La SCTP se charge du balisage du fleuve pour la reprise du trafic

Pour sécuriser le trafic sur le fleuve à son armement ITB/Kokolo entre Kinshasa et Kisangani, l’ex-ONATRA a posé plus de 1 600 signaux sur les 1 700 km de la voie navigable. 

 

Parti de Kinshasa, le 5 décembre 2017, le baliseur Kauka a atteint le port public de Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo, le 9 mars 2018, selon le  commandant de ce baliseur, Emanuel Makwala. Sa mission consistait à poser des  signaux, tout le long de ce bief moyen du fleuve Congo, pour sécuriser  et faciliter la navigation sur le fleuve Congo où plusieurs accidents ont été enregistrés faute de ces instruments de navigation. Le balisage du fleuve annonce sans doute la reprise du trafic du MB/Kokolo, 25 m de longueur et 15 m de largeur avec une capacité de 1 200 passagers et 2 000 tonnes de marchandises, qui assure le trafic sur l’axe Kinshasa -Kisangani en passant par Mbandaka, Lisala, Bumba et Basoko.

Cinq barges étaient en construction pour accompagner le grand bateau de la Société des transports et des ports (SCTP SA). L’autre navire marchand de la société publique est le MB/Gungu réhabilité avec deux moteurs de 450 chevaux vapeur, deux groupes électrogènes de 170 KVA, deux chambres froides, tirant 4 barges, pour pouvoir naviguer et sur le fleuve Congo et sur ses affluents. Naturellement, les armateurs privés devraient aussi se réjouir du balisage réalisé par l’ex-ONATRA en ce temps d’absence de pluies qui fait le lit des bancs de sable.

Régie des voies fluviales

La mission de balisage du fleuve Congo, de ses affluents ainsi que des autres cours d’eau intérieurs navigables revient plutôt à la Régie des voies fluviales (RVF). Cet établissement public aurait dû bénéficier des engins de balisage et autres instruments de régulation du trafic fluvial et lacustre. Mais aux dernières nouvelles, il va falloir attendre jusqu’en mai 2018. Il est cependant acquis que ces engins sont de marque Johs, de fabrication danoise. Il s’agit, en effet, des deux  baliseurs de type affluent. Coût de l’opération : 4 962 500 dollars. D’après la direction technique de la RVF, ces baliseurs seront utilisés pour améliorer les passes ainsi que pour installer des balises et bouées de signalisation sur le fleuve Congo et la rivière Lualaba. Ce n’est pas tout, car ces engins auront aussi pour tâche de dégager les branches d’arbres et de papyrus, ou encore de renflouer les épaves de bateaux coulés.

En effet, les naufrages sont récurrents sur les cours d’eau de la République démocratique du Congo, particulièrement sur le fleuve Congo. Il y a deux ans, le 5 mars 2016, le naufrage d’un navire marchand, à quelques encablures de la ville de Kisangani, avait provoqué la mort de plusieurs personnes. En 2015, la collision des deux embarcations sur le fleuve, à hauteur de Kwamouth, à environ 200 km au nord-est de Kinshasa, a entraîné plus de 100 disparus. Curieusement, alors qu’elle a complètement démissionné de sa mission régalienne, la RVF, s’octroie tout de même le droit d’instaurer de nouvelles taxes de navigation. Le bureau syndical de la RVF, sollicite, en effet, du gouvernement l’instauration d’une taxe de navigation fluviale à l’image du péage sur les voies terrestres. Business et Finances en a fait écho dans ses précédentes livraisons.

Mais à ce jour, il est établi que, pour ne pas soulever un tollé chez les armateurs sur le fleuve et ses affluents, la RVF propose de percevoir un péage trimestriel qui sera calculé sur base de la capacité de l’embarcation ou de la puissance des chevaux moteur des navires, des barges et autres embarcations, selon le bureau syndical de la RVF. Qui souhaite une suite favorable à court terme de l’État actionnaire unique. Depuis le 6 septembre dernier, un mouvement de grogne paralyse la Régie des voies fluviales. Les travailleurs  de la RVF exigent, en effet, de la direction générale, le paiement des frais scolaires ainsi que la rétrocession de la quote-part de la RVF sur la taxe pétrolière. La dernière fois qu’elle a été versée remonte à il y a 20 ans. Début 2014, la RVF avait pris le pari de faire du fleuve Congo un boulevard national devant relier tout le pays à travers notamment les affluents Kasaï, Lukenie, Ubangi…

Actuellement, trois bateaux effectuent des travaux de balisage et des études de profondeur sur le fleuve, entre Kinshasa et Kisangani. La RVF vivote des droits et taxes dont la taxe sur le permis de sortie des bateaux et son renouvellement. La régie en aurait perçu 193 745 762 FC. La taxe sur le certificat de sécurité ou d’exemption de visite (navires et bateaux) aura rapporté plus de 17 millions de FC à fin décembre 2017 alors que les droits pour mise d’un navire, bateau ou embarcation à la chaîne dont les prévisions des recettes ont produit plus de 82 millions de FC. Il sied également de relever que la RVF bénéficie également des subventions de l’État. Elles s’élevaient 971 millions de FC en 2016 et près de 4 milliards de FC avaient été prévus pour l’exercice 2017.

Officiers baliseurs 

Selon le banc syndical de la RVF, l’entreprise est en pourparlers avec des partenaires pour l’acquisition des équipements modernes afin d’améliorer le trafic sur le fleuve et certains de ses affluents désignés comme des rivières alors qu’ils ont des dimensions plus larges que certains fleuves européens comme le Danube ou la Seine. Il y a peu, l’Union européenne (UE) a accordé à la RDC un montant de 60 millions d’euros destinés à la réhabilitation des voies fluviales et lacustres. Le financement de l’UE est motivé, selon le chef de mission et coordinateur du projet, par le souci de réduire le nombre d’accidents sur les différents biefs fluviaux et lacustres lesquels ont pour cause, l’absence du balisage de la part de la RVF.

Ainsi, a-t-il ajouté, pour que ce projet de l’UE soit complet, il est prévu la réfection et la remise en service des baliseurs longtemps tombés en panne et abandonnés, la formation des hydrologues, des hydrographes et des officiers baliseurs. À cela s’ajoute la mise à la disposition de la RVF des équipements modernes et appropriés pour assurer, selon les nouvelles technologies, le balisage afin de rendre les rivières et lacs navigables. L’objectif principal étant d’assurer en toute commodité le transport des biens et des personnes sur les autoroutes naturelles que sont le fleuve Congo, ses affluents et les lacs. Il y a près de 3 ans déjà, dans le cadre du projet de transport multimodal (PTM), la Banque mondiale avait déjà accordé à la RVF un financement de 2 500 millions de dollars pour le balisage des rivières Luvwa et Mongala à l’Équateur, du Lualaba sur le tronçon Bukama-Kongolo au Katanga et du tronçon de la Lualaba compris entre Kindu et Ubundu, dans la province du Maniema.