d’ici 2025.

Par ailleurs, la FAO estime que les emplois agricoles sont une piste de solution à l’immigration africaine. L’agriculture est l’une des solutions trouvées par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. En effet, selon José Graziano da Silva, le directeur général de l’organisation : « Créer des opportunités d’emplois décents pour les jeunes africains dans le secteur de l’agriculture peut contribuer à réduire de manière importante la migration des jeunes ». En effet, explique le responsable, entre 65 et 75 % des migrants sont des jeunes à la recherche d’opportunités d’emploi. Des opportunités qu’ils n’auraient pas à aller chercher au péril de leurs vies si elles leur sont créées dans leur pays. « Nous possédons les moyens de fournir ces opportunités ici où vous pouvez voir et contribuer à bâtir l’avenir de vos pays et de votre continent », a affirmé le responsable de la FAO.

Cependant, la création d’emplois pour les jeunes dans le secteur se heurte à de nombreux obstacles. Entre autres, l’accès difficile aux terres pour les jeunes désireux d’investir dans le domaine, mais surtout, l’image négative associée à l’agriculture. L’Afrique, qui détient 65 % des terres arables non exploitées du monde, importe 35 milliards de dollars d’aliments par an.

Les besoins de la RDC

En RDC, Deogratias Mutombo, le gouverneur de la Banque centrale, estime que pour que la RDC atteigne le taux de croissance de 5 % à fin 2018, son économie doit se fonder sur les investissements pour espérer accélérer la croissance. Contrairement à 2017 où seulement 3,5 % du produit intérieur brut (PIB) seulement était consacré à l’investissement. Ce qui, à ses yeux des experts, est infime.

Le Gouv’ de la BCC estime que l’agriculture constitue une importante base de la diversification de l’économie, un élément important pour sortir de la pauvreté. Raison pour laquelle il a annoncé la signature d’un bon de décaissement de l’ordre de 175 millions de dollars pour appuyer le secteur agricole en RDC. Mais à un quadrimestre de la fin de l’exercice, le décaissement lambine. Et le projet de loi de finances 2018 a prévu un budget de l’ordre de 263 023 404 998 FC pour l’agriculture, contre 845 515 036 037 FC en 2017. Il se dégage ainsi une réduction de 69 % en 2018. 

La part de l’agriculture dans le budget général est donc passée de 8,36 % en 2017 à 2,6 % en 2018. Pour autant, le taux de décaissement est infime par rapport aux attentes, moins de 20 % à fin juin. Pourtant, le protocole de Maputo (2003) demande aux États signataires d’allouer au moins 10 % du budget national au secteur de l’agriculture. Pour un secteur considéré comme prioritaire, suivant la Programmation budgétaire des actions du gouvernement (PBAG) 2018-2020, le taux d’exécution des dépenses liées au secteur de l’agriculture en 2017 a été très faible, soit 4 % et 0 % pour l’élevage et pèche.

Investissements agricoles

Les prévisions des investissements, 93 millions de dollars pour 2018, ne représentent que 9 % de la tranche 2018 des besoins du Programme national d’investissement agricole qui est de l’ordre de 1 040 millions de dollars. Par ailleurs, la grande part du budget 2018 de l’agriculture est essentiellement financée sur base des ressources extérieures (61,9 %), tandis que la participation de l’État est de 39,1 %, soit 8 170 700 727 FC. Pourtant, lors des conférences budgétaires, les besoins réels exprimés par le ministère de l’Agriculture étaient de 26 478 100 466 FC.

En tout état de cause, la politique agricole du gouvernement repose sur la nécessité d’atteindre la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et l’expansion du marché agro-alimentaire afin d’endiguer l’exode rural. Les stratégies du gouvernement pour parvenir à ses fins se fondent notamment sur l’investissement dans la recherche, la vulgarisation et l’enseignement agricole, la mise en place des mesures d’accompagnement pour la mise en œuvre du Plan national d’investissement agricole (PNIA) ainsi que la poursuite des projets de réhabilitation et de modernisation des routes de desserte agricole.

Diversité génétique

Cependant, la loi de finances n’a aligné que 1 914 000 000 FC dans le domaine d’achat de semences et rien par rapport à la préservation de la diversité génétique des semences et autres. Le taux d’affectation des crédits aux provinces et aux entités territoriales décentralisées (ETD) et aux investissements est si faible qu’il ne traduit pas le caractère prétendu pro pauvre du budget 2018. Et au lieu de 98 100 000 dollars attendus, le PNIA ne peut espérer que 11 566 943 dollars, soit 11,7 % de l’enveloppe escomptée, font comprendre les experts. Le réajustement opéré par la commission ECOFIN de l’Assemblée nationale s’est finalement avéré un simple coup de houe dans le vent.

Pourtant, des crédits supplémentaires de l’ordre de 1 268 392 850 FC ont été affectés au secteur de l’après-réajustement interne des crédits. Ce qui fait que les crédits accordés sont passés de 4 861 987 816 FC à 6 630 380 666 FC, soit un accroissement de 26 % à la rubrique « Interventions économiques, sociales, culturelles et scientifiques dans le secteur l’agriculture ». Ce crédit accordé fait passer le budget du secteur de l’agriculture de 263 023 404 998 FC à 264 291 797 848 FC. Malgré cet accroissement, indiquent des experts de la société civile, le niveau du budget du secteur de l’agriculture, pêche et élevage reste inchangé par rapport au budget général qui a connu également une augmentation de 10 313 285 661 200 FC à 10 353 133 693 749 FC.

Emplois jeunes

Le projet de loi de finances n’appuie les jeunes qu’à concurrence de 0,24 % sur le total du budget du secteur. Dans l’ensemble, aucun crédit n’est prévu pour l’encadrement des femmes, des peuples autochtones et des vulnérables. Le gouvernement compte poursuivre la politique d’extension des parcs agro-industriels à travers d’autres provinces sous forme de partenariat public-privé (PPP), dont les études de faisabilité sont déjà réalisées. Celui de Bukanga-Lonzo, il sied de le rappeler, a coûté plus de 80 millions de dollars mais il s’est avéré un éléphant blanc.

Pour la société civile, l’expérience de parc-agro industriel n’a pas convaincu, ainsi l’appui et l’organisation de la population vivant en milieu rural et dont près de 60 % de cette population est paysanne, permet de faire de la RDC un pays à revenu intermédiaire. Le budget 2018 n’a pas, hélas, prévu des crédits pour le désenclavement des zones à forte production, font comprendre les experts de la société civile. 

Il ne permet pas ainsi de réaliser l’objectif du gouvernement qui est celui d’atteindre la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et de promouvoir l’expansion du marché agro-alimentaire afin d’endiguer l’exode rural.