La production nationale de la papaye chute alors que le cours de la papaïne s’envole

Le kilo de la papaïne se négocie actuellement à plus de 15 dollars sur le marché international, selon la Commission nationale des mercuriales du ministère du Commerce extérieur. 

POUR les experts, c’est le moment pour la République démocratique du Congo de penser à la relance de sa production de la papaye et tirer ainsi profit de l’embellie des cours mondiaux des produits agricoles. Autant que pour le café, le thé et le cacao, l’Office national du café (ONC) a aussi pour mission de développer des débouchés intérieurs et extérieurs pour l’hévéa, le quinquina ou encore la papaïne.

L’ONC ne dispose pas malheureusement des statistiques actualisées et fiables de la production et/ou de l’exportation des papayes. Avant sa radiation, en 2010, de l’AGOA (African Growth Opportunities Act), la loi sur la croissance et les opportunités de développement en Afrique, la RDC exportait notamment des papayes parmi les 6 400 produits éligibles à l’AGOA. Mais elle, comme plusieurs autres pays éligibles, n’arrivait pas à atteindre en nombre important d’exploitation de ces produits par manque de diversification de production. 

La culture du papayer a redémarré dans le territoire de Beni au Nord-Kivu depuis 2015. Abandonnée ces dernières années par des paysans découragés par la mosaïque qui décimait leurs plantations, cette culture connaît une seconde vie. Des nouvelles variétés, résistantes à la mosaïque, ont, en effet, été récemment introduites dans la région et donnent de bons résultats. « Grâce aux variétés améliorées, la production en latex (liquide obtenue après saignée de la papaye, Ndlr) et la teneur en matière sèche (papaïne) ont augmenté de 40 % », explique cet ingénieur agronome à l’ENRA, principale entreprise exportatrice de la papaïne à Beni. Du coup, le prix d’un kilo de latex est passé de 2 à 5 dollars. Mais l’insécurité qui bat son plein dans la région a entraîné la rechute de la culture. L’on redoute à présent « l’effet Ebola » sur la production générale dans la région. 

Avec plus de 12 millions de tonnes en 2013, selon l’Organisation mondiale pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), la production mondiale de papaye a atteint 5 ans plus tard quelque 92 millions de tonnes, statistiques dans lesquelles la FAO inclut, il est vrai, l’avocat, la mangue et l’ananas. Le commerce de ces quatre produits tropicaux aura dépassé la valeur de 10 milliards de dollars en 2017. 

La croissance de la papaye étant de 9 % l’an, entre 1990 et 2017, contre 14 % l’an pour l’avocat, 11 % pour l’ananas et 10 % pour la mangue. 

L’Europe est le deuxième marché mondial de la papaye, loin derrière les États-Unis. 

La consommation européenne par habitant est encore très basse, aux alentours de 70 g par an, contre près de 500 g aux États-Unis. De même, les volumes sont répartis de manière inégale au sein de l’Union européenne (UE) : 30 % vont en Espagne et au Portugal, 30 % au Benelux, 16 % au Royaume-Uni et 13 % en Allemagne. 

Les papayes destinées à l’exportation vers l’Europe sont le plus souvent conditionnées dans des cartons plateaux de 3,5 kg. Les fruits sont généralement papillotés individuellement avec du papier ou des protections en polystyrène afin d’éviter les chocs entre eux. Les papayes de la variété Formosa sont généralement conditionnées en carton plateau de 4,5 kg, les fruits étant protégés par un étui de polystyrène. Le calibrage des papayes correspond au nombre de fruits par colis. Pour les fruits conditionnés en colis de 3,5 kg, les calibres les plus fréquents sont de 6 à 10 fruits par carton. Pour la variété Formosa à gros fruit, le calibrage est de 3 à 4 fruits par carton de 4,5 kg. Des colisages spécifiques de 7 kg sont utilisés sur certains marchés d’Europe du Nord.

Produit à tout faire

La papaye contient, en effet, la papaïne, une substance capable de dissoudre les matières albuminoïdes. Elle est recommandée en cas de problèmes digestifs ou de constipation. Quand elle est incisée, la peau de la papaye verte laisse perler un liquide blanc qui coagule rapidement. Ce latex desséché contient un principe actif, la papaïne dont les propriétés se rapprochent de celles de la pepsine et de la trypsine. 

L’action digestive et dissolvante des protéines qui caractérisent la papaye est utilisée en thérapeutique, dans l’industrie du cuir, de la laine et de la soie, en brasserie et dans les industries alimentaire et pharmaceutique. 

Selon les médecins, la papaïne est une enzyme présente dans le latex qui est situé entre l’écorce et la pulpe de la papaye, le fruit du papayer. Comme la bromélaïne de l’ananas, elle est capable de digérer les protéines. 

Elle est traditionnellement utilisée pour attendrir la chair de poulpe ou les viandes. Ainsi, la consommation régulière de papaye conserve encore un caractère ethnique, note FAO). Le papayer soigne également beaucoup de maladies. L’on peut utiliser ses feuilles, ses fruits, ses graines et ses racines, d’après les spécialistes en pharmacopée.