La hausse des prix donne du tournis

Selon les données de l’Institut national de la statistique (INS), les prix des denrées de base ont atteint des crêtes en fin d’année 2016, avec des hausses allant jusqu’à 50 % par rapport à 2015. Par exemple, le prix du sucre est passé de 4 200 à 7 000 francs.

Comme les moutons et les bœufs souffrant de la maladie du tournis, pris d’une sorte de vertige, ils tournent convulsivement sur eux-mêmes, les ménages se trouvent exactement dans la même situation. Depuis octobre 2016, ils font face à une crise suite à une hausse des prix des denrées alimentaires. Cette flambée des prix a surpris les Congolais après des années d’accalmie sur le marché. Le directeur général chargé des opérations bancaires et de change à la Banque centrale du Congo (BCC), Jean-Louis Kayembe, explique la dépréciation actuelle du franc comme étant un phénomène cyclique normal.

Les difficultés de la politique monétaire

« Pour reconstituer leur stock en devises, les entreprises exercent une forte pression sur le marché de change au mois de janvier après avoir réalisé de bonnes affaires en décembre », a-t-il souligné. Le Comité de politique monétaire (CPM) s’est réuni le vendredi 13 janvier pour décider des mesures d’encadrement.

Les économistes mettent en cause la tendance inflationniste observée dans la seconde moitié de 2016. Les fluctuations du taux de change  – on est passé de USDCDF = 927 CDF à l’indicatif et 936.25 au parallèle en décembre 2015 à 1 300 CDF en quelques mois – auraient un effet cumulatif sur le prix. Ils expliquent que l’inflation est le taux auquel le niveau général des prix des biens et services augmente et la valeur de la monnaie diminue. C’est donc du devoir de la BCC de contrôler l’inflation en maintenant la valeur de la monnaie nationale, le franc.

Une analyse empirique confirme que la Banque centrale du Congo n’est guère en mesure de maîtriser l’inflation, en dépit d’une réactivité rapide aux chocs inflationnistes. Le renforcement du cadre actuel de politique monétaire demeure la meilleure voie à suivre, compte tenu du fait que le pays est vulnérable à de fréquents chocs sur les termes de l’échange. Dans un contexte de dollarisation (près de 70 % de la masse monétaire en circulation) poussée du système bancaire et de faiblesse institutionnelle, la politique monétaire de la République démocratique du Congo ne peut qu’être en difficulté. Après de nombreuses années de conflit armé (1996-2006) et de mauvaise gestion économique, la RDC a connu depuis 2008 une croissance soutenue et une relative stabilité macroéconomique.

Le taux de change nominal s’est stabilisé et a contribué à réduire l’inflation, la ramenant à 3 %, après de nombreuses années d’inflation élevée et irrégulière, voire d’hyperinflation. Grâce à des politiques macroéconomiques prudentes et aux réformes structurelles, dont d’autres sont encore en cours, l’économie s’est portée mieux jusqu’en 2015. Le gouvernement a en particulier notablement amélioré sa gestion des finances publiques et maîtrisé la dépense publique en liant sa politique fiscale à l’objectif de l’élimination du financement (net) du déficit budgétaire par la BCC. Elle a également apporté des améliorations à ses instruments monétaires, renforcé ses capacités institutionnelles et administratives et reconstitué ses réserves internationales jusqu’à 5 semaines d’importation. Environ 50 millions de dollars étaient mis à la disposition des opérateurs économiques, au premier trimestre de 2016.

En dépit de ces progrès, la maîtrise de l’inflation à un niveau faible et stable continue de poser des difficultés aux autorités congolaises. Plusieurs des facteurs qui semblent entraver l’efficacité de la politique monétaire de la BCC. Outre la forte dollarisation du système bancaire et la faiblesse institutionnelle de la BCC, due en partie à sa faible indépendance et à sa mauvaise situation financière (patrimoine financier négatif), la situation spécifique du pays en est un de taille buy viagra online usa. Les contraintes auxquelles est confrontée la politique monétaire de la BCC, notamment celles qui tiennent au fait qu’elle opère dans une petite économie ouverte marquée par des antécédents peu convaincants et une faible crédibilité ne sont pas à négliger.