La société civile favorable à la création d’un fonds pour la prévention contre les grandes épidémies

Dans le cadre des dépenses triennales (2020-2022) de l’État, les organisations militantes proposent des coupes dans les comptes spéciaux et les services d’assiettes : 20 % de Go Pass et 25 % des recettes des industries extractives.

LA SOCIÉTÉ civile a transmis au gouvernement ses pistes des sources de financement. Il s’agit des coupes dans les comptes spéciaux et les services d’assiettes. Elle recommande au gouvernement de se doter d’un fonds pour se prémunir de grandes épidémies (Ebola, Chikungunya, rougeole) et de mettre à la disposition des pharmacies des hôpitaux et centres de santé d’État des médicaments de qualité.

Les experts de la société civile déplorent le silence du gouvernement sur la question de préférence aux pharmacies locales. L’arrestation d’un haut cadre de Zenufa suite à l’affaire des vraies fausses quinines de Pharmakina a jeté le discrédit sur la production locale des médicaments. 

Autant ils sont offusqués de la  dépendance aux partenaires extérieurs à plus de 67 % du budget 2018 de la santé publique. Pour l’exercice 2019, l’apport attendu  des partenaires extérieurs est davantage important : initialement chiffrée à 366 099 315 193 FC, soit environ 210 millions de dollars, l’aide extérieure dans la santé publique a exponentiellement augmenté du fait de l’épidémie d’Ebola qui sévit dans l’Est du pays, autour des villes de Goma et Beni. Toutefois, le gouvernement avait déjà prévu des moyens financiers plus considérables pour l’achat des médicaments en faveur des hôpitaux et centres de santé en 2019, soit  24 979 211 702 FC, environ 14,3  millions de dollars. Mais à fin juin 2019, l’on était en dessous des prévisions linéaires du premier semestre. 

Pour la société civile, le gouvernement a intérêt à exploiter de nouvelles pistes de mobilisation des financements de la santé publique. Les organisations de la société civile proposent notamment à l’État de prélever 20 % des recettes du Go Pass perçu et consommé à 100 % par la Régie de voies aériennes (RVA), ou encore 25 % des recettes des industries extractives, en raison de 10 % sur la redevance minière, 10 % des recettes des hydrocarbures et 5 % des revenus de l’État dans l’exploitation forestière. Autres pistes de captage des recettes : la société civile propose un prélèvement de 20 % sur des recettes inhérentes aux différentes taxes des sociétés brassicoles et de tabac et 10 % des recettes des sociétés des télécommunications (GSM), 10 % des recettes des services de la Quarantaine animalière et de l’hygiène aux frontières et 10 % des recettes d’exploitation des voies de communication marine, fluviale et lacustre. 

Cependant, des analystes font déjà comprendre que l’État aura du mal à rabioter dans les comptes des services concernés par les propositions de la société civile, (RVA, RVF, Fonds forestier national, secrétariats généraux des PT& NTIC, des Hydrocarbures, des mines, etc.) car, au terme de chaque exercice budgétaire, ces services font toujours figure de parent pauvre, de laissés-pour-compte. Toutefois, la RDC envisage d’accroître progressivement le budget de la santé : 11 % en 2019, 14 % en 2020 et 15 % en 2021, par rapport au budget global du pouvoir central. 

Absence de brevet

Et le ministère de la Santé publique compte financer seul non seulement la réhabilitation et l’équipement des infrastructures sanitaires dont l’hôpital militaire central Camp Kokolo, le forage des puits d’eau avec pompe électrique dans des hôpitaux généraux de référence et des centres de santé, la construction des incinérateurs pour 52 hôpitaux généraux de référence, mais surtout la promotion et l’approvisionnement en médicaments essentiels génériques (MEG) pour les zones de santé. Budget retenu : 62 731 484 936 FC, soit 35 891 683,8 dollars. Des experts attirent déjà l’attention du gouvernement sur le fait qu’un médicament générique ne doit pas être confondu avec un médicament bio-similaire. 

Un générique est un médicament identique ou équivalent à celui d’une marque (appelé médicament princeps), mais produit et vendu sous sa dénomination commune internationale (DCI, nom chimique de la substance) ou sous un nouveau nom de fantaisie (nom commercial). La substance active (ou principe actif du médicament) en est soit identique, soit équivalente1 à celle du produit de marque, les seules autres différences possibles étant la présentation, la forme d’administration (uniquement pour la voie orale) et les excipients avec une tolérance dans la concentration plasmatique maximale entre le médicament original et le générique. Ces médicaments génériques peuvent être produits après expiration du brevet, ou en l’absence de brevet. De nos jours, de très nombreux médicaments issus de la recherche ont vu, au cours des années, leur brevet tomber dans le domaine public, dans le patrimoine commun de l’humanité, et leurs gammes couvrent un très large éventail de maladies aiguës ou chroniques, graves ou bénignes. Par des choix politiques (politique de santé), une entorse peut être imposée sur des médicaments encore protégés, par exemple pour ce qui est des médicaments contre le sida, dans les pays en développement. La posologie, les indications et contre-indications, les effets secondaires et les garanties d’innocuité sont les mêmes. En revanche, un médicament générique est, par principe, à sa sortie, vendu à un prix moindre (ce n’est pas toujours le cas, certains laboratoires ayant décidé de baisser le prix de leurs médicaments princeps, dans un deuxième temps, pour encourager les médecins à continuer de les prescrire). Nombre de sociétés ont délocalisé la fabrication des médicaments génériques dans les pays émergents (Chine, Inde, pays de l’Est) et 80 % des principes actifs sont fabriqués en Chine et en Inde (contre 50 % pour les princeps). On distingue trois types de génériques : la copie-copie, les médicaments essentiellement similaires et les médicaments assimilables.