La gratuité toujours sélective

Cette obligation constitutionnelle, partiellement appliquée dans certaines provinces du pays, ne sera pas encore de mise cette année à Kinshasa et Lubumbashi.

L’article 43 de la Constitution de la République consacre « le caractère obligatoire et gratuit de l’enseignement primaire dans tous les établissements publics du pays. Cette disposition de la loi fondamentale souffre encore de son application à Kinshasa et Lubumbashi. En 2013, le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel, Maker Mwangu, avait estimé que cette « gratuité demeurait encore sélective ». Seules, les classes de première à cinquième années du primaire, dans les provinces, sont concernées par cette gratuité. Kinshasa et Lubumbashi n’étaient pas concernées par cette mesure. Il devrait être de même pour cette année scolaire. Cette position du ministère de l’EPSP serait justifiée, au regard des moyens financiers colossaux à disponibiliser pour la concrétisation de cette obligation constitutionnelle. Pourtant, cette gratuité ne concerne que le minerval qui coûte au moins 2.000 francs, par élève. Les frais, les plus couteux, restent ceux concernant la prise en charge des enseignants que les parents continuent à supporter. « C’est simplement un manque de volonté, de la part de nos gouvernants », déclare un parent. « Jadis, le gouvernement arguait que la part du budget alloué au secteur de l’enseignement, était très minime. Maintenant que ce budget a connu une augmentation sensible, qu’est-ce qui bloque l’application de cette gratuité pour Kinshasa ? », s’est interrogé un autre parent.

Blocage

Un enseignant de l’école primaire Saint Cassien, à Bandalungwa, reste convaincu que le maigre salaire alloué aux enseignants, et la quote-part revenant à la sous-division EPSP dans les frais payés par les enfants demeurent le principal obstacle à l’application de cette disposition constitutionnelle. Pour réussir cette opération, estime-t-il, « le gouvernement doit commencer par bien payer les enseignants. » Il ressuscite le fameux accord de Mbudi, et sollicite qu’un enseignant perçoive un salaire d’au moins 400 dollars. « Nous avions tenté, pour la première fois, lors de l’année scolaire 2013-2014, l’expérience de la gratuité dans notre école. Mais, ça n’a pas abouti », a-t-il déclaré. Et de poursuivre : « ayant constaté que l’effectif de l’année scolaire 2011-2012 était très faible, l’école Saint Cassien avait procédé à la gratuité, en première année primaire, afin d’attirer les parents », poursuit cet enseignant. En fin de compte, l’établissement en est sorti perdant. Au moment du contrôle des effectifs, l’école ne disposait d’aucun document l’autorisant de pratiquer cette gratuité. La division urbaine de e’enseignement, qui perçoit un pourcentage sur les frais payés par les parents des élèves, était restée indulgente sur sa part, par rapport à l’effectif total.