La lutte contre la faim est avant tout morale

L’Institut international de recherches en politiques agricoles (IFPRI) lance le « Compact2025 », une initiative ambitieuse pour éradiquer l’extrême pauvreté en Afrique. Son succès dépendra de l’engagement des États.

Inspiré des succès récoltés dans plusieurs pays, Compact2025 cherche à apporter des preuves, des données et de l’innovation en vue de mettre un terme à la faim et à la malnutrition, rapporte l’agence PANA. D’après le docteur Shenggen Fan, directeur général de l’IFPRI, c’est une exigence morale que de vaincre la faim et la malnutrition d’ici 2025, car elles imposent d’énormes coûts humains et économiques. Près de 20 000 personnes, dont plus de la moitié constituée d’enfants, meurent chaque jour des causes liées à la faim. Elles coûtent aux économies 10 % de leur Produit intérieur brut (PIIB) annuel. D’après l’IFPRI, les outils pour y mettre fin d’ici 2025 sont à la portée de tous.

Accord de principe

Des pays focaux tels que le Rwanda, l’Éthiopie, le Malawi et le Bangladesh ont donné leur accord de principe pour nouer un partenariat avec Compact2025. Ils se sont engagés à travailler avec l’IFPRI pour renforcer les programmes existants en vue d’un impact plus accru et de s’inspirer des pays ayant réussi à réduire la faim et la malnutrition. Compact2025 cadre avec le programme du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Les chefs d’État africains avaient créé en juillet 2003 le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) dans le cadre de la nouvelle convention du NEPAD, lors d’une réunion à Maputo, au Mozambique, dans le but d’améliorer et de promouvoir l’agriculture sur le continent africain. Ils avaient convenu d’affecter 10 % de leur budget à l’amélioration de l’agriculture en Afrique. Le continent est riche en vastes territoires pouvant être affectés à la production agricole. Malgré cette richesse, l’Afrique est à la traîne en matière agricole. Douze ans après le PDDAA, la plupart des pays africains sont toujours confrontés à des difficultés pour alimenter leurs populations dont la démographie va toujours croissant. Les chefs d’État africains se sont répandus quelque peu sur des mesures visant à s’assurer que le continent bénéficie du secteur agricole.

Des fonds détournés

L’accord du PDDAA invite à collaborer avec le secteur privé pour s’assurer que le secteur agricole soit une réussite. Les Programmes nationaux d’investissement dans l’agriculture sont censés stimuler la production agricole, pour assurer la croissance dans le secteur. Le PDDAA est une initiative qui contribuerait à la réduction de la pauvreté en Afrique. La seule crainte est que des programmes similaires, dans le passé, n’ont pas donné tous les résultats escomptés. Certaines initiatives ont été détournées par des fonctionnaires corrompus, et l’argent a été gaspillé ou détourné. Les agriculteurs pauvres, qui sont censés profiter de ces programmes, n’ont pas bénéficié de grand-chose. Ils continuent à tirer profit de leurs productions, tandis que les fonctionnaires corrompus détournent des fonds qui leur sont destinés.

Selon certains observateurs, il est impératif que le NEPAD et la CEEAC s’assurent que l’initiative du PDDAA ne reste pas entièrement sous le contrôle du gouvernement central. D’où, la nécessité de veiller à ce que le secteur privé ait aussi son mot à dire, en particulier dans la gestion financière de ce projet. Pour sûr, de larges montants d’aide étrangère vont être injectés dans cette initiative et si on n’y prend garde, cet argent risque d’être détourné comme avant.