La marche arrière de Rabat

 Alors que les équipes africaines n’ont cessé de mouiller le maillot pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations 2015, le Maroc pays censé accueillir la phase finale de la compétition, s’est mis à louvoyer pour cause d’Ebola. Une première. 

Le 9 octobre, le Maroc a proposé  à la Confédération africaine de football (CAF) le report de la compétition prévue du 17 janvier au 18 février 2015,  à cause de l’épidémie d’Ebola qui continue à sévir dans certains pays d’Afrique de l’Ouest. Le ministère de la Santé marocain a exprimé des inquiétudes quant à la propagation du virus durant cette compétition qui accueille des fortes délégations venues de plusieurs pays et parle d’une mesure de précaution. De son côté, la CAF ne s’est pas montrée favorable à ce report. L’instance faitière du football africain a enregistré cette requête, tout en confirmant « qu’aucun changement n’est à l’ordre du jour du calendrier de ses compétitions et évènements. » Depuis sa première édition en 1957, jamais la CAN n’a été l’objet d’une déprogrammation ou d’un différé. La CAF dit être consciente des risques sanitaires que présente le virus Ebola et applique constamment les principes de précaution en prenant en considération les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de divers experts. 

Solution alternative    

Le rendez-vous est fixé au mois de novembre. Deux grandes
rencontres sont prévues entre les deux parties. D’abord, le 2 novembre à Alger (Algérie), lors de la réunion du comité exécutif de la CAF. Ensuite, le 3 novembre, à Rabat, avec les autorités marocaines. Si jamais le Maroc maintenait sa décision, la CAF devrait vite trouver une solution alternative au cas où elle n’adhérerait pas à la proposition du report. La première solution serait de décider de la délocalisation de la compétition dans un autre pays. Seule l’Afrique du Sud fait office de recours crédible, pour ses infrastructures sportives. Mais encore faut-il que les autorités de ce pays puissent donner leur aval. Un autre choix, peu probable cette fois-ci, est l’annulation de cette édition. Un report ou une annulation du tournoi serait beaucoup plus préjudiciable pour la CAF que pour le Maroc. La CAN est la principale source de revenus du football africain. Déjà, pour 2017, la CAF est à la recherche d’un pays organisateur après le désistement de la Libye pour des questions de sécurité. Cette proposition marocaine a surpris plus d’un lorsqu’on sait que ce pays s’était montré, ces dernières semaines, solidaire en accueillant  des matches délocalisés d’équipes nationales dont les pays sont touchés par le virus Ebola. La Guinée-Conakry a affronté le Ghana, le 11 octobre, au stade Mohammed V de Casablanca, lors de la troisième journée des éliminatoires de la prochaine CAN. Fin août, le gouvernement du royaume avait annoncé la mise en place d’une commission nationale chargée de préparer un plan sanitaire contre Ebola dans la perspective de la CAN. Le 15 septembre, le pays avait annoncé une élévation du niveau de vigilance face à la propagation de l’épidémie. Dans l’entretemps, la fin des éliminatoires pour la CAN 2015 est prévue le 19 novembre. Le tirage au sort de la phase finale interviendra le 26 novembre.