La RDC pourait expérimenter la culture du bambou

L’une des recommandations du dernier forum Agro-Business, tenu à Kinshasa en mars, concernait la promotion des modèles innovants. Le ministère de l’Agriculture, qui l’a compris, a initié un projet sur la culture du bambou. Cette plante fait le bonheur de certains pays d’Asie comme la Chine et la Thaïlande. La République démocratique du Congo veut, pour sa part, s’inspirer de leur expérience et voir dans quelle mesure cela peut participer à son développement.

Selon  Gina Tshilolo Tshishiku, technicien au ministère de l’Agriculture, qui revient d’une formation en Chine,  l’industrie du bambou est une des pistes d’avenir pour l’économie nationale car elle peut contribuer à l’amélioration des revenus des ménages, à la conservation et à l’amélioration des sols et de l’environnement par la préservation de la forêt.

La diversification des systèmes agricoles s’impose  dans le cadre de la conservation et la gestion durable des ressources naturelles dont dispose le pays. Le gouvernement doit, par conséquent, renforcer les capacités des ressources humaines nationales en encourageant la spécialisation dans le domaine du bambou.

Grâce au développement de l’exploitation du bambou, le bois sera préservé, la forêt protégée  et l’environnement amélioré, a souligné le technicien, en faisant remarquer que le développement  des produits en bambou est vraiment approprié pour l’économie rurale en RDC, contribuant de ce fait à relever le revenu des agriculteurs.

Plante à croissance rapide

Le bambou est une plante à croissance rapide, très prisé dans de nombreux domaines d’activité pour sa solidité et sa robustesse. Sa croissance en hauteur peut aller de 20 à 30 cm ou de 125 à 200 cm en 24 heures, selon les espèces. Le bambou Moso, par exemple, peut atteindre 15 ou 18 m de hauteur en 30 ou 40 jours, tandis que le Dendrocalamus sinicus atteint 40 à 45 m en 100 ou 120 jours.

Une plantation bien entretenue commence à produire les pousses à récolter au cours de sa deuxième ou troisième année. Le chaume (tige) sera prêt pour l’utilisation au cours de la quatrième ou cinquième année, selon les espèces. Plusieurs recherches ont prouvé que l’âge influence beaucoup les propriétés mécaniques du chaume et la période de la récolte.

En ce qui concerne le bambou Moso, la bonne période de récolte se situe entre 6 et 8 ans. À 9 ou 10 ans, le chaume présente des qualités inférieures car les tissus deviennent graduellement résistants avec l’âge. Lorsqu’il est encore jeune, le bambou possède une faible force de compression et de traction.

Un grand revenu

L’expérience chinoise a démontré qu’avec un petit investissement, le bambou produit un grand revenu par rapport aux autres plantes cultivées. Il est facile à multiplier et à transformer. Ses différents produits sont fortement demandés sur le marché international. Le bambou remplace valablement la brique sous d’autres cieux dans la construction des maisons.

Une touffe de bambou peut produire environ 15 km linéaires de chaume utilisable avec un diamètre allant jusqu’à 30 cm. La valeur de production d’une plantation de bambou peut atteindre environ 2 500 à 7 500 dollars par hectare. Pour les plantations gérées de manière intensive, la valeur peut atteindre 12 500 dollars par hectare annuellement, pendant plus de 60 ans.

Le gouvernement rwandais, a rappelé l’expert congolais, a vite compris l’importance que revêt cette culture. Au retour de ses deux experts d’une formation en Chine, en 2008, il a mis en place un projet d’exploitation du bambou avec le concours des experts chinois. Ce projet a été financé à hauteur de 200 000 dollars  pour une durée de deux ans. Commencé en 2008 avec 5 hectares, aujourd’hui en sa troisième phase, le projet exporte déjà les cure-dents et a réalisé plus de 600 hectares de plantation de bambou. L’Ouganda, de son côté, exporte les pousses vers le Japon et la Corée du Sud.

Il incombe donc aux responsables du ministère de l’Agriculture d’élaborer des projets structurés dans le cadre de la production, la transformation et la commercialisation du bambou, afin de tirer profit de toutes les opportunités qu’offre ce produit en matière de développement socio-économique et environnemental.