La RDC souffle le chaud et le froid sur l’exploitation du gaz

Marcel Collet, le directeur du parc marin des Mangroves, fait un plaidoyer auprès du gouvernement pour l’exploitation du gaz à Muanda. Mais la RDC est encore à l’étape de certification des réserves gazières et pétrolières. Pour ce faire, un budget de 55 966 400 000 Fc, soit un peu plus de 32 millions de dollars, est prévu pour 2019.

LE GROUPE pétrolier franco-britannique Perenco a fait part, voilà deux ans, de son intérêt à exploiter le gaz qui, depuis des lustres, a été brûlé par torchère lors des opérations d’extraction du brut. Perenco compte des réserves de 20 milliards de m3 en offshore et 10 milliards en on shore sur son champ pétrolier. À Muanda, Perenco utilise déjà le gaz pour alimenter les générateurs de la centrale de Kinkazi. Pour le grand bonheur des communautés locales. Quelques 70 villages se retrouvent ainsi électrifiés !

Terminal gazier

À Kinshasa, depuis début juillet dernier, l’entreprise Coete Gaz s’active dans la vulgarisation de l’utilisation du gaz de pétrole liquéfié ainsi que pour sa distribution dans des bonbonnes à des fins domestiques, comme substitut au bois de chauffe et au charbon de bois. Par ailleurs, Coete Gaz annonce l’implantation des terminaux gaziers dans la commune de Limete, au marché de la Liberté, au rond-point Ngaba, à Kintambo Magasin, à Bandalungwa Bakayau et au centre- ville dans la commune de la Gombe. Il y a 4 ans, le cabinet Ernst & Young avait estimé que « l’exploitation du gaz naturel représente une opportunité phénoménale pour l’Afrique. Elle peut devenir un moteur essentiel pour la croissance économique et, plus largement, pour le développement social, ainsi qu’un atout majeur pour la croissance de l’emploi local et le développement de l’infrastructure ». Invité à Kinshasa, en septembre 2014, dans le cadre du forum économique I-PAD, Miguel Azevedo, alors directeur général de la Citibank pour l’Afrique subsaharienne, avait également proposé aux autorités de la RDC de se pencher sur les grandes perspectives du développement de l’industrie du gaz et du pétrole plutôt que de considérer toujours l’industrie minière comme moteur du développement du pays. Curieusement, le gouvernement ne compte tirer aucun profit sur le gaz en 2019, du moins si l’on se réfère au budget du prochain exercice qui gèle tout acte générateur de recettes sur le gaz. À titre d’exemple, l’autorisation de stockage de carbure de calcium et gaz acétylène ne dispose d’aucune prévision des recettes en 2019, alors qu’en 2018, cette taxe a déjà rapporté 44 838 937 FC pour des prévisions semestrielles de 35 725 854 FC. 

Pas de prévisions des recettes non plus pour l’autorisation d’importation et de commercialisation de carbure de calcium et de gaz, quand bien même que le Trésor a déjà encaissé 16.7 millions de francs à fin juin 2018 et qu’à fin décembre, cet acte générateur rapporterait quelque 68.9 millions, selon les estimations de la Direction générale des recettes administratives, domaniales, judiciaires et de participations (DGRAD). 

Concernant l’exploitation du gaz méthane du lac Kivu, 65 milliards Nm3, Aimé Ngoie Mukena,  le ministre des Hydrocarbures, a fait comprendre à la commission Ecofin de l’Assemblée nationale qu’il a obtenu l’avis de non-objection de la Direction générale de contrôle des marchés publics (DGCMP) sur un projet de contrat d’exploitation. La signature de ce contrat peut intervenir incessamment. Ngoie Mukena était, en effet, invité par la commission de l’Assemblée nationale en charge du budget pour se justifier sur la non-exécution de nombreux projets d’exploitation du pétrole et du gaz, restés en veilleuse. 

Si du côté rwandais, l’exploitation du gaz a déjà commencé et produit du courant avec la firme rwando-étasunienne Kivu Watt, côté congolais, aucune visibilité sinon l’État et le ministère des Hydrocarbures ont été trainés en justice en 2016 par la firme Kivu Lake Energy Corporation (KLEC) qui s’est estimée flouée au profit des tunisiens Engineering Procurement & Project Management (EPPM) dans l’attribution provisoire du marché relatif au recrutement d’une société pour l’exploitation du gaz méthane du lac Kivu en vue de la production de l’électricité. En 2017, au lieu de l’exploitation, le gouvernement a opté plutôt pour le dégazage du golfe de Kabuno où le gaz méthane aurait menacé d’exploser depuis quelques mois. Mais début juin 2017, le ministre des Hydrocarbures par sa lettre-décision n°001/PPP/M.Gaz.Elec/CGMP/Min-Hydro/2017, a attribué le marché d’exploitation du gaz du lac Kivu au consortium EPPM et Swede Energy DRC Transcentury Limited. 

Se fondant sur l’ordonnance de la Cour suprême de justice n° RA 1553 du 15 mars 2017, qui rejette le recours de la société KLEC.