La filière coton a cessé au Katanga et continue en Ituri au profit des égreneurs ougandais

En 1960, la RDC était le premier producteur de coton en Afrique. Avec une production de 200 000 tonnes de coton graine produites par environ 800 000 petits agriculteurs, et plus de 53 000 tonnes de coton-fibre exportées. La culture du coton était assez bien répartie sur le territoire national (Équateur, province Orientale, Maniema, Kasaï-Oriental, Katanga). La production s’est effondrée très rapidement après l’indépendance avec la disparition des services d’appui à la production. Le coton étant une culture annuelle très exigeante en engrais et produits phytosanitaires. Les exportations du coton fibre de la RDC ont disparu dès 1977 et en 1989 la production était tombée à 11 000 tonnes de coton graine (5 % de la production en 1960). Elle était de 800 tonnes en 2006 produits par moins de 5 000 petits agriculteurs au Katanga et en Ituri. La production a maintenant cessé au Katanga et seuls quelques petits producteurs continuent à produire en Ituri, vendant leur coton graine à CODENOR/SOTEXKI (Kisangani) et à des égreneurs ougandais.

La concurrence des importations a provoqué la liquidation de toutes les compagnies textiles congolaises (à l’exception de la SOTEXKI à Kisangani) et de leurs filiales d’égrenage chargées d’appuyer les producteurs et d’usiner leur production. Les besoins nationaux en textiles/habillement sont désormais entièrement couverts par les importations de tissus (pagne) de Chine ou du Nigeria, et de friperies. Selon des prévisions, la RDC possède un potentiel important pour la production cotonnière, et cette dernière offre des avantages très important en termes de réduction de la pauvreté.

Il est cependant difficile d’imaginer une relance du secteur dans les conditions prévisibles à court et moyen termes. La relance de la production nationale demanderait que les mesures de protection (tarifs, contingentement) maintes fois réclamées puissent être strictement appliquées à l’avenir comme dans le cas de l’Union Européenne. De plus, cette relance demanderait des investissements privés importants pour la réhabilitation de l’industrie textile nationale et des usines d’égrenage qui y sont associées, ce qui semble difficile.

Il semble aussi difficile que la RDC puisse exporter sa fibre sur le marché international, vu les longues distances entre les zones de production principales et les points d’exportation (entre 900 et 1 500 km) et les coûts de transport élevés qui seraient encourus. La relance de la production pour l’exportation demanderait de même la réhabilitation des usines d’égrenage et la restauration des circuits d’approvisionnement en intrants, et donc des investissements importants qu’il semble très difficile d’atteindre d’investisseurs privés sans une forte subvention de la part de l’État.